MONTRÉAL – Combien de fois cette saison l’Impact est-il revenu à la maison gonflé d’optimisme, le torse bombé après un résultat positif vaillamment décroché sur la route, seulement pour retomber à plat devant ses partisans et ainsi gaspiller une belle occasion de générer un semblant d’erre d’aller?

Assez souvent pour altérer la saveur du match nul mérité à Philadelphie. Voilà un accomplissement dont on voudrait bien se réjouir, mais que ne sera validé que si l’équipe retrouve ses partisans avec une solide performance, complète et victorieuse, samedi prochain contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

Depuis le début de la saison, l’équipe de Mauro Biello montre une fiche de 2-3-3 au Stade Saputo au retour d’un déplacement fructueux. L’Impact, c’est cette flamme qui revient cogner à votre fenêtre avec un sourire irrésistible et un petit cadeau caché derrière son dos, qui promet qu’elle a changé, mais qui aura encore pris la fuite avant que le premier rayon de soleil ne pénètre à travers le rideau. Chaque fois, elle vous donne le goût d’y croire, mais continue de décevoir.

Quelques exemples.

30 avril : l’Impact revient de New York après avoir commis un véritable vol sur le terrain du NYC FC. Contre les Rapids du Colorado, il prend l’avance au tout début de chaque demie, mais doit se contenter d’un nul de 2-2.

14 mai : comment ne pas vouloir tout défoncer au retour d’une spectaculaire remontée de trois buts sur le terrain du Crew de Columbus? On croit bien que l’Union de Philadelphie va y goûter quand Didier Drogba marque dès la troisième minute, mais non. Ça se finit avec un nul de 1-1.

25 juin : un autre point ramené de l’Ohio. Et un autre fort début de match au retour! Mais encore une fois, l’Impact perd deux avances et laisse deux points lui filer bêtement entre les doigts contre Sporting Kansas City.

7 septembre : celle-là est encore trop fraîche pour avoir été oubliée. Une victoire inspirante à Toronto, puis un visiteur placé dans les câbles dès le départ. Comment a-t-on pu laisser Orlando marquer les quatre buts suivants?

Des six équipes présentement qualifiées pour les séries dans l’Association Est, aucune n’a perdu autant de matchs à domicile que l’Impact, qui montre une fiche de 6-4-4 - avec deux victoires acquises au Stade olympique - dans une forteresse qui ne semble plus intimider personne.

Avec six matchs à écouler au calendrier régulier, dont trois à domicile, on ne peut plus hausser les épaules et parler d’une simple erreur de parcours. La tendance est claire et mardi, les leaders du club en ont pris la responsabilité sans tomber dans le déni.

« Je crois que quand on arrive à domicile, on a ce côté... je ne dirais pas amorphe, mais relaxe, concède Patrice Bernier. On attend que quelque chose se produise pour réagir. Mais c’est nous qui devons agir, c’est nous qui devons être l’équipe entreprenante. »

« Je crois qu’on est parfois trop désinvolte, assume le gardien Evan Bush. On peine à identifier et à gérer les moments dangereux. On peut être en parfait contrôle, comme lorsqu’on a pris les devants contre Orlando, puis on baisse notre garde. Si on traverse les cinq ou dix minutes qui suivent sans rien donner, le match est probablement dans la poche, mais on continue à être victime de petits moments qui changent tout le match. Nos performances sont loin d’être terribles. Il faut seulement éviter de céder le momentum en reliant nos moments forts grâce à une meilleure concentration. »

Après l’avoir insinué à mots plus couverts la semaine dernière, Bernier a réitéré que le Bleu-blanc-noir est probablement tombé, par moments, dans la complaisance après avoir connu un début de campagne à la hauteur des attentes qu’il inspirait dans l’entre-saison.

« Avec notre bon début de saison, les équipes ont commencé à arriver chez nous en se disant ‘On va se planter devant la défense et vous devrez nous battre’ et on s’est peut-être mis confortable dans l’exécution. On a le ballon et on se dit ‘Ok, on va contrer la possession’, mais on doit quand même mettre de la pression sur l’adversaire, les mettre sur les talons », urge le capitaine.

L’Impact a de surcroît pris la mauvaise habitude de donner espoir à des équipes qui en arrachent sur la route. C’est à Montréal que le Fire de Chicago a célébré son premier gain à l’étranger en deux ans. Orlando City SC et D.C. United n’auraient pas dû aussi bien paraître sur la pelouse du Stade Saputo.

Les prochains visiteurs n’ont qu’une victoire en 14 matchs en territoire adverse cette saison. L’Impact leur laissera-t-il la chance d’y croire?

« On a tendance à vouloir emballer la galerie, estime Bernier. Tu veux plaire, tu veux marquer, tu veux répondre à l’enthousiasme des fans et des fois, quand on va à trois contre quatre et qu’on devrait peut-être reposer pour que la défense souffle, on a tendance à aller au but, redonner le ballon à l’équipe adverse et là elle repart. Il faut avoir un peu plus d’intelligence dans le jeu, comprendre que des fois il faut poser le jeu et ne pas s’emballer parce qu’il y a beaucoup d’espace. Parce que moi je suis d’avis qu’on n’est pas bons dans les matchs qui sont ultra ouverts, mais je pense qu’on est la meilleure équipe de la Ligue dans la transition, quand on fait croire qu’on est mort et qu’on contre-attaque à pleine vitesse. Donc si on peut améliorer ça, surtout à domicile... »

Un record d’équipe en vue

Cette ombre qui plane au-dessus des quartiers généraux de l’équipe ne devrait néanmoins pas obscurcir le progrès qu’elle a réalisé au cours de la dernière année sur les terrains adverses.

L’Impact, qui, en 2015, a finalement mis fin à une séquence de 25 matchs consécutifs sans victoire sur la route, joue presque pour ,500 (5-6-9) à l’étranger depuis que Mauro Biello s’est installé aux commandes du navire. L’Impact a déjà égalé un record d’équipe en récoltant 16 de ses 38 points loin de Montréal. Il lui reste des déplacements au New Jersey, à Orlando et à Foxboro pour améliorer cette marque.

« Il faut être bon dans les 5 phases »

« On a travaillé beaucoup là-dessus en présaison, se remémore Biello. On voulait améliorer cet aspect, se donner une chance d’aller chercher des résultats. Les joueurs ont pris ça au sérieux et pensent maintenant qu’ils peuvent aller gagner des matchs sur la route. Le crédit leur revient d’avoir cette mentalité d’aller pousser un match, d’aller avec deux attaquants quand on est en train de perdre, d’ouvrir un peu le jeu, de forcer l’autre équipe à faire des erreurs. Ce sont des choses qu’on travaille, des choses dont on a discuté et des choses dont on continue à discuter, mais jusqu’ici ça a porté fruit pour nous. »

« Je crois qu’on joue simplement avec plus de confiance, avance Bush. Et si vous regardez le profil de notre équipe, nos joueurs offensifs sont très dangereux lorsqu’ils ont de l’espace. Je crois que Nacho domine la ligue au chapitre des buts inscrits à l’étranger. Lorsqu’il prend ses jambes à son cou et qu’il commence à dribbler et à viser les espaces derrière la défense, il peut faire bien du dommage. »

« [Mauro et ses adjoints] font un gros travail dans l’approche, avec la vidéo, pour nous préparer à ce que font les autres équipes, louange Bernier. C’est une ligue offensive où tout le monde s’aventure vers l’avant et à l’étranger, on a été très adroit quand ça a été le temps de contre-attaquer. On semble créer beaucoup de chances et être plus efficace comparativement à avant. Ils nous ont insufflé ce sentiment d’urgence quand on est à l’extérieur. Maintenant, il faut trouver ce même sentiment d’urgence à domicile. »