SAINT-DENIS, France - Les grands clubs sont éternels, et l'affiche Liverpool-Real Madrid offre une magnifique finale de Ligue des champions samedi au Stade de France, à Saint-Denis, sous la ferveur de supporters venus en masse soutenir leur équipe dans une ambiance festive.

Karim Benzema contre Sadio Mané, Carlo Ancelotti face à Jürgen Klopp, la revanche de Mohamed Salah, des dizaines de milliers de fans arrivés d'Angleterre et d'Espagne dans la capitale française: tout est prêt pour « le match le plus important du football mondial », comme le dit l'entraîneur italien.

La « Maison Blanche » peut allonger son incroyable record avec un 14e trophée, et les « Reds » en conquérir un septième et rejoindre l'AC Milan au deuxième rang des géants européens.

Liverpool-Real devient la première affiche jouée trois fois en finale de C1, mais ce classique est furieusement moderne: il devrait aussi éclaircir le duel pour le Ballon d'Or entre Karim Benzema et Sadio Mané.

Pour remporter ce prestigieux prix, qui sera décerné en octobre, Benzema fera figure d'immense favori en cas de sacre européen samedi. « S'il a ce titre-là en plus, cela ne peut qu'aller dans le bon sens » pour le Ballon d'Or, a résumé samedi le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps.

« Benz » a sublimé le Real cette saison en C1, avec 15 réalisations, décrochant aussi le 35e titre de champion d'Espagne des Madrilènes ainsi que la Supercoupe d'Espagne. C'est « le joueur le plus sous-estimé de l'histoire » pour le président de l'UEFA Aleksander Ceferin, interrogé par l'AFP.

Mané a manqué la Premier League d'un point, devancé par Manchester City, mais il a remporté les deux coupes nationales en Angleterre. 

L'attaquant a aussi guidé le Sénégal vers sa première Coupe d'Afrique des nations, en février, contre l'Égypte de son partenaire Mohamed Salah.

Ce dernier, autre candidat au Ballon d'Or, avait dû abandonner la précédente finale face au Real à Kiev en 2018, blessé après une intervention musclée de Sergio Ramos.

Une belle plus qu'une revanche

Alors, si Klopp « ne trouve pas que vouloir prendre sa revanche soit une idée terrible », son capitaine Jordan Henderson peut le comprendre, « du point de vue de "Mo" ».

« Je suis très motivé, motivé à bloc », prévient Salah, « après ce qui s'est passé avec Madrid la dernière fois. C'était le pire moment de ma carrière ».

Plutôt qu'une revanche, il s'agit d'une belle, puisque Liverpool avait gagné la première finale, en 1981 (1-0), au Parc des Princes, à une époque où le Stade de France, construit pour le Mondial 1998, n'existait pas.

Ce titre, grâce au but de l'inattendu Alan Kennedy, est resté dans les mémoires des fans de Liverpool, prêts à déferler sur Paris qui n'a pas vu tant de supporters de football depuis l'Euro 2016.

En tout, 6800 policiers, gendarmes et pompiers sont mobilisés par la Préfecture de police de Paris pour assurer la sécurité du match, avec un œil sur les 30 000 à 40 000 supporters des « Reds » qui pourraient débarquer à Paris sans billet.

Samedi, une vague rouge a déferlé sur la « fan zone » réservé aux supporters de Liverpool, du côté du cours de Vincennes, dans l'est de Paris, où sont prévus des concerts et des écrans géants pour suivre le match.

Le tout dans une ambiance pour l'instant bon enfant. Les forces de l'ordre ont procédé à une dizaine d'interpellations pour des délits mineurs comme la vente à la sauvette, a indiqué dans l'après-midi la Préfecture de police.

« Du soleil, des bières fraîches, tous nos amis autour, un grand écran sympa: qu'est-ce qu'on peut vouloir de plus? Merci Paris pour l’accueil chaleureux! », lâche dans un sourire Henry Coyle, 52 ans, venu de Belfast.

« Nous avons pris tout Paris! », renchérit Rohan Sood, 22 ans, arrivé jeudi de Londres avec un groupe d'amis et qui se dit transporté par « l’ambiance folle »: « Partout où on va, on voit des Reds (rouges), même sans billet, ça vaut tellement le coup ».

Les Madrilènes, eux, se sont massés dans une autre « fan zone » à Saint-Denis, où certains supporters vêtus de blanc dansaient au rythme de chansons pop Latino.

« Je suis très tranquille, je pense qu'on va gagner, le Real Madrid a beaucoup de chance », a expliqué, confiant, Mariano Brasal, 66 ans, boulanger retraité, venu assister au match avec son fils.

Duel Ancelotti-Klopp

La finale offre aussi un superbe duel d'entraîneurs.

Deux fois finalistes malheureux, avec Dortmund en 2013 et Liverpool en 2018, l'Allemand Jürgen Klopp a appris à gagner l'année suivante.

Sur l'autre banc, le « Mister » italien Carlo Ancelotti, qui dirige ses hommes d'un mouvement de sourcil, est un grand spécialiste de l'épreuve, qu'il a déjà remportée trois fois, avec l'AC Milan (2003, 2007) et lors d'un premier passage à Madrid (2014). Il l'a aussi gagnée deux fois comme joueur.

Pourtant, une finale contre Liverpool lui rappelle aussi le pire souvenir de sa carrière: en 2005, son Milan menait 3-0 à la pause avant d'être remonté en six minutes par les Reds et de s'incliner aux tirs au but (3-3 a.p., 3 t.a.b. à 2).

Mais cette saison, c'est bien le Real de « Carletto » qui s'est spécialisé dans les remontées fantastiques. Régulièrement dominés sur la pelouse à chaque tour, les Madrilènes sont passés à chaque fois à la « grinta ». Avalé le PSG (0-1, 3-1), bousculé Chelsea (3-1, 2-3 a.p.), renversé Manchester City (3-4, 3-1 a.p.)!

Avec un tel scénario échevelé, cette finale entrerait vraiment dans l'histoire.