Club América, un géant à deux visages
Impact mardi, 21 avr. 2015. 18:39 vendredi, 13 déc. 2024. 21:26Décidément, ce printemps, l’Impact en joue plusieurs des matchs considérés comme les plus importants de son histoire. Et chaque fois, c’est encore plus vrai. Bref, une belle gradation que cette Ligue des Champions. Mais au-delà des figures de style, quelles sont les forces et les faiblesses du CF América qui se dresse devant le onze montréalais? Voici mon analyse de l’adversaire.
Attaque
La force des Aguilas, elle est en attaque. Deux noms qui sautent d’abord aux yeux : Carlos Darwin Quintero et Dario Benedetto. Le premier, eh oui, c’est celui qui nous avait déjà tourmenté à l’époque où il jouait pour Santos Laguna. Quintero, c’est une tornade aussi rapide que Dominic Oduro avec un sens du but parfois aussi affûté que Samuel Eto’o à ses belles années. Pour Benedetto, que Patrice Bernier aime comparer à Marco Di Vaio - plus en raison de son mouvement que de son look au crâne rasé - il faut se méfier de ses tirs du pied droit, surtout quand il prend possession du ballon sur le flanc gauche.
Par conséquent, Evan Bush ne pourra se permettre de donner des retours alléchants devant son but. Une mise en garde qui vaut également pour Laurent Ciman et Bakary Soumare, qui devront nettoyer tout ballon mal négocié par le gardien montréalais.
Autrement, Oribe Peralta en est un qui représente une menace sur ballons aériens. Mais le joueur mexicain est blessé et pourrait demeurer en congé au match aller afin de se préparer pour le match de championnat du week-end entre América et Chivas. On ignore d’ailleurs de quelle façon ce clasico mexicain pourrait affecter la formation présentée par l’entraîneur Gustavo Matosas au coup d’envoi contre l’Impact.
Milieu
Pour ce qui est du milieu de terrain, les joueurs qui se démarquent sont également du genre à se signaler dans un rôle d’attaque. Deux maestros tirent les ficelles d’une équipe qui n’est pourtant pas du genre à s’éterniser en possession du ballon. D’abord, Ruben Sambueza, un gaucher qui peut aussi permuter pour jouer sur le flanc droit. Sambueza aime les petits ponts et s’occuper des ballons arrêtés. L’autre moteur est droitier, il s’appelle Osvaldo Martinez et il est capable de marquer du milieu du terrain.
Le défi pour les milieux montréalais sera donc de contrer l’influence des deux animateurs des Aguilas. Pour Nigel Reo-Coker, il sera donc important de maintenir sa position au lieu de se laisser attirer par des mouvements qui ne visent qu’à libérer l’espace qu’il défend. À ses côtés, on se demande si Klopas reconduira Calum Mallace, qui avait eu du mal au Costa Rica. Patrice Bernier aura-t-il la chance de jouer au Azteca?
Derrière Sambueza et Martinez, on retrouve Pellerano, qui apporte du muscle et gagne sa part de ballons aériens. Son apport offensif est toutefois plus limité.
Défense et gardien
Derrière, on retrouve aussi quelques noms qui peuvent causer du souci aux arrières montréalais. On l’a dit, América aime attaquer. Et ses latéraux sont réputés pour créer des surnombres profondément en territoire adverse aussitôt que l’occasion leur en est donnée. Sur la gauche, c’est le Paraguayen Samudio, qui a toutefois quitté le dernier match sur blessure, tandis qu’à droite, c’est Paul Aguilar qui aime s’avancer. En passant, ne confondez pas Paul Aguilar avec Pablo Aguilar, lui qui joue au centre de la défense. Paul est Mexicain, Pablo, Paraguayen.
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Mais revenons à notre propos, une particularité du jeu des Mexicains, c’est qu’il est fréquent de voir un des latéraux effectuer une montée, mais sans contourner l’ailier qui joue devant lui - un mouvement qu’on appelle overlap en anglais. Chez América, tant Samudio qu’Aguilar optent souvent pour s’insérer en attaque en faisant un appel en profondeur entre l’ailier qui s’écarte et l’attaquant qui joue dans l’axe. C’est donc une menace qui obligera les joueurs montréalais à bien communiquer pour ne pas qu’il y ait d’oubli dans la passation des responsabilités.
Mais América accorde aussi des buts. Et ses défenseurs ne sont pas reconnus pour leur gabarit. Dans les circonstances, est-ce que Kenny Cooper pourrait être le joker de Klopas? Du haut de ses 6 pieds 3 pouces, Cooper pourrait très bien semer la pagaille chez les Mexicains si on arrive à bien l’alimenter. Un gros bonhomme... On imagine qu’il y a peu de chances que ça finisse pour Kenny comme le personnage du même nom dans la série South Park!
L’autre faiblesse, elle se trouve devant les buts, mais América devrait pouvoir miser sur le retour de Moisés Muñoz qui n’avait pas joué lors du match aller de la demi-finale à Herediano (défaite de 3-0) ni la fin de semaine dernière contre Queretaro (défaite de 4-0). Ce retour pourrait toutefois être précipité en raison du mauvais rendement de son remplaçant dernièrement.
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Quel visage aura América face à l’Impact? L’assurance au menton levé d’Oribe Peralta? Ou encore le sourire forcé de Matosas tel qu’aperçu à chaque but accordé contre Queretaro?
Pour l’Impact, il importe de trouver le juste milieu, et cela, même si un joueur me confiait sous le couvert de l’anonymat qu’il voyait mal comment un match au Azteca pouvait se terminer autrement qu’en miracle ou en catastrophe pour les visiteurs. Pourtant, il doit bien y avoir une troisième voie.