MONTRÉAL – Les joueurs de l’Impact flottaient dans un étrange entre-deux mercredi soir, quelques minutes après la fin amère de leur parcours en Ligue des champions.

Derrière eux jaillissait la source d’une énorme déception encore trop fraîche pour être pleinement résumée dans une perspective positive alors que droit devant se dressait déjà une nouvelle mission à laquelle il faudrait bien trouver la force de s’attaquer éventuellement.

« On a presque l’impression que tout est fini, mais ça ne l’est pas. Ce n’est que le début, en fait », a bien résumé l’entraîneur Frank Klopas après la défaite de son équipe aux mains de Club América.

Maintenant qu’a été écrit le dernier chapitre du conte de fée qui a fait briller ses couleurs à travers la planète, le Bleu-blanc-noir devra revenir sur terre. L’engouement entourant ses succès internationaux a été d’une telle envergure qu’il a presque fait oublier que le club est inscrit dans un championnat régulier et que là-bas, les choses sont beaucoup moins roses.

Pire équipe de la première division nord-américaine la saison dernière, l’Impact a mis tous ses œufs dans le même panier cet hiver et a été incapable de dupliquer les bons résultats obtenus en Ligue des champions dans son agenda régulier. Il est toujours sans victoire après quatre matchs en MLS et les dispositions prises en vue de faciliter sa préparation pour son tournoi panaméricain – lire une modification sévère de son calendrier – le placent aujourd’hui à la base d’une pente qui s’annonce abrupte.

« Il faut avancer, commande le capitaine Patrice Bernier. C’est difficile à prendre présentement, mais il faut avancer. Des matchs de football, il nous en reste encore beaucoup. »

Le dur retour à la réalité s’amorcera mercredi prochain avec le premier d’une séquence de quatre matchs en onze jours. L’Impact accueillera alors le Toronto FC pour lancer le début d’un autre championnat canadien. Les Timbers de Portland, le Real Salt Lake et le FC Dallas viendront aussi tour à tour faire leur tour au Stade Saputo en mai, tranche du calendrier au cours de laquelle Montréal disputera un total de six rencontres.

« On a fait des bonnes choses pour se rendre ici. Il y a aussi des facettes à améliorer, mais il faut prendre tout ça et transférer ça en MLS, entrevoyait déjà Bernier. Il faudra être constants parce qu’il reste encore une trentaine de matchs à jouer et ce n’est plus une coupe, il n’y aura plus autant d’émotions fortes. Maintenant, il s’agit d’aller chercher les points nécessaires pour atteindre les séries à la fin de l’année. »

« Les partisans sont là et je crois qu’ils suivront, mais les résultats seront importants, comprend Klopas. Il nous faudra continuer sur notre lancée. Autant la défaite fait mal en ce moment, il faut tout laisser ça derrière et se concentrer sur notre saison, parce qu’on a beaucoup de matchs à rattraper. »

Jack McInerney ne s’en fait pas trop. Il croit qu’une fois la poussière retombée, l’Impact sera en mesure de rattraper le retard qu’il accuse déjà au classement de l’Association Est.

« En Ligue des champions, le style de jeu contre ces équipes d’Amérique central était plus propice à la contre-attaque. En MLS, ce sera différent, prévoit l’attaquant de 22 ans. Nous formons une équipe très talentueuse et je crois qu’on sera en mesure d’améliorer considérablement notre temps de possession. Il faudra s’adapter et je crois que ça prendra quelques matchs pour le faire, mais il y a assez de qualité au sein de cette équipe pour faire les séries. »

« Nous avons cinq matchs en mains sur la plupart des autres clubs, alors on est dans une bonne position », calcule McInerney.

Si près du but...

Pour Evan Bush, l’expérience mise en banque par l’Impact ne pourra que rapporter des dividendes à moyen et long terme.

« Ça nous apporte beaucoup de confiance, d’une certaine façon. Le match de la semaine dernière, par exemple, nous permet de croire qu’on peut maintenant se présenter dans n’importe quelle situation et obtenir un résultat », estime le gardien de but numéro un du club.

« Cette équipe est tissée plus serrée que jamais. Toutes ces journées passées au Mexique et au Costa Rica nous ont unis d’une façon qu’aucune autre équipe de la MLS ne peut l’être. Je crois qu’on peut utiliser ça à notre avantage pour le reste de la saison », envisage avec confiance McInerney.

« Ce n’est que le début pour nous. Nos attentes sont élevées et nos objectifs sont ambitieux par rapport à ce qui s’en vient. Ces nombreux matchs à haute pression que nous avons traversés ont fait de nous une meilleure équipe. Je crois que cette expérience va nous aider à atteindre nos buts en MLS », confirme le patron Klopas.

La profondeur mise à l’épreuve

L’Impact a exploré des contrées pour lesquelles il n’était pas destiné, mais il a perdu quelques soldats en cours de route.

Justin Mapp et Cameron Porter n’ont pas survécu au premier mois de la saison. Victime d’une dislocation du coude gauche, le vétéran milieu de terrain n’est pas attendu sur le terrain avant le milieu de l’été, selon les diagnostics initiaux, tandis que la saison recrue de Porter est définitivement terminée.

Donny Toia est sorti amoché du dernier match contre Club América. Son nom s’ajoute à ceux de Victor Cabrera et Hassoun Camara sur la liste des défenseurs au ralenti chez l’Impact. Le milieu de terrain Marco Donadel se remet quant à lui tout juste d’une blessure.

« Les blessures, c’est parfois le prix à payer pour se battre et se donner à fond, pour avoir cette mentalité de guerriers, constate Bernier, qui risque fort bien d’obtenir son deuxième départ de la saison au cours des prochains jours. On va leur souhaiter un prompt rétablissement, mais il va falloir compter sur les autres. Le club est allé chercher des joueurs justement pour avoir une belle profondeur et nous permettre de rester stable dans des moments comme ceux-là. »

Les prochains matchs devraient notamment fournir l’occasion d’assister aux débuts de Kenny Cooper dans son nouvel uniforme. L’Impact a fait l’acquisition de l’expérimenté attaquant juste avant d’entreprendre la finale de la Ligue des champions, au cours de laquelle il n’a pas été utilisé.