Le circuit de Joe Carter, le but de Sidney Crosby à Vancouver, le clin d’œil de Patrick Roy ; tous des moments gravés dans un imaginaire collectif dont font maintenant partie l’Impact de Montréal et... Cameron Porter.

L'anatomie du but de Porter

Joey Saputo disait craindre de marquer l’histoire de façon négative lors de ce match-retour de quart de finale de Ligue des Champions, mais il s’avère que c’est l’équipe de marketing qui avait vu juste. Personne, mis à part quelques malheureux qui ont quitté avant la fin, n’oubliera le moment d’euphorie qui a suivi le but de Porter. Ultras en liesse, Klopas enlevant son chandail, membres des médias (lire ici moi-même) incrédules, cette fin de match a offert une émotion sans précédent dans l’histoire du club.

Au lendemain de ce match, plus de 38 000 personnes brûleront d’envie de partager leur expérience avec leur entourage. Malheureusement, les mots ne peuvent rendre justice au sentiment vécu par les supporters. Ils devront donc s’en remettre au meilleur argument de vente que l’Impact pouvait espérer : « Il fallait vraiment y être ».

Oubliez la manière

C’est bien le résultat et non la qualité du jeu offert par l’Impact qui fera de la soirée du 3 mars 2015 un moment historique pour le soccer québécois. Un match que Pachuca se devait de prendre d’assaut, chose qu’ils ont accompli en attaquant de façon percutante par les couloirs.

Les Montréalais n’ont jamais su maîtriser le ballon suffisamment longtemps pour laisser souffler la brigade défensive. Une succession de passes mal ajustées et de mauvais contrôles en contre-attaque ont permis aux Mexicains de se projeter vers l’avant en vagues. C’est finalement une erreur de positionnement de Laurent Ciman qui a offert aux visiteurs un pénalty généreusement signalé par l’arbitre. Pachuca menait alors 1-0.

Avec une défense vidée et une attaque stérile, un énorme doute a plané sur le Stade olympique jusqu’à la toute fin, ou presque. Préféré à Patrice Bernier en remplacement de Marco Donadel, Callum Mallace a récompensé Frank Klopas pour son pari. Le milieu écossais a lancé un missile pour Porter qui a pris une touche de la poitrine digne du grand Denis Bergkamp et non d’un joueur à son deuxième match chez les professionnels. Coup de théâtre, l’Impact était en demi-finale.

Pour le groupe

Malgré la présence de gros noms comme Marco Di Vaio, Matteo Ferrari et Troy Perkins, l’absence de leadership a été identifiée comme une lacune importante chez l’Impact en 2014. Les deux premières performances du onze montréalais cette saison semblent annoncer un groupe plus uni, où les joueurs sont au service du collectif. Encore trop tôt pour savoir si cet état d’esprit est là pour rester, mais quelques images et paroles sont déjà frappantes.

Qui mérite d'être partants avec l'Impact?

Bernier pourrait se plaindre d’être snobé par Klopas, mais il continue d'assumer son rôle de porte-parole sans rechigner. Hassoun Camara, pour sa part, serait en droit de remettre en question son omission du onze de départ, mais choisit plutôt de sauter au cou de son entraîneur sur le but de Porter. Finalement, Ciman y va de commentaires d’après-match qui résument bien le personnage : « Je remercie mes partenaires aujourd’hui et la prochaine fois, c’est moi qui leur sauverai la mise ».

Le sacrifice de soi et l’humilité semblent au rendez-vous cette saison, mais la gestion humaine faite par Klopas demeurera clé pour maintenir les cadres motivés. Un leader malheureux porte le flambeau moins haut.

Entre-temps, faisons place au championnat avec le premier match de saison régulière en MLS ce samedi.

Impact 1 - Pachuca 1