C’en est assez des congés. Samedi, on recommence à travailler. Pour l’Impact de Montréal, le temps est maintenant venu de cesser de se mirer dans la glace et de monter sur scène. Et tout indique que le onze montréalais va reprendre là où il nous a laissés. En déplacement à San Jose pour entamer sa saison 2017, on peut même vous gager un plateau de cannolis de salle de presse que Mauro Biello va y aller d’un copier-coller de la formation partante employée lors des séries en novembre dernier.

Comme l’expliquait hier mon collègue Olivier Brett, l’édition 2017 du Bleu-blanc-noir est probablement plus équilibrée que l’équipe ayant entamé la saison à pareille date l’an dernier. Or, cette analyse ne suffit pas à calmer l’angoisse s’étant développée chez certains. Un sentiment d’inquiétude amplifié par le mauvais souvenir de l’entre-saison 2013-2014, une crainte que le peu de mouvement de personnel durant l’hiver a certainement exacerbée. Autrement dit, on peut parler d’une peur que la direction montréalaise trouve son équipe un peu trop belle et ne prenne pas assez au sérieux les faiblesses pourtant bien apparentes lors de la saison 2016.

Alors, plus équilibrée, l’équipe de cette année, Olivier? Tu as sans doute raison, mais même tes sages paroles ne m’ont pas permis de dormir sur mes deux oreilles la nuit dernière - ta remise en question du Barça lors du dernier épisode de #LDSF n’a pas aidé non plus. Il faut donc croire que je suis de ceux qui ont encore besoin d’être convaincus que l’Impact sera cette saison plus résistant sur jeux arrêtés et trouvera l’inspiration pour faire plus que se contenter de contre-attaquer. Qu’on ne me parle même pas de séries, il faut commencer par bien commencer, engranger des points avant même le début de l’été.

Pessimiste? Non, à mon humble avis, c’est du scepticisme. On sait bien qu’il faut balancer les résultats de pré-saison à la corbeille, mais je peux te dire que je vais surveiller les premiers matchs de la saison comme certains étudient les systèmes météo en évolution. Et on verra si le baromètre bouge vers un anticyclone de confiance, ou vers une dépression pouvant mener à la panique.

Fausse impression

Reprenons notre respiration. Pourquoi diantre parle-t-on d’inaction de la part de la direction? Est-ce parce que Joey Saputo n’a pas cassé la baraque en allant chercher immédiatement un remplaçant de l’envergure de Didier Drogba? Ou bien le fait que l’Impact ait été bien calme en comparaison d’un club de hockey qui fait des pieds et des mains pour gonfler son « bottom six »? Est-ce possible que la barre soit si haute après deux saisons très fortes en émotions, qu’on soit condamné à un état d’insatisfaction?

L’état-major a pourtant des arguments prouvant qu’il n’a pas chômé durant l’hiver: les mises sous contrat d’Oduro et Bernier, la protection de Nacho Piatti face aux avances de Boca Juniors, l’arrivée de Chris Duvall et, depuis hier, la confirmation que Matteo Mancosu est ici pour rester (au moins deux ans). D’un point de vue conservateur, Adam Braz pourrait presque se donner un A pour le travail accompli, mais un C quant à sa façon de nous le présenter. Tout ça, c’est du bon stock, mais ça risque d’être insuffisant pour combler les #fidèles les plus en manque.

Chose certaine, on ne nous dit pas tout de ce qui se trame dans les couloirs du Centre Nutrilait. À quelque part, si la direction montréalaise a fait l’effort de mettre la main sur Adrian Arregui, un milieu de terrain argentin de 24 ans évoluant à une position où les candidats sont déjà nombreux, c’est un signal qu’on n’est pas entièrement satisfait des éléments qui sont actuellement à la disposition de Mauro Biello. Sans désavouer les trois partants: Bernier, Bernardello et Donadel, il est assez clair qu’on n’est pas encore convaincu que leurs remplaçants sont en mesure de soulever l’équipe. Aux séances d’entraînement du Bleu-blanc-noir, il y a trois catégories de milieux: les partants, ceux qui simulent l’adversaire et ceux qui tirent sur le troisième gardien. Vous comprendrez qu’on cherche à améliorer les premiers groupes, le « top six », si vous voulez.

Justement, pour ce qui est d’une dose pouvant procurer un effet plus puissant, on compte énormément sur le fait que Blérim Dzemaili sera un catalyseur fondamental pour l’Impact en deuxième moitié de saison. Sans crainte d’exagération, on peut affirmer que Dzemaili a montré cette saison qu’il rivalisait avec les meilleurs milieux de terrain de Serie A. Son style de jeu composé de montées balle au pied, d’une bonne distribution vers les avants et de tirs précis et puissants devrait être un atout pour s’adapter facilement à la MLS. Reste à voir si la stratégie de faire venir un joueur désigné à la mi-saison fonctionnera encore pour l’Impact. On se souviendra que Di Vaio avait eu un rythme de production bien moins soutenu à son arrivée d’Italie à l’été 2012 que ce ne fut le cas tout au long de la saison 2013.

Afin de confondre les sceptiques, l’objectif de l’Impact sera donc « de faire partie de la conversation », comme nous l’expliquait Patrice Bernier à son passage à #LDSF. On souhaite évidemment entamer la saison du bon pied, à commencer par le match inaugural à San Jose. Or, Bernier n’avait pas tort de rappeler que les champions de l’an dernier, les Sounders de Seattle, sont un bon exemple de formation ayant atteint son pic de forme au bon moment, alors qu’on les croyait pratiquement écartés au 2/3 de la saison.

Prédictions MLS

Bref, comme le disait Bernier, ce n’est un sprint, mais un marathon. Difficile de se projeter sur l’état des concurrents alors qu’on sait très bien que leur visage est appelé à changer durant la saison. Voici néanmoins quelques observations.

Pour une équipe d’expansion, Atlanta semble avoir assemblé une équipe très douée. Tata Martino n’est pas un connaisseur du circuit Garber, mais il est bien entouré, notamment par Carlos Bocanegra, directeur technique du club et ex-international américain. On pourrait bien flirter avec la sixième position.

Le NYCFC s’est débarrassé de l’idée de construire un CHSLD en remplaçant Lampard par le dynamique Maxi Moralez. Le duo que le nouveau joueur désigné formera avec David Villa sera à surveiller.

Le Toronto FC s’est renforcé avec quelques joueurs désavoués outre-mer. Avec un arrière gauche ayant déjà été promis à l’équipe de France (Mavinga) et un milieu offensif qu’on comparaît à Messi à la Masia (Victor Vazquez), on dira tout le mal qu’on voudra, reste qu’on imagine mal les Reds moins compétitifs que l’an dernier.

Les Red Bulls ont été éliminés par Vancouver en Ligue des Champions de la Concacaf. Les partisans des Taureaux vont s’ennuyer de Dax McCarty. Beaucoup de pression sur les épaules de Felipe pour faire tourner le milieu de terrain.

Chicago, justement, bénéficie de l’arrivée de McCarty et du retour en MLS de Juninho. Avec Nikolic en avant, le Fire pourrait renaître de ses cendres en 2017.

D.C. United, même entraîneur, même équipe, même résultat? Sauf qu’ils auront bientôt un nouveau stade

Enfin, j’aime bien le jeu déployé par le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, une équipe aux résultats toutefois décevants l’an dernier. Apparemment, la requête formulée par leur attaquant Kei Kamara de pouvoir affronter l’Impact 34 matchs durant l’année n’aurait pas fait l’unanimité.

Philadelphie, Orlando, Columbus, on reparlera d’eux en cours d’année. L’heure du coup d’envoi est sonnée.