MONTRÉAL - Mauro Biello a joué 389 matchs dans l’uniforme de l’Impact et en a observé plus de 200 autres à hauteur du terrain dans un rôle d’entraîneur.

Didier Drogba, lui, n’est même pas à Montréal depuis deux mois. Mais déjà, il en montre à son nouveau patron.

« Pour être honnête, ça fait 23 ans que je suis ici et je n’avais jamais vu un aussi beau coup franc exécuté par un joueur montréalais. Le rythme, la force, la précision… C’était exceptionnel », s’émerveillait Biello en repensant au premier des deux buts inscrits par son joueur étoile dans une victoire de 2-0 samedi soir au Stade Saputo.

Installé plein axe à une dizaine de mètres de la surface de réparation, Drogba a contourné un imposant mur défensif avec une frappe arquée qui est allée se loger à l’extrémité gauche du filet. Pour le pauvre gardien Bill Hamid, il s’agissait d’une injustice. Pour tous les autres témoins de la scène, un chef-d’œuvre.

« Je pense que j’avais la meilleure place dans le stade, se réjouissait le défenseur Wandrille Lefèvre, resté en retrait derrière la scène. Dès qu’elle est partie, j’ai compris que ça rentrait. Wow… »

À l’autre bout du vestiaire, le capitaine Patrice Bernier était à court de mots. « Des fois, tu le regardes et tu te dis "Quand est-ce qu’il va arrêter de marquer!?"… mais tu ne veux pas qu’il arrête. »

Et Drogba n’a pas arrêté. Son deuxième but du match, marqué avant la fin du premier quart d’heure, a été son favori.

Drogba enflamme encore Montréal

« Il y avait presque tout. D’abord la transition, ensuite un peu de créativité pour gagner la bataille à un contre un et finalement, la finale avec le pied gauche », a humblement décrit Drogba, peut-être avec une petite pensée pour le défenseur Steve Birnbaum, à qui il a volé une petite partie de sa dignité.

« C’était chirurgical, admirait Biello. Parfois, il donne l’impression que c’est facile, mais je peux vous dire que ça ne l’est pas! »

« Quand tu as un gars comme ça qui, au bout de deux minutes, peut faire pencher le match d’un côté, pour un défenseur, ça enlève une dose de pression, appréciait Lefèvre. Ensuite, tu n’as pas à te prendre la tête. Tu te concentres et tu fais ton travail défensif. »

« Il faut l’apprécier présentement, mais il faut éviter de le regarder et de s’asseoir sur notre sofa. Il faut continuer à travailler », prévenait de son côté Bernier, réaliste.

Avec sept buts, Drogba pointe déjà au deuxième rang du classement des marqueurs de l’Impact. Il ne lui en manque qu’un seul pour égaler le rendement d’Ignacio Piatti, qui a disputé 17 matchs de plus. Ce dont on se doutait est déjà confirmé : Didier Drogba est trop fort pour la ligue.

« Les fins de matchs sont un peu difficiles, mais on essaie de se sacrifier pour l’équipe, a confié Drogba, qui ne se dit toujours pas au sommet de sa forme. Je suis content de mes performances, mais je suis surtout content de mon choix de ville, de mon choix de club. »

Octobre loin de la maison

Gâté avec la présentation de trois matchs consécutifs sur sa pelouse au cours de la dernière semaine, l’Impact se lance maintenant dans une dernière étape périlleuse. Des cinq matchs qu’il disputera en octobre pour terminer son calendrier régulier, quatre - les quatre prochains en fait - auront lieu à l’étranger.

Quatre des cinq derniers adversaires du onze montréalais seront des adversaires directs impliqués dans une lutte pour les six places disponibles pour les séries éliminatoires dans l’Association Est. L’Impact aura la chance de gagner du terrain avec des matchs de six points contre les Red Bulls de New York, le Revolution de la Nouvelle-Angleterre et le Toronto FC. Mais d’abord, il tentera de distancer l’Orlando City SC, qui le suit avec acharnement à la frontière de la deuxième saison.

« On va prendre les matchs dans l’ordre, établit Lefèvre, cartésien. Le plus important de cette séquence, c’est le premier qui vient, celui à Orlando. Si on va là-bas et qu’on est capable de ne pas perdre, c’est comme une victoire. On a une semaine pour s’y préparer. On va reposer l’esprit et le corps et aborder ça tranquillement. »

« Si on va là et qu’on s’occupe de ce qu’il y a à faire, on peut tout de suite les distancer et solidifier la sixième place dans les séries, calculait Bernier, un brin plus ambitieux. Ça va être l’état d’esprit de notre fin de saison. »

« Il faut toujours regarder devant et c’est ce qu’on est en train de faire, confirmait Biello, faisant écho à son capitaine. On regarde les équipes qui sont devant nous. Si on est capable de continuer à aligner les bonnes performances, le classement va s’ajuster. J’aime la confiance du groupe en ce moment, j’aime l’énergie. Il faut continuer. »