MONTRÉAL – Après cinq ans en MLS, l’Impact de Montréal ne suscite pas le niveau d’intérêt dans sa communauté nécessaire à l’obtention de l’organisation d’un événement d’envergure comme le match des étoiles.

C’est le constat qu’a dressé le commissaire du circuit mardi lors de sa visite au complexe d’entraînement de la formation montréalaise. Don Garber a indiqué qu’il aimerait voir la ville de Montréal reconnaître davantage le potentiel de son club de soccer.

« Je crois que nous avons besoin d’une meilleure synergie entre le club et la communauté, a lancé M. Garber au début d’un point de presse d’une quarantaine de minutes. Nos franchises qui connaissent le plus de succès sont toutes connectées profondément à la diversité de leur ville. Présentement, nous comptons sur d’excellents partenaires et une bonne base de partisans, mais ce club doit jouir d’une plus grande pertinence. On veut que cette équipe soit aussi importante que n’importe quelle autre équipe professionnelle dans son marché. »

M. Garber a donné l’exemple de Chicago, où une foule d’initiatives et d’activités ont été mises en place en marge du match des étoiles de la MLS qui s’y déroulera en août. Avec des gants blancs, le commissaire a déploré ne pas sentir un réel intérêt du maire Denis Coderre, qu’il n’a jamais rencontré, d’appuyer un tel projet.

« Je sais qu’il adore sa ville et qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour se ranger derrière l’équipe. On parle peut-être du développement urbain autour du stade ou d’investissements à l’édifice lui-même, comme plusieurs municipalités l’ont fait à travers la MLS. Il y a une longue liste de choses qui pourraient permettre à cette équipe de devenir plus populaire et cette popularité accrue serait bonne pour la communauté. »

« S’il y a une grande célébration du 375e anniversaire de la ville, on veut que ce club en fasse partie, a poursuivi l’homme d’affaires new-yorkais. Et je sais que ses dirigeants et ses employés sont prêts à travailler plus intimement avec la communauté. »

M. Garber s’est dit au courant des pourparlers déjà entamés entre le président de l’Impact Joey Saputo, le vice-président exécutif Richard Legendre et le maire Coderre. Il s’est dit prêt à revenir au Québec à tout moment pour faire partie des discussions.

« Quand Montréal a fait son entrée dans la Ligue, on s’est engagé à y tenir le match des étoiles. La question n’est pas de savoir si ça arrivera, mais bien à quel moment. Mais pour cela, toutes les conditions doivent être réunies pour satisfaire la ville, le club et notre vision de la progression de notre sport. »

Reprenant un refrain longtemps entonné par Joey Saputo et ses alliés, M. Garber en a profité pour décrier les foules qu’il juge insuffisantes au Stade Saputo. En trois matchs à son domicile permanent cette saison, l’Impact n’a toujours pas joué devant des gradins remplis.

« Je crois que cette équipe devrait faire salle comble à chaque match et qu’il faut trouver les moyens à prendre pour y arriver. Plusieurs villes de taille similaire parviennent à le faire et ici, tous les éléments sont en place pour y parvenir. [...] Nous avons bâti une base de supporteurs significative qui répond présent pour les grands événements. J’aimerais maintenant voir ces partisans afficher leurs couleurs de façon plus constante. »

Et n’allez pas sortir à Don Garber l’excuse des mauvaises conditions météorologiques pour expliquer votre absence au stade. Lorsque questionné sur la possibilité de raccourcir la saison pour faciliter la vie des équipes qui, comme l’Impact, doivent débuter et compléter leur campagne dans un climat hostile, le commissaire a plutôt émis la possibilité d’étirer le calendrier de la ligue.

Citant en exemple le succès généré par le match d’ouverture du Minnesota United FC, un club d’expansion qui a ouvert son nouveau stade devant une foule de plus de 35 000 spectateurs malgré la neige et le froid, le 12 mars dernier, M. Garber affirme que l’ouverture d’esprit grandissante des amateurs de soccer nord-américains lui permet de croire en la viabilité de sa vision.

« C’est cette constance et cette profonde croyance en son club, celle qui pousse chaque des partisans de la NFL à assister à des matchs sous la neige ou à -10 degrés, que nous recherchons à Montréal et qui permettrait par exemple à l’Impact de ne pas disputer tant de matchs sur la route en début de saison », explique-t-il.

« On le voit déjà dans d’autres marchés. Vous savez, il pleut vraiment, vraiment beaucoup à Portland et Seattle, mais non seulement les partisans sont-ils au rendez-vous, ils y sont et ils adorent ça. Et puis il y a d’autres villes où la pluie influence les amateurs... »

Le grand patron de la MLS a également déclaré que l’arrivée d’une quatrième équipe canadienne par la voie de l’expansion n’était pas envisagée.

À la défense de l’arbitrage

Don Garber a aussi profité de son passage à Montréal pour confirmer qu’à partir de la semaine suivant la présentation du match des étoiles, tous les matchs du calendrier de la MLS seront disputés sous l’œil du VAR – ou Video Assistant Referee – un système de reprises vidéo visant à outiller les officiels dans certaines prises de décisions.

Le recours à la reprise sera possible en quatre circonstances, soit pour confirmer l’attribution d’un but, d’un penalty ou d’un carton rouge ou encore l’identité d’un joueur pénalisé.

« Ça sera un pas en avant, mais ça ne réglera pas tous les problèmes, a prévenu le commissaire, qui n’écarte pas la possibilité que le système soit en fonction lors de la visite du Real Madrid contre les étoiles de la MLS. Plutôt que de laisser certaines décisions entre les mains de l’arbitre sur le terrain, on lui offrira maintenant l’aide d’un officiel dans une cabine. Celui-ci aura le bénéfice de la reprise vidéo, mais on s’en remettra quand même à son jugement. »

Parce qu’il reçoit constamment des plaintes de propriétaires, directeurs techniques et entraîneurs du circuit, M. Garber s’est dit conscient des nombreuses critiques dont fait l’objet le travail des officiels en MLS, mais ne croit pas qu’un mécontentement de cette ampleur soit justifié.

« L’arbitrage est bien meilleur que ce qu’on veut laisser croire », estime-t-il.