Que nous réserve l’Impact de Montréal en 2016? S’agit-il d’une équipe confiante de ses moyens, qui jouera pour ,500 jusqu’aux deux tiers de la saison avant d’accélérer la cadence pour se positionner en séries? Ou bien on surestime la capacité d’un groupe qui devra faire preuve de beaucoup de caractère lorsqu’il devra se débrouiller sans son talisman Didier Drogba? La saison étant bien longue, concentrons-nous sur trois éléments qui aideront à donner le ton pour entamer l’année.

Combler l’absence de l’Éléphant

Disons-le tout de suite. Moi, je le crois, Didier. Serait-ce parce que je suis un ancien joueur? Toujours est-il que lorsqu’il dit qu’il est là « à 200 % », je le crois. Et je souris quand je l’entends dire que si ça ne tenait qu’à lui, il préférerait être sur le terrain. J’ai de l’empathie, je ne peux le cacher. Et je suis même rassuré quand il est défendu devant les médias par des coéquipiers qui comprennent les répercussions sur le corps d’un vétéran de 37 ans d’un match disputé sur terrain synthétique. Pas de jalousie, pas de souci. C’est déjà ça. Sauf qu’un calcul rapide nous indique que Drogba pourrait manquer jusqu’à huit matchs sur 34 cette saison.

La perspective peut en décevoir certains, mais si on vous disait que c’est le prix à payer pour avoir une légende vivante encore en uniforme bleu-blanc-noir cette année, c’est le genre de compromis que bien des amateurs (et des coéquipiers) seraient prêts à accepter. On veut que ça dure encore un peu avec Didier. Après, quand ce sera fini, on aura tout le temps de se rappeler avec nostalgie le charisme du numéro 11, voire même les 50 minutes où il nous aura fait patienter avant de parler en mêlée…

Entre-temps, l’Impact doit combler l’absence de l’Éléphant dans la formation. Et c’est ce que Mauro Biello tente de faire depuis le début du camp d’entraînement. On prévoit donc que ce sera Dominic Oduro qui prendra la place de Drogba en avant. Attaquant le plus en forme de la période préparatoire avec trois buts, rappelons qu’Oduro est un joueur qui devient menaçant lorsqu’il a de l’espace pour utiliser sa vitesse. L’Impact pourrait donc opter pour un bloc défensif assez bas lors du match d’ouverture contre Vancouver pour créer des occasions en contre-attaque lors de la récupération du ballon. Que ce soit Ignacio Piatti, Harry Shipp ou encore Marco Donadel, la consigne sera d’avoir les défenseurs des Whitecaps à l’oeil afin de lancer Oduro dans leur dos, comme dans l’exemple suivant.


Dominic Oduro Goal - Montreal Impact vs... par soccer-geek-xi

Biello pourrait également être tenté d’utiliser un deuxième attaquant si son équipe est à la recherche d’un but. Cameron Porter étant blessé, il semble que Michael Salazar ait suffisamment impressionné pour être considéré comme une solution dans un tel cas. Salazar a le sens du but et joue avec confiance. On a vite remarqué lors du camp d’entraînement qu’il savait se placer aux bons endroits pour profiter des rebonds. Il possède également des aptitudes pour bien tenir le ballon et jouer en combinaison avec les milieux qui le soutiennent. Ne soyez pas surpris de le voir en action dès les premiers matchs de la saison.

Défendre en amont

Il est clair que la direction de l’Impact désire bâtir sur les fondations défensives mises en place l’an passé. La prolongation de contrat de Laurent Ciman et le retour dans la métropole de l’Argentin Victor Cabrera démontrent qu’on croit à la solidité du tandem défensif sur lequel on s’est fié en fin de saison 2015. Si les deux défenseurs centraux excellent pour anticiper et intercepter des ballons passés aux attaquants, ils sont toutefois moins à l’aise sur le jeu aérien. Les chances qu’un des deux ait une soudaine poussée de croissance pour rivaliser de grandeur avec Kei Kamara étant bien minces, il faut trouver une autre solution pour neutraliser les adversaires qui misent sur cette facette du jeu.

Les objectifs de 2016 pour l'Impact

Pour voir un exemple de ce qui arrive quand on laisse trop d’espace à l’adversaire pour ajuster son centre, voir le but suivant. Une fois le ballon parti, plus grand-chose à faire (désolé pour le mauvais souvenir)…

Collectivement, l’Impact devra donc se donner comme objectif de limiter les occasions de tirs et de centres chez ses opposants. Sur les flancs, le travail des défenseurs latéraux bénéficiera des efforts défensifs des milieux de terrains excentrés. À ce chapitre, l’un des désavantages de faire jouer Ignacio Piatti sur le côté gauche, c’est qu’on risque de laisser Ambroise Oyongo assez isolé pour décourager ses adversaires de centrer. Il faut donc se demander si l’apport offensif de Nacho surpasse les lacunes défensives collectives que son positionnement peut parfois engendrer. Et la réponse peut varier selon qu’on joue à Montréal ou à l’étranger.

Discipline

Enfin, les choses se sont définitivement améliorées sur coups de pied arrêtés pour l’Impact en 2015 avec Drogba et Donadel. Va pour l’attaque, mais on ne peut passer sous silence le fait que certaines faiblesses défensives demeurent, dont certaines sont en lien direct avec le point abordé précédemment. 

Un top 5 pour l'Impact?

Question de limiter les occasions de centres dangereux, il faut éviter de commettre des fautes inutiles dans le dernier tiers de terrain. L’impatience et la désorganisation collective sont des facteurs à considérer pour améliorer cet aspect en 2016. Avec ses 54 cartons obtenus en 2015, l’Impact était à égalité au deuxième rang pour le pire dossier disciplinaire. Disons qu’il y a de la marge pour mieux faire. Le genre de fautes à éviter? Les interventions précipitées lorsqu’on est en surnombre défensif, comme sur cette séquence

Sans tout vouloir changer, peut-être que le personnel d’entraîneurs a intérêt à valoriser les comportements des défenseurs qui sont patients. La fin des tacles glissés? Je n’irais pas jusque-là, quand même. On s’est quand même bien amusé en 2015. Mais un peu de retenu ne peut qu’aider en 2016.