C’est toujours difficile de dresser un bilan des Jeux du Québec. Comment résumer en quelques lignes des dizaines de compétitions, des épreuves à n’en plus finir, des performances surprenantes et parfois inespérées, et parler de certains athlètes sans être certaine d’en oublier trop?

Ces jeux du Québec auront servi, comme les 44 finales précédant celle-ci, de bougie d’allumage pour certains athlètes et de consécration pour d’autres. Il y en a qui ont vécu ça en famille, avec papa et maman hurlant à pleins poumons dans les gradins, d’autre en s’ennuyant de la maison, parce que Gatineau c’est bien loin des amis et des parents qui n’ont pas pu suivre.

Mais je garde des moments chéris de ces Jeux que j’ai survolés. Comme notre lieu de résidence était à Ottawa, j’ai moins vécu la synergie avec les gens de la région hôte, je compensais donc sur les sites, en m’imprégnant de l’incroyable énergie des athlètes. La finale des filles au basketball tout particulièrement, les deux finales de volleyball jouées dans une cacophonie assourdissante, la finale de soccer des garçons avec son revirement incroyable.

Mais je repense aussi au tennis du premier bloc, tout d’abord à la bonne humeur et la grande générosité des deux athlètes dont je vous ai parlé dans mon premier texte, Samuel et Julien dont les sourires m’ont accompagnée quelques jours. Puis à ce match excitant entre deux très jeunes joueurs, Sébastien Collard de l’Outaouais, 9 ans (oui, oui!) et Hubert Allard de Richelieu-Yamaska, 11 ans.

Sébastien, avec toute la candeur de son jeune âge, ne semblait ressentir aucune pression sur le terrain. Il jouait avec naturel, retournait les coups de son adversaire en ayant l’air de bien s’amuser. Hubert de son côté, ressentait un peu plus cette pression. Peut-être qu’à onze ans, on est déjà plus conscient de l’environnement. La première manche a été remportée par Sébastien et la deuxième, chaudement disputée. C’était un match chez les plus jeunes, mais il avait l’intensité de celui des plus vieux. Chacun a pris les devants tour à tour, pourtant Hubert avait du mal à rester dans sa bulle. Les longs échanges basculaient bien souvent dans le camp de Sébastien et Hubert les recevait en plein cœur. Ses épaules s’affaissaient, sa tête retombait mais courageusement il reprenait sa place. On l’a vu ensuite montrer ouvertement des gestes d’impatience, d’impatience envers lui-même, non pas envers son adversaire.

C’est là qu’on réalise qu’un athlète, aussi jeune soit-il, est toujours d’abord et avant tout en compétition contre lui-même. C’est pourtant une leçon difficile à prendre à 11 ans seulement. Hubert a perdu, c’est vrai, mais il nous a offert tout un spectacle. Comme il tirait de l’arrière, il a osé tout au long de son match, cherchant la faille dans le jeu de l’autre. Ses tentatives n’ont pas fonctionné cette fois-ci, ça marchera peut-être la prochaine fois. Chose certaine, le match n’aurait pas été aussi bon s’il n’avait pas été là. On a besoin de deux joueurs sur le terrain pour faire un bon match. Ça aussi il l’apprendra avec le temps. Il y a toujours deux choses qui comptent à l’issue d’une partie : le résultat et la manière. Si l’un n’est pas là, l’autre peut parfois compenser. À 11 ans, on ne le sait pas encore. À 11 ans, on est triste si on perd et ça se transforme parfois en gros chagrin. C’est pour ça que les entraîneurs sont là, que les parents ont un rôle important à jouer…et que les commentatrices ne peuvent s’empêcher parfois d’aller consoler un petit garçon qui a le cœur bien gros. Ces deux athlètes, Sébastien avec son sourire et Hubert avec son chagrin, m’auront touchée tous les deux.

Les Jeux du Québec c’est un peu ça, des performances qui touchent à l’élite avec un grand « É », et des performances qui nous émeuvent tout simplement. C’est pour ça que ça dure depuis 40 ans et que, espérons-le, ça continuera encore très très longtemps!

*

Pour ne rien manquer, rendez-vous dans la section spéciale du RDS.ca. Aussi, joignez-vous à moi dans le groupe Grand Club des Jeux du Québec. Soyons nombreux à encourager nos athlètes, entraineurs, arbitres et bénévoles qui prennent part à cette 40e édition!