Un intermède européen teinté de succès pour Patrice Bernier
Impact dimanche, 15 oct. 2017. 23:01 vendredi, 13 déc. 2024. 04:59MONTRÉAL – S’ils sont en grande partie similaires, les parcours professionnels d’Olivier Occéan et de Patrice Bernier les ont menés à des conclusions radicalement opposées.
Les deux natifs de Brossard ont atteint le niveau professionnel après un passage dans le réseau universitaire américain. Ils ont joué en Norvège, en Allemagne et ont chacun porté les couleurs de l’équipe nationale canadienne.
Mais Occéan, contrairement à son bon ami, n’est jamais revenu jouer à la maison après son exil transatlantique, ce qui fait que si ses talents sont reconnus depuis une douzaine d’années sur le Vieux Continent, il demeure méconnu du grand public dans sa province natale.
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Bernier, quant à lui, est devenu le visage incontesté du soccer québécois depuis son transfert en MLS en 2012. Les mômes rêvent de suivre ses traces, les mères d’un gendre avec autant de classe. Les journalistes le cuisinent après un entraînement, Ricardo l’invite dans la sienne de temps en temps.
Sa passion sur le terrain et son dévouement dans les coulisses en ont fait l’ambassadeur parfait pour un sport qu’il pratique même en dormant. Mais tous ces gens qui l’admirent et se l’arrachent saisissent-il vraiment l’étendue des réalisations qui ont façonné sa carrière de 18 ans qui prendra fin dimanche au Stade Saputo?
« Les gens au Québec ne le réalisent pas, mais Patrice est un très gros nom ici », assure Occéan, qui évolue depuis deux ans à l’Odds BK, en première division norvégienne.
Bernier part pour l’Europe en 2003 après trois saisons passées avec l’Impact. Sa première destination est Moss, en Norvège, où il s’aligne pendant une année et demie avec un club de deuxième division. À l’été 2004, il gradue en première division à Tromso où, encore aujourd’hui, il est reconnu comme l’un des meilleurs joueurs étrangers à avoir revêtu le maillot à rayures de l’équipe locale.
Occéan, qui est arrivé en Scandinavie quelques années après Bernier, a encore en mémoire un match au cours duquel son compatriote avait marqué deux buts contre le Rosenborg BK, le club le plus titré de l’histoire du championnat norvégien. Les faits saillants de cette soirée mémorable sont disponibles sur internet. On peut y voir Bernier placer une volée dans la lucarne après une entrée de touche dans la surface, puis enrouler un coup franc d’une trentaine de mètres, à la Didier Drogba, exactement au même endroit.
« C’était du Patrice à son meilleur, s’émerveille encore aujourd’hui Occéan. Il était libéré, en plein contrôle, on le voyait partout. Comme milieu offensif, il faisait ce qu’il voulait sur le terrain. »
Dans l’antichambre de la Bundesliga
Les compliments d’Occéan n’ont rien de chauvins. Pendant son séjour à Tromso, Bernier a suscité l’intérêt du mythique club stambouliote Besiktas, qui a sans succès offert plus d’un million d’euros pour obtenir ses services.
En 2007, le célèbre entraîneur norvégien Kjetil Rekdal obtient du boulot au FC Kaiserslautern, en deuxième division allemande, et recrute Bernier pour se lancer avec lui dans l’aventure. L’occasion est immense pour le Québécois, qui y voit un pont rêvé vers l’un des plus grands championnats au monde, mais l’aventure tourne rapidement au vinaigre.
À son premier test dans son nouveau pays d’adoption, Bernier joue 90 minutes et mérite le titre de joueur du match contre le Borussia Mönchengladbach. Mais une semaine plus tard, il écope d’un carton rouge et doit purger une suspension de trois parties. De retour sur les surfaces, il subit une blessure aux ischio-jambiers qui le renvoie sur les tablettes.
« Je suis revenu au jeu un peu trop vite, confesse-t-il aujourd’hui. L’équipe foirait et je voulais aider le gars qui m’avait amené là. »
Mais la bonne volonté de Bernier ne parvient pas à sauver Rekdal, qui est congédié seulement sept mois après son entrée en poste.
« Nous sommes arrivés là-bas avec des attentes élevées, mais le club connaissait des ennuis financiers et avait perdu plusieurs joueurs l’année précédente alors qu’il avait échoué dans sa tentative d’être promu, a expliqué Rekdal dans une entrevue accordée à RDS. On devait reconstruire à partir de rien, alors le contexte n’était vraiment pas idéal. Et quand ça tourne mal, ce sont toujours les nouveaux qui sont blâmés. »
Rekdal est d’avis qu’avec un peu plus de chance, son acquisition norvégienne aurait certainement pu démontrer qu’il avait le talent pour jouer en première ligue allemande. Encore à ce jour, Bernier regrette de s’être arrêté sur le seuil de la porte menant à la prestigieuse Bundesliga.
« Si je remonte dans le temps, je peux dire que c’est en Allemagne que j’ai réalisé pour la première fois que le soccer là-bas, ça va vite. C’est un autre monde. Je suis arrivé là-bas à 27 ans, on me vantait, je pensais que j’allais sauver l’équipe. J’ai peut-être levé le pied de l’accélérateur. »
Bernier avait signé un contrat de trois ans avec Kaiserslautern, mais le départ de son entraîneur signifie pour lui un retour en terres nordiques. Cette fois, c’est au Danemark qu’il élit domicile. Il y passera trois ans et demi, d’abord à Farum, au FC Nordsjaelland, puis à Kongens-Lyngby. C’est au pays des Vikings qu’il estime avoir joué le meilleur soccer de sa carrière.
« Notre coach était un maniaque du FC Barcelone et on jouait du football panache, comme on dit. J’ai gagné deux Coupes là-bas et personnellement, le meilleur niveau que j’ai atteint, c’est là. »
Bernier est toujours en demande au Danemark quand, en 2012, la possibilité d’un retour au bercail se dessine. Revêtir de nouveau le maillot bleu de l’Impact, près d’une décennie après l’avoir accroché pour partir à la découverte du monde. Retrouver un club tout aussi transformé et l’aider à atteindre des sommets jadis inimaginables.
Parti sans trop qu’on le remarque, revenu sur le tapis rouge.
L’occasion était trop belle.
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