MONTRÉAL – Giflés par la pire équipe de la MLS, qui est repartie du Stade Saputo avec un triomphe de 3-0, les joueurs de l’Impact ont tenu une longue réunion, lundi, pour éviter que ce manque d’ardeur ne devienne coutume.

Alors que la visite du Fire, samedi, laissait présager une occasion en or d’ajouter trois points en banque, l’Impact s’est effondré devant ses partisans qui ont répondu par quelques huées. En trébuchant de la sorte, le Bleu-blanc-noir s’est réveillé au cinquième rang du classement de l’Est avec 33 points en poche et 10 matchs à disputer.

« On a pris une belle claque face à Chicago, on ne s’attendait vraiment pas à offrir une telle prestation », a admis le défenseur Hassoun Camara.

« On a deux choix : on peut couler ou se relever en essayant d’être au top. Avec le potentiel qu’on a, on ne peut pas offrir de telles performances », a enchaîné le latéral droit du club.

Cette réunion, entre les joueurs uniquement, ne survient pas au cœur d’une crise profonde. D’ailleurs, certains joueurs préfèrent relativiser son importance alors que d’autres prédisent un effet immédiat.

« Les médias font de grosses histoires avec les réunions alors que ça se produit tout le temps. Il n’y avait rien d’extraordinaire dans celle-ci, tout le monde est sur la même longueur d’onde, mais c’est bien parfois de se rafraîchir les idées. La bonne chose, c’est que notre vestiaire n’est pas divisé », a évalué le gardien Evan Bush. 

« Cette petite causerie va changer beaucoup de choses. Ça démontre qu’on se dirige vers le même chemin, on veut gagner. Ça veut dire que quelque chose de bien va se passer », a réagi autrement, Ambroise Oyongo, qui ratera le match du 7 septembre en raison d’une autre sélection avec le Cameroun.    

Le principal nœud du problème s’avère que le onze montréalais s’est incliné d’abord et avant tout en raison de son manque d’effort. Ce constat a été décrié par plusieurs membres de l’organisation.

« Le schéma tactique c’est une chose, mais le contenu est plus important à mes yeux. Je parle ici de l’investissement des joueurs. Individuellement et collectivement, c’est ce qui a été défaillant. La compétitivité n’était pas à la hauteur, c’est à nous de plus nous investir », a cerné Camara avant l’entraînement des siens.

« Cette causerie changera beaucoup de choses »

« On a beaucoup parlé de l’engagement. Tout le succès commence avec ça, il faut avoir ce dévouement et tout donner pour ce club », a insisté l’entraîneur Mauro Biello.

Pour le moment, les protégés de Biello peinent à expliquer cette panne de passion face au Fire une semaine après la déconfiture de 3-1 face aux Red Bulls à New York. 

« Plusieurs facteurs sont en corrélation. Le Fire n’est pas arrivé avec la fleur au fusil en se disant qu’il allait juste passer un match et rentrer à la maison. Ils sont venus avec beaucoup de hargne et d’organisation, c’est tout à leur honneur. Il faut s’en servir pour rebondir », a imagé Camara.

« Parfois, une défaite comme celle-ci, quand tu te fais humilier à domicile, ça devient un bon avertissement; il faut le réaliser », a fait remarquer Bush sans masquer la vérité.

Des lacunes dans toutes les phases de jeu

Ce relâchement contre un adversaire à première vue moins nanti a provoqué des égarements dans tous les aspects du jeu. Ainsi, plusieurs éléments tactiques ont déplu à Biello.

« Il y a plusieurs choses. En défense, on était trop éparpillé, il y avait trop d’espace entre les lignes. On a aussi donné trop d’espace en milieu de terrain à certains joueurs pour s’exprimer.

« En phase offensive, on n’a pas joué... On essayait toujours d’y aller pour cette passe parfaite au lieu d’avoir la patience de faire bouger le ballon et l’adversaire. On a revu des séquences du match contre Philadelphie (la victoire de 5-1) quand on a bien fait à ce chapitre. Si t’es capable de le faire, tu vas trouver des ouvertures », a détaillé Biello en précisant que la patience ne veut pas dire de ralentir le jeu.

Mauro BielloCe revers imprévu a donc contrecarré les plans de Biello qui aurait pu reposer des joueurs – dont Didier Drogba – pour la rencontre de mercredi face au D.C. United.

« Le match de mercredi est important, on pensera à celui contre Toronto après. Il faut aller chercher le maximum de points à domicile contre D.C. Ensuite, je vais voir comment les joueurs se sentiront et je prendrai les décisions pour la partie à Toronto (samedi à RDS) », a admis Biello qui doit bouger ses pions d’une autre façon.

Au sujet de Drogba, sa présence peut favoriser la relance. L’Ivoirien n’a pas connu les moments les plus creux de l’Impact en MLS et il peut se rabattre sur son énorme bagage international pour redresser la situation.   

« C’est certain qu’il parle beaucoup, il essaie de nous aider. Il assume beaucoup de responsabilités, c’est un meneur et on a besoin de ça présentement quand on chavire un peu. Il remplit son rôle, il sait comment gagner, on a un bon exemple avec lui quand on est un peu brouillé comme en ce moment. En le suivant, je pense qu’on est sur la bonne voie », a jugé Camara.  

Si Drogba n’a pas eu à naviguer dans les eaux troubles du passé avec l’Impact, certains de ses coéquipiers sont déjà passés par là.

« On mise sur un groupe de vétérans, des gars qui ont traversé des moments plus difficiles et qui ont trouvé le moyen de rebondir. Dans une situation comme celle-ci, c’est important de ne pas s’emporter. Oui, c’est une honte que ce soit arrivé et c’est encore plus honteux que ça se soit passé à domicile. Mais, ce n’est qu’un match et une autre rencontre arrive à grands pas », a mentionné Bush.

Durant son parcours de joueur, Biello était reconnu pour le contrôle de ses émotions et il n’était pas du style à « perdre la tête » comme d’autres. Son approche n’est pas différente comme entraîneur même s’il a dû démontrer de la fermeté.

« Parfois, il est dur, mais c’est important. Là, il a parlé, il a frappé la main sur la table. Il ne peut pas toujours être souriant avec nous, on prendrait confiance et ça se passerait comme au dernier match », a raconté Oyongo.

« C'est le temps de rebondir »

« Il a joué, il est passé par là donc il sait comment gérer ces moments. Quand tu as été dans ce monde du foot, tu as des solutions, c’est ce qu’il nous montre présentement. Si on veut gagner la MLS, on doit travailler ensemble et donner notre meilleur », a poursuivi le défenseur gaucher.

Presque toujours calme devant les médias, Biello a prôné ce trait de caractère pour que l’équipe arrive à ses fins.

« C’est passé, les joueurs ont eu une réunion et tout le monde en est sorti avec la bonne approche. On doit corriger des choses et trouver des solutions en parlant. Quand on est calme, on va y arriver. C’est la manière de composer avec ces moments-là », a conclu Biello.