MONTRÉAL – À 30 ans, Dominic Oduro commence à connaître la chanson. Le camp d’entraînement de l’Impact, qui entrera dans sa phase finale après la présentation d’une dernière rencontre préparatoire samedi à Tampa Bay, est son onzième depuis son entrée dans la MLS.

« À la longue, ça devient... comment dirais-je? Répétitif! », s’exclame Oduro, rieur, à l’autre bout du fil.

« Parfois, je m’arrête à l’écoute d’une consigne et je me dis : ‘Oh, j’ai fait ça si souvent!’ Mais l’expérience me donne un avantage. Je regarde les plus jeunes arriver et ils veulent tout faire à 100 miles à l’heure. Pour moi, c’est du déjà-vu et j’ai l’impression de mieux savoir gérer tout ça. »

Oduro a peut-être appris à mieux canaliser ses énergies, mais les dernières semaines ont permis de constater que sur le terrain, il ne connaît encore qu’une seule vitesse : la plus élevée. L’excentrique Ghanéen connaît un camp du tonnerre. Il a marqué deux buts, dont un généré par un spectaculaire effort individuel, et ajouté une passe décisive dans une victoire de 4-1 contre D.C. United. Trois jours plus tard, il a inscrit le seul filet des siens dans un match nul contre Toronto.

Sa rapidité exceptionnelle n’était un secret pour personne, mais Oduro la complémente jusqu’ici d’une grande assurance en possession du ballon et d’un opportunisme sans merci devant le filet adverse.

« Jusqu’à maintenant, j’ai été capable de créer des chances de marquer. Même quand on n’a été incapables de capitaliser, on est quand même parvenus à causer des problèmes dans le dernier tiers, ce qui me place dans un bon état d’esprit présentement. Tout le monde met l’épaule à la roue, mais personnellement, je suis bien concentré et les choses se déroulent rondement. »

L’hybride offensif de l’Impact a toujours dégagé une grande confiance en lui, mais cette attitude positive semble décuplée à l’aube d’une nouvelle saison.

« C’est vrai, elle ne pourrait être plus haute, approuve-t-il. Maintenant, la question est de savoir si je peux la maintenir à ce niveau. C’est souvent l’un des grands défis d’un athlète professionnel. C’est difficile de garder sa confiance sur le plateau supérieur en tout temps. Alors ma priorité, présentement, c’est de demeurer en bonne forme mentale pour m’assurer de rester constant. »

« Les attaquants, quand ils commencent à avoir du succès, ça se reflète dans leur confiance, a appris depuis longtemps l’entraîneur-chef Mauro Biello. Dominic nous a retrouvés dans une très bonne forme et il est à l’aise avec le groupe derrière lui. Il est en train de mesurer comment il peut utiliser sa vitesse et être efficace dans le système. C’est ce qu’on voit présentement. Le synchronisme de ses déplacements est excellent. »

Oduro faisait son boulot dans un anonymat relatif avant d’exploser offensivement en matchs hors-concours. Depuis le début du camp d’entraînement, les questions fusaient quant aux attentes réalistes à entretenir envers Didier Drogba, à l’apport attendu du nouveau venu Lucas Ontivero, la renaissance espérée de Johan Venegas ou encore la compétition impliquant un trio de jeunes loups à la position d’attaquant.

Pendant ce temps, le grand numéro 7 s’occupait de ses petites affaires sans faire trop de bruit.

« Je n’ai jamais senti que j’étais laissé de côté, rassure-t-il. Les entraîneurs savent ce que je peux apporter, ils avaient plusieurs choses à observer et évaluer. Je ne l’ai pas vu comme un point négatif. Je veux que tout le monde ait sa place au soleil au sein de cette équipe. Et en plus, c’est toujours bon d’être un peu négligé. Comme ça, quand on arrive au sommet, les gens reconnaissent le travail qui a été accompli. »

Chimie instantanée avec Shipp

Les succès d’Oduro au cours des dernières semaines sont en partie attribuables à la belle complémentarité qui a pris forme avec le jeu du milieu de terrain Harry Shipp. Acquis dans une transaction avec le Fire de Chicago le 13 février, le fabricant de jeu de 24 ans a mis la table pour deux des trois buts du vétéran en plus d’être à l’origine de celui de Michael Salazar contre D.C. United.

Oduro raconte que la première chose qu’il a faite en apprenant l’arrivée imminente de Shipp à Montréal a été de passer un coup de fil à son compatriote Patrick Nyarko, qui a côtoyé le jeune Américain pendant deux saisons à Chicago.

« On savait tous que Harry était un jeune joueur très talentueux, mais je voulais avoir une idée générale de son jeu de la bouche de quelqu’un qui le connaissait bien, dit Oduro, qui a lui-même joué à Chicago avant que Shipp ne fasse ses débuts avec la première équipe du Fire. La première chose qu’il m’a dite, c’est : ‘Cours ton tracé et il va te trouver avec le ballon’. La saison n’est pas encore commencée, mais je le crois déjà sur parole! »

« On se parle beaucoup durant les entraînements. J’aime beaucoup ce qu’il apporte à notre équipe. Il est jeune, très dynamique et confère un bel équilibre à notre groupe », vante Oduro.

Shipp ne se fait pas prier pour rendre la politesse à son partenaire quand on lui fait remarquer qu’Oduro prétend fièrement être le joueur le plus rapide de la MLS. « Ça, je ne peux pas en douter! », rigole-t-il.

« Chaque fois qu’un milieu de terrain – que ce soit moi, Eric Alexander ou Marco - se retrouve face au jeu avec un gars qui s’apprête à se faufiler aussi rapidement derrière la défense, je crois qu’on peut faire mal à bien des équipes, ajoute Shipp sur un ton plus sérieux. Jusqu’à maintenant, on a beaucoup de succès avec ces combinaisons dans le tiers offensif. »

À Tampa, où l’Impact s’apprête à conclure la deuxième phase de son camp, Oduro a surtout été utilisé comme attaquant. Mais Biello, qui a souvent vanté la polyvalence de son coloré compétiteur, soutient qu’il n’est pas dans ses intentions d’attribuer une position fixe à celui qui peut aussi évoluer avec aisance sur l’aile droite.

« Cette vitesse, c’est quelque chose que l’autre équipe doit respecter. Si tu lui donnes trop d’espace, il peut te faire mal. C’est bien pour nous qu’il soit aussi à l’aise sur le côté qu’en attaque. »