Nous sommes à quelques heures d'une compétition formidable, d'une scène immense où se jouent les grands axes de la vie : joie, peine, accomplissement, déception, rires, larmes. Depuis 1960, la Coupe d'Europe de football, connue sous son diminutif de l'Euro, apporte son lot de surprises et d'émotions.

S'il y a une chose que l'on doit retenir de cette compétition, c'est qu'il n'y a plus de « petites » équipes, que toutes peuvent aspirer à gagner leur place au soleil. Bien sûr il y a des favoris, bien sûr il y a des mieux nantis, mais l'Histoire nous a montré qu'il est permis à toutes d'espérer.

En 2004, la Grèce était cotée, en début de tournoi, à quelque chose comme 80 contre un, voir plus, pour l'emporter. Elle aura défié tous les pronostics en jouant de façon méthodique, systématique, et en allant chercher la victoire ultime sous les yeux ahuris de tout un continent.

En 1992, c'est le Danemark qui avait joué les trouble-fête. Venu comme substitut à la Yougoslavie, écartée de la compétition, c'est lui qui est finalement reparti avec le trophée. Et là aussi les gens qui avaient parié sur lui en début de tournoi ont fait une bonne affaire.

Au fil des ans, les écarts entre les nations ont diminué. Cette année ne fait pas exception. Si de grands acteurs tirent leur révérence sans avoir eu la chance de monter sur scène, on pense ici à l'Angleterre non qualifiée, pourquoi les « petits » ne pourraient-ils pas se faufiler jusque sur le podium? La compétition semble ouverte et de possibles surprises peuvent certes arriver.

Il y a les grands, les forces confirmées. On pense bien sûr à l'Italie, qui devra cependant se passer de Cannavaro, à l'Allemagne, solide sur tous les fronts, à la France, qu'on ne doit jamais écarter, aux Pays-Bas, équipe jeune et talentueuse, à l'Espagne, qui semble invincible sur papier, au Portugal, qui abrite le joueur de l'heure Cristiano Ronaldo. Pour ces équipes la réussite est très possible, mais le faux-pas guette toujours.

En-dessous, il y a les équipes qui peuvent surprendre, qui arriveront très motivées et sans la pression des grands. La Suisse, redoutable chez elle qui peut compter en outre sur de talentueux joueurs comme Frei et Barnetta, la Croatie qui est toujours un adversaire redoutable à affronter, la Russie menée par un magicien du nom de Gus Hiddink, la Grèce, encore gonflée de son incroyable victoire de 2004 mais qui ne bénéficiera plus de l'effet de surprise, la Turquie qui a déjà montré en grand tournoi quelle a aussi des envies, la République Tchèque qui voudrait retrouver son efficacité de 2004, la Pologne qui a une équipe jeune, mais qui porte aussi l'enthousiasme de sa jeunesse.

Et l'Autriche, pas au niveau de sa co-hôtesse la Suisse, la Roumaine, qui n'aura pas la vie facile dans son groupe, la Suède qui se cherche une force pour contrer ses faiblesses. On ne peut cependant écarter aucune équipe du revers de la main. L'exploit reste possible. C'est ce qui fait d'ailleurs la beauté de cette compétition. On aura beau se lancer dans toutes les spéculations du monde, tenter de deviner l'avenir non pas dans une boule de cristal mais dans un ballon rond, il y aura toujours la possibilité qu'un imprévu vienne bousculer la logique, qu'un météore vienne secouer la planète foot.

Et c'est pourquoi on en redemande encore à tous les quatre ans.