De passage dans la métropole mardi matin, Don Garber s’est adressé aux médias au Centre d’entraînement Nutrilait. Mis à part un petit faux pas d’entrée de jeu où il a fait mention du 375e du Québec, le commissaire de la MLS a offert des points de vue intéressants sur l’Impact et son second plan quinquennal en première division.

Homme d’affaires avant tout, les recettes au guichet étaient au centre des préoccupations de Garber. Lors de son bilan de saison au mois de décembre, Joey Saputo disait espérer 17 salles combles en 2017. Avec cinq mois de recul et des foules décevantes, force est d’admettre que ces attentes étaient biaisées par des ventes qui surfaient encore sur l’effet Didier Drogba.

Beau temps pour étendre

Je suis tout à fait d’accord avec le commissaire lorsqu’il affirme que la météo ne doit pas servir d’excuse. Soit on l’écarte de l’équation, soit on la tourne à son avantage. Tout est question d’éducation de sa clientèle.

Les supporters des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, des Bills de Buffalo et des Packers de Green Bay se font une fierté d’accueillir leurs adversaires dans des conditions climatiques difficiles. Ça fait partie de leur identité de club. À Montréal, on conditionne plutôt les supporters à regarder MétéoMédia avant de décider si on sort ou non la carte de crédit. 

L’expérience au Stade Saputo est exceptionnelle depuis deux ans. Drogba a rassemblé les gens au stade. On doit maintenant le remplacer par un message qui fait de même. De toute évidence, l’angle de la continuité sur la saison dernière n’a pas excité les masses. Quelle histoire saurait y arriver, la dernière saison de Bernier, la première de Ballou, l’arrivée de Dzemaili?

Vous me direz que les victoires sont la réponse, mais l’équipe ne gagnait pas en milieu de saison l’an passé et on faisait pourtant salle comble.

Malaise municipal?

Interrogé sur le principal défi auquel fait face le Bleu-blanc-noir en 2017, Garber a parlé d’une synergie à améliorer entre le club et sa communauté. Des propos qui visaient le monde corporatif et la base de supporters, mais qui ciblaient aussi le maire Coderre qui présente un engagement insuffisant au goût de l’Impact et la MLS.

Après un rendez-vous apparemment raté entre l’Impact et les célébrations du 375e, il sera fort intéressant de voir l’évolution des relations entre le club et l’hôtel de ville au cours des prochains mois. La tenue d’un match des étoiles dans le 514 dans un futur rapproché semble en dépendre. Chose certaine, Garber a envoyé un message clair en se disant prêt à aller vendre sa salade auprès du maire.

Je ne m’attends pas à voir Denis devenir un ardent défenseur de la cause du onze montréalais, mais il sentira peut-être la nécessité de s’y intéresser un peu entre deux Tweets sur le baseball majeur. À défaut de diminuer davantage le compte de taxes de Joey Saputo, ce serait toujours ça de gagné.

Mission canadienne

Bien que plusieurs y aient vu un Américain qui venait nous faire la morale, j’ai plutôt vu un commissaire venu donner un coup d’accélérateur à son produit en sol canadien. En annonçant l’établissement d’un bureau de la ligue au Canada, la MLS prend conscience que la réalité au nord de la frontière est différente que celle chez l’Oncle Sam.

Avec sa volonté d’aider Vancouver, Toronto et Montréal à offrir un contrat de joueur désigné canadien qui rendrait l’équipe plus pertinente dans son marché, une réflexion s’impose. Existe-t-il un tel joueur pour le Bleu-blanc-noir à l’étranger?

Atiba Hutchinson est le meilleur joueur expatrié, mais l’Impact serait-il plus pertinent (un concept récurrent dans le discours du commissaire) en rapatriant le milieu de Besiktas? J’en doute. Olivier Occéan l’aurait été il y quelques saisons par contre.

Pour le moment, Ballou Tabla est ce qu’il y a de plus pertinent dans le marché montréalais pour les années à venir. Est-il trop tôt pour en faire un joueur désigné? Il n’est certainement pas trop tôt pour se poser la question.

Joey Saputo s’est donné un horizon de cinq ans pour gagner la Coupe MLS. Ballou doit à mon sens être une pièce maîtresse de cette mission. En faire un joueur désigné lui donnerait un statut que peu de clubs européens lui donneraient immédiatement et ferait monter sa valeur si une équipe du Vieux Continent voulait l’acheter.

Si l’offre de Don permet de mettre en place ce genre de plan à moindre coût, c’est un pensez-y-bien.