C’est mercredi au Centre Nutrilait qu’a eu lieu le deuxième de trois bilans chez l’Impact. Après le bilan financier de Joey Saputo il y a quelques semaines, les joueurs ont ouvert les portes du vestiaire pour un retour sur la saison.

Cette nouvelle formule, moins structurée, mais plus conviviale, a permis quelques conversations hors des sentiers battus.

Validation

Entre deux questions, Bacary Sagna aperçoit Rudy Camacho le prendre en photo. Après un coup d’œil au téléphone de son coéquipier, l’ex-Gunner l’informe qu’il n’a pas choisi le bon angle. Les standards sont élevés dans l’univers de Bacary !

En ce sens, sa réponse à ma prochaine question m’a surprise.

« Quelle a été ta plus belle découverte parmi tes nouveaux coéquipiers ? »

De Evan Bush à Nacho Piatti, en passant par Samuel Piette et Saphir Taïder, les options étaient nombreuses. Peut-être inspiré par sa casquette de baseball, le Français de 35 ans a sorti une réponse du champ gauche.

« Mathieu Choinière ! »

Si l’Impact n’a pas toujours reconnu ses produits locaux à leur juste valeur, un commentaire pareil venant d’un joueur avec une telle feuille de route ne peut qu’aider à valider le travail fait à l’Académie.

Deux côtés de la médaille

Une année transition est toujours complexe à naviguer. Lorsque l’entraineur en charge connaît peu le championnat, le défi est double.

Pour sa première campagne, Rémi Garde et la direction de l’Impact ont misé sur plusieurs ententes venant à échéance le 31 décembre. Plus de la moitié des 18 joueurs habillés dimanche dernier sont en fin de contrat. En ce sens, le club a assuré une transition sans hypothéquer le futur du club.

Bien que judicieuse d’un point de vue business, cette approche a peut-être limité l’équipe en 2018. Il ne manque pas d’expérience dans le vestiaire montréalais, mais le leadership a tout de même été remis en question en fin de saison.

On ne s’installe pas dans un appartement loué comme on le fait dans une demeure permanente. Des ententes à court terme ont-elles prévenu certains joueurs d’assoir pleinement leur autorité dans le groupe ? Si c’est le cas, ce serait un facteur important à considérer en mettant les prochaines offres sur la table.

Dossier Bush

Pour la première fois de sa carrière, Evan Bush est en position de force pour négocier avec l’Impact. S’il devait quitter, je n’hésiterais pas à donner une chance à Maxime Crépeau.

Si un gardien de chez nous n’est pas prêt à faire le saut avec le XI Montréalais après avoir enregistré une quinzaine de blanchissages en 2e division, il vaut peut-être mieux abandonner le projet pour tous les portiers qui suivront.

L'Impact mise sur la continuité

Ceci dit, si Rémi Garde croit lui aussi que le leadership a été une lacune cette saison, le retour de Bush est peut-être une nécessité qui dépasse les prouesses sur le terrain. Le gardien de 32 ans a non seulement connu sa meilleure saison en carrière, mais il a aussi la prestance pour faire le pont entre l’entraîneur et les Américains dans l’équipe.

La culture européenne qui a traversé l’Atlantique avec Garde et son personnel est très positive, mais elle peut aussi aliéner des joueurs nord-américains qui sont essentiels dans un contexte MLS.

Habitué à vivre avec la mince sécurité d’une seule saison à la fois, Bush souhaite une entente de plus longue durée. Sachant qu’il empoche présentement 158 000$ par année, il y a de la marge pour augmenter son salaire de manière substantielle. Je vous laisse le soin d’avancer le montant et la durée du contrat qui devrait lui être offert.

Un atout méconnu

Sans que ce soit le sujet de la discussion, Saphir Taïder et Daniel Lovitz ont tous les deux été élogieux envers Montréal. Pour l’un c’est un endroit plus accueillant et sécuritaire que bien des villes d’Europe, pour l’autre c’est le mouton noir de la MLS que le reste de la ligue gagne à connaître.

Les propos de Lovitz sont particulièrement intéressants. Il admet ne pas avoir saisi l’ampleur de ce que la Métropole avait à offrir avant son arrivée. Il croit aussi que, lorsque mal informés,

« On va revenir sur de base solide la saison prochaine »

plusieurs joueurs au sud de la frontière peuvent être refroidis par l’aspect singulier d’une ville francophone.

Sans se transformer en agence de tourisme, le bleu-blanc-noir gagnerait tout de même à faire un effort supplémentaire pour vendre et démystifier la ville. Il y en aura toujours qui lèveront le nez sur un endroit qui détonne autant avec les autres marchés du circuit Garber. Les plus ouverts verront cependant la destination d’un autre œil.

Le recrutement intra-MLS du bleu-blanc-noir ne pourrait qu’en bénéficier.