Dans une ambiance surchauffée au stade de France, les Ukrainiens s’amenaient pour aller chercher une qualification pour la Coupe du monde qui semblait sur la bonne voie après leur performance de 2–0 au match aller. Mais c’était sans compter une équipe de France dont l’enthousiasme sur le terrain était au diapason de celle des spectateurs dans les gradins.

La charge était tout de même colossale. Si l’Ukraine marquait un seul but, il en faudrait quatre à la France pour remporter la victoire, en vertu du but marqué à l’étranger. Mais dès l’entame du match on sent que la France veut éviter l’outrage d’être sortie de la Coupe, que le spectre d’il y a vingt ans, une élimination en match de barrage par la Bulgarie, est encore bien présent dans la tête des joueurs, même si plusieurs étaient à la maternelle à cette époque.

On voit une France comme on l’a peu vue dans ces années de reconstruction. Les joueurs sont vifs, créatifs, les jeunes appelés à la rescousse répondent présent et on voit cette équipe qu’on disait moribonde, renaître de ses cendres. La France, dominée en Ukraine, prend l’initiative du jeu dans ses terres. À la 22e minute, c’est un défenseur, Mamadou, qui ouvre la marque, et on sent que ce but gonfle les espoirs des joueurs, leur donne encore plus d’allant, si c’est chose possible. La vague bleue continue de déferler sur l’Ukraine et à la trentième, Benzema marque le deuxième but de la France… mais est signalé hors jeu! Une mauvaise décision comme le confirmera la reprise. Loin de se laisser abattre, les Français continuent d’attaquer et Benzema remet ça à la 34e, cette fois-ci bien hors jeu, mais avec un but qui compte! Allez savoir… Mais l’injustice de la première décision est compensée par la largesse de la seconde. 2–0. Égalité 2–2 au cumulatif. Mais avantage toujours à l’Ukraine, un but obligerait la France à en marquer deux… Juste avant la mi-temps, Debuchy sauve la situation en arrêtant un ballon sur la ligne avec une reprise de la poitrine exécutée avec soin, en prenant garde de bien écarter les bras pour ne pas risquer une main.

À la mi-temps, le public entame déjà la Marseillaise. Au retour, la situation se complique pour l’Ukraine : expulsion de Khacheridi sur un deuxième carton jaune, elle devra donc finir le match à dix. La situation est quand même délicate, tout repose sur le prochain but, et encore. Même en marquant, la France n’est pas à l’abri. Si l’Ukraine revient à 3–3, c’est elle qui passe. Et on se souviendra du titre de l’hymne national ukrainien : « L’Ukraine n’est pas encore morte »…

À l’heure de jeu, Mikhail Fomenko fait son premier changement et lance Oleg Gusev, l’un des plus expérimentés de la formation, dans la mêlée. Huit minutes plus tard, il marque contre son camp, dans une défense désespérée contre un Mamadou Sakho qui se souviendra longtemps de ce match dans lequel il a brillé.

Les Français y croient, le public entonne à nouveau la Marseillaise. Mais la France joue avec le feu en cumulant les cartons en deuxième mi-temps. Didier Deschamps, prudent, retire Debuchy déjà averti, et le temps passe… Finalement la France résiste et réussit ce que personne n’avait fait auparavant : revenir de l’arrière de 0–2 pour finalement l’emporter 3 à 2.

Il faut souhaiter que ce soit la France de ce deuxième match qui se présente au Brésil l’an prochain. Didier Deschamps aura quelques mois pour peaufiner le jeu et affiner une équipe qui a montré de belles choses dans ce match retour où elle n’avait pas droit à l’erreur. La France a pu s’appuyer sur ses jeunes, a montré finalement qu’elle pouvait avoir de la profondeur. Et surtout, a prouvé qu’une équipe motivée pouvait faire la différence.

Dans le duel Ibrahimovich-Cristiano Ronaldo, c’est Cristiano et sa troupe qui ont finalement eu le meilleur. Ils ont pu s’appuyer sur l’avance d’un but qu’il leur avait donné à Lisbonne, mais surtout sur les trois autres qu’il est allé marquer à Solna. Son vis-à-vis, Zlatan Ibrahimovich, a aussi marqué tous les buts des siens, mais pas suffisamment pour faire basculer le résultat. Au final, on peut donc dire Cristiano Ronaldo 4, Ibrahimovich 2!

L’Algérie s’est qualifiée, le quartier du petit Maghreb sera en liesse ce soir, la Grèce, la Croatie, le Ghana seront aussi au Brésil. Cette nuit, le Mexique devrait gagner son billet en affrontant la Nouvelle-Zélande grâce à l’avance de 5 à 1 prise au match aller. Si elle devait se concrétiser, cette victoire n’aurait pas été acquise sans douleur et le Mexique devra toujours être reconnaissant à leur rival de toujours, les États-Unis, de lui avoir ouvert une porte battant le Panama. Il leur restera maintenant à se rendre dignes de cette chance.

La Coupe du monde s’en vient à grands pas, mais déjà elle remplit ses promesses : émotions, revirements, surprises et grands chocs seront assurément au rendez-vous!