Ce fut bref, mais c’est déjà reparti. L’Impact de Montréal vient tout juste d’entamer son camp d’entraînement en vue de la saison 2017. Depuis les ligne de côté - impeccablement tracées - on avait l’impression de reprendre exactement là où on les avait laissés. Justement, on était au Stade olympique et on pourrait aller jusqu’à dire que ça vibrait comme la dernière fois en-dessous de ce toit-là. Sauf que cette fois, ce n’était pas la foule en délire mais bien la tempête de verglas qui menaçait de faire trembler la toile. À tel point que la séance prévue pour se débarrasser d’une partie de la rouille accumulée durant la saison morte a dû être écourtée. Qu’à cela ne tienne, on met maintenant le cap sur la Floride pour ce qui sera la première portion de la préparation à la nouvelle saison.

Mouvements de personnel 

Avant de s’attarder aux luttes à surveiller au sein de la hiérarchie lors du camp, un mot sur le mouvement de personnel depuis la fin de saison 2016. On aura beau retourner l’abaque d’Adam Braz de tout bord tout côté, il reste qu’en cette fin janvier, l’Impact compte plus de départs (Shipp, Venegas, Toia, Bekker, Dia et Drogba) que d’arrivées (Duvall, Béland-Goyette, Ballou-Tabla).

La marge de manoeuvre n’est peut-être pas aussi grande qu’on pourrait le penser avec les choix au repêchage déjà sous contrat (De Puy et Shome) et l’arrivée éventuelle du milieu de terrain suisse Blerim Dzemaili. D’autre part, il ne faut pas non plus négliger l’effort financier consenti pour ramener un ailier courtisé comme Dominic Oduro. Soit, mais il doit bien rester quelques part des dollars GAM et TAM dans les tiroirs et il se trouve par ailleurs que le Bleu-blanc-noir ne s’est pas encore renforcé par rapport à 2015 2016 dans un secteur aussi névralgique que sa défense centrale.

« Ce sont surtout les équipes de bas de classement qui ont procédé à de gros changements », a dit Mauro Biello pour justifier la situation de l’Impact face au marché. De toute évidence, l’entraîneur montréalais affiche une belle confiance envers un groupe qu’il dit dorénavant « beaucoup mieux connaître. » Or, le mauvais souvenir de l’immobilisme de l’entre-saison 2013-14 a récemment été évoqué par des observateurs inquiets de voir se répéter le scénario catastrophique de la première saison sous la férule de Frank Klopas. Autrement dit, l’Impact est-il en train de se diriger vers un mur en 2017?

Même si l’est possible d’établir des parallèles entre les deux années, il faut toutefois se rappeler que la fin de saison 2013 sous Schällibaum avait été extrêmement pénible alors qu’on a pu constater un redressement encourageant en fin de campagne 2016. De plus, on retrouve plus de stabilité au sein de l’organisation qu’à l’époque de sa saison de malheur, l’identité de l’entraîneur du club n’ayant pas changé depuis bientôt 17 mois. Bref, ce n’est pas le moment de paniquer.

Mais il demeure un élément impondérable à considérer dans l’équivalence: IMFC2013 ≤ IMFC2016. À l’époque, même s’il y avait une multitude de facteurs en cause, la baisse de régime du joueur désigné Marco Di Vaio avait certainement précipité de la chute de l’Impact vers la cave du classement. L’âge était sans doute en cause, mais on se rappellera que le moral semblait bien bas chez l’artilleur italien après le départ de son ami Nesta. C’est comme s’il manquait un ami à Marco pour qu’il puisse s’amuser et que le club ait une occasion d’en profiter. Nettement plus amorphe par rapport à son année record (2013), Di Vaio avait d’ailleurs recommencé à montrer des signes de vie en fin de saison une fois arrivé Ignacio Piatti.

C’est justement le moral de ce Nacho qu’il faudra avoir à l’oeil en 2017. Malgré les retours d’Oduro et de Mancosu, nul doute que l’attaque montréalaise reposera en grande partie sur ses épaules. Le départ de Drogba, les rumeurs de transferts à Boca, le rêve avoué de faire partie de l’équipe nationale, qui sait ce qui passera dans la tête de Piatti alors qu’il entamera sa quatrième saison dans l’uniforme montréalais? De son côté, Biello mentionnait que Piatti était dans un bon état d’esprit à le veille de retrouver ses coéquipiers à Orlando. On se croise les doigts pour que l’entraîneur fasse une bonne lecture de la situation.

Autrement, après l’entraînement, il y a toujours Lolo Ciman pour ajouter un peu piquant à ce qui prenait des airs d’entretien de routine avec les médias. Faisant l’analyse de la situation, l’international belge s’est exprimé en y allant d’un pronostic: « il y a eu des départs et quelques arrivées, mais je ne pense pas que ce soit fini. » Sait-il des choses que le club n’est pas prêt à dévoiler? Ou bien Ciman philosophe à sa façon sur les aléas du mercato? Bref, libre à vous d’interpréter comme vous le voudrez. En terminant, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que l’état-major de l’Impact répète qu’il est toujours « en train de chercher des moyens d’améliorer son équipe. »

En vrac, éléments à surveiller lors du camp de l’Impact :

N’en déplaise à certains partisans, je n’anticipe pas de véritable lutte pour le poste de partant chez les gardiens. À ce poste, les rôles ont déjà été établis. Il faudra toutefois étudier de quelle manière Evan Bush et Maxime Crépeau poursuivent leur développement avec Jack Stern en tant qu’entraîneur des gardiens. On se souciera en particulier de la qualité des relances au pied et de l’attitude sur les centres aériens dans la surface.

Le retour au jeu d’Andrés Romero a été maintes fois évoquées comme l’équivalent d’une nouvelle signature pour l’organisation. Absent toute la saison 2016 en raison d’une blessure au genou, si Romero retrouve son niveau de 2014, il procurera une dimension additionnelle à l’attaque montréalaise grâce à sa capacité à s’infiltrer balle au pied. Sauf que rater une année complète en raison de la réhabilitation, c’est parfois un signe que tout ne s’est pas déroulé comme souhaité depuis la première intervention. « Après une telle récupération, tu peux avoir l’impression d’avoir vieilli de trois ou quatre années, » avait relativisé un des thérapeutes de l’équipe après que j’eusse moi-même traversé un épisode semblable. Et après quelques matchs plus laborieux, nul besoin d’une théorie compliquée sur l’espace-temps pour comprendre qu’il avait raison. Vivement le jour où Botox redonnera un peu d’élasticité aux ligaments du genou…

Les jeunes ont la porte ouverte pour s’imposer. Disons que sous ce grand titre, on aurait intérêt à ajouter que le temps de jeu sera probablement limité et que la bataille sera de tous les instants à l’entraînement pour se tailler une place au sein des 18 qui le jour d’un match seront habillés. En faisant signer un contrat à Choinière, Ballou-Tabla et Louis Béland-Goyette, le club a franchi un pas mais il rehausse du même coup ses propres attentes à leur endroit. L’Impact a toujours eu tendance à exiger de ses espoirs qu’ils gagnent la confiance de l’organisation. Et l’audition se poursuivra cette saison pour les talents locaux lorsqu’ils joueront. Ce n’est pas prêt de changer, mais ça risque de mieux se passer si Mauro Biello prend la peine de dire à ses recrues: « vas-y, je crois en toi. » Étrangement, en ce début de saison, c’est sans doute le même message que l’entraineur aimerait recevoir de la part du public montréalais.