Quand un joueur et un club se répondent publiquement comme dans le cas de Bakary Soumare cette semaine, c'est un signe qu'il existe un niveau de frustration.

Bakary, qui a été échangé au FC Dallas jeudi, semblait dire qu'il était venu à Montréal pour être un partant et les choses ont semblé changer dernièrement, ce qui a provoqué la situation que nous avons vécue depuis quelques jours. On n'a pas tous la même façon de vivre nos frustrations. Comme la majorité des joueurs ne sont pas originaires de la région de Montréal, ils estiment parfois qu'il est dans leur intérêt d'aller jouer ailleurs.

Malgré ses déclarations-chocs à l'entraînement mardi, je pense que le processus pour échanger Bakary était en marche et que le divorce était déjà sur les rails. Il a simplement répondu aux questions qu'on lui posait et il a dit sa façon de penser. J'ignore s'il existe une bonne façon de partir. Chaque personne à sa façon de voir les choses et ses paroles sont sorties directement et de façon crue.

Bakary était quelqu'un d'apprécié dans le vestiaire. Un leader charismatique qui était bien perçu de ses coéquipiers.

Je ne connais pas un joueur qui ne veut pas jouer. Bakary était comme tous les autres, il voulait avoir des minutes. Comme athlète, nous savons tous qu'un gars qui ne joue pas risque de développer des frustrations. On essaie de ne pas le remettre dans le visage des autres quand ils jouent et on essaie de ne pas trop afficher une frustration parce que dans l'équipe, tout le monde est dans le même bateau pour les victoires.

C'est aussi un couteau à double tranchant pour un joueur qui se plaint de son temps parce qu'il y en a d'autres également qui ne jouent pas autant qu'ils le voudraient, mais ils ne véhiculent pas leurs déceptions de la même façon. Bakary est gars bien aimé, mais dans l'ère moderne, les changements se produisent rapidement et les joueurs peuvent aussi changer d'adresse rapidement. Nous en sommes tous conscients. D'un autre côté, on comprend sa frustration, mais en même temps si le joueur ne veut plus être ici, sa présence peut être néfaste dans le vestiaire.

Son image est peut-être ternie aux yeux des partisans, mais Bakary voulait livrer un message et il a choisi de le faire à sa façon. Les gars s'entendent très bien ici et c'est triste de le voir partir, mais quand une personne ne veut plus être là où elle se trouve, il ne faut pas chercher à la retenir.

En retour de ses services, on a obtenu le milieu de terrain Kyle Bekker que je connais depuis l'équipe nationale. C'est un joueur qui a des atouts au niveau de la passe. Il a été un choix du Toronto FC avant de se retrouver à Dallas. Il cherche un endroit pour pouvoir démontrer son talent. Quand il sera en mesure de démontrer l'envergure de son talent, il pourrait aider l'Impact.

On se retrouve avec un autre milieu de terrain dans l'équipe. Il y en a beaucoup à cette position et ça amène des questions. On va voir ce qui va arriver avec la suite des choses. C'est évident que son arrivée est une menace à mon temps de jeu. Il n'est pas une menace au niveau de mon talent et la compétition ne me fait pas peur. Je le répète, on va voir la suite des choses.

Ciman, un vrai professionnel

Laurent Ciman est une personne impeccable. On a entendu son histoire cette semaine concernant la maladie de sa fillette, ce qui ne l'empêche aucunement de se donner entièrement sur le terrain durant les entraînements et les matchs. Dans sa vie, il y a l'aspect soccer et il y a aussi un aspect personnel qu'il tente d'améliorer.

Laurent continue d'être un pilier du club et le meilleur à sa position dans la MLS. Il habite près de chez moi et je sais que ce n'est pas facile pour lui. Je sais que ce n'est pas évident d'être étranger dans un autre pays parce que je l'ai vécu aussi. L'adaptation n'est pas toujours facile. J'essaie de l'aider de mon côté, car je connais des personnes qui peuvent l'aider.

Au match des étoiles sans avoir joué

Je sais que ça peut en faire sourire de savoir que Frank Lampard et Steven Gerrard participeront au match des étoiles de la MLS sans avoir disputé une seule rencontre, mais d'un autre côté, la ligue cherche à vendre son sport et pour ce faire, elle doit miser sur des têtes d'affiche.

Je suis dans cette ligue depuis quatre ans et je sais qu'il y a des particularités. Il ne faut pas oublier que c'est un circuit en croissance qui veut amplifier son image. Des joueurs viennent jouer en Amérique du Nord parce qu'ils sont bons, mais aussi parce qu'ils sont renommés.

En 2013, j'ai été choisi pour le match des étoiles. C'était l'entraîneur de Kansas City qui m'avait invité, ce que je considère être un plus grand honneur que le vote populaire. Ça voulait dire qu'on avait remarqué mon talent sur le terrain. Ça représentait beaucoup pour moi. Mais il faut être conscient aussi qu'il y aura des joueurs qui y seront parce qu'ils sont populaires.

Un gros défi nous attend

Ce ne sera pas facile samedi contre le Sporting Kansas City, qui excelle à la maison. D'ailleurs cette saison, K.C. a la meilleure fiche à domicile. On sait que ça va être rude et difficile.

On va devoir se battre, être alerte et organisé. Ce sera un gros test pour nous, mais il faut aller prendre des points afin qu'à la fin de saison, nous soyons dans les séries éliminatoires. On a beaucoup parlé de nos matchs en mains, mais cette fois on joue contre une formation de l'Ouest pendant que la majorité des équipes de l'Est jouent l'une contre l'autre. À nous d'en profiter pour nous faufiler.

*propos recueillis par Robert Latendresse