Le résultat sur le terrain importait peu. La Juventus a eu beau s’imposer en penalties sur les locaux, le succès du match des Étoiles de la MLS était assuré dès le moment où on a annoncé qu’une foule record assisterait à l’événement. Qu’importe qui des étoiles ou de la Juventus ait eu l’ascendant, c’est la ligue en entier qui repart d’Atlanta avec la sensation d’avoir gagné. Et on a l’impression que le déroulement du match n’avait plus la moindre importance une fois tous les billets envolés…

 

Le sentiment de conquête habitait donc déjà la capitale de la Géorgie depuis les débuts fracassants de sa franchise en MLS. La ville d’Atlanta ne le savait peut-être pas elle-même il y a deux ans, mais elle compte un nombre impressionnant d’amateurs de soccer. Bien que le club géorgien ne soit pas à l’abri d'un phénomène de type saveur du mois, l’engouement pour Atlanta United fait la démonstration que la stratégie d’expansion de la MLS a fonctionné bien au-delà des attentes qu’on avait. Et c’est certainement Don Garber le premier a en être satisfait.

 

Ils étaient donc plus de 72 000 à se rassembler au Mercedes-Benz Stadium pour la visite d’une Juventus de Turin venue aux États-Unis sans ses plus grandes vedettes en raison de leur participation tardive à la Coupe du monde. Pas de Cristiano, pas de problème, la Vieille Dame aura pu créer du danger via un milieu de terrain bien dirigé par Pjanic, Can et Khedira. De l’autre côté, on aura vite remarqué le plaisir qu’avaient à jouer ensemble Almiron, Vela, Piatti et Martinez. Le spectacle aura perdu en qualité après les sorties des joueurs susnommés, mais on n’aura pas pour autant passé une mauvaise soirée dans un stade nous tenant bien à l’abri des intempéries. Il faut savoir que la pluie et les orages n’ont pas quitté le ciel d’Atlanta depuis les deux dernières journées. 

 

Des signes de progrès de la MLS sur le terrain

 

Mais le progrès du circuit Garber ne se limite pas seulement à ce qu’on constate dans les gradins. La MLS compte aussi sur des arguments solides pour illustrer ses progrès sur le terrain dans les dernières années. Si l’étiquette de ligue de pré-retraités colle encore à certains clubs, l’approche dans le recrutement s’est diversifiée depuis la mise en place de mécanismes tels que l’argent d’allocation. Là où certains optent encore pour un Zlatan Ibrahimovic ou un Wayne Rooney, d’autres privilégieront l’investissement dans un Diego Rossi ou un Ezequiel Barco, des acquisitions qui génèrent peut-être moins de ventes de billets et de maillots, mais qu’on pourrait éventuellement revendre à profit.  

 

D’ailleurs, un des signaux des plus encourageants pour tous les artisans oeuvrant au sein du circuit Garber est le transfert d’Alphonso Davies au Bayern Munich pour la coquette somme de 13,5 M$ (au minimum).

 

« Ça se passe pour vrai. C’est un club majeur. C’est bon pour la ligue et pour Davies », me disait mardi Frank Yallop, ancien sélectionneur canadien et ex-entraîneur du Galaxy de Los Angeles et des Earthquakes de San Jose. « Il faut se rendre compte que les choses ont bien changé. Certains vont se réveiller en voyant ce que ça a rapporté. »

 

« Il y a des clubs qui se positionnent déjà comme des "formateurs" et qui se préparent à vendre leurs meilleurs éléments [quand leur valeur aura augmenté] », analysait pour sa part un agent qui compte plus d’une dizaine de clients en MLS. Les investissements ont du bon, mais tout le monde ne vit pas les effets de la surenchère de la même façon. Le même agent, qui souhaite garder l’anonymat, proposait l’exemple suivant : « si tu prends l’Union de Philadelphie, ils n’hésitent pas à faire jouer de jeunes défenseurs qui gagnent vite de l’expérience. Avoir un central gaucher qui fait 20 matchs avant d'avoir 20 ans... c’est un choix réfléchi. » Un rapide coup d’oeil aux statistiques permet de confirmer le rôle important déjà donné à des joueurs comme Auston Trusty (19 ans), Mark McKenzie (19) et Jack Elliott (22) à Philadelphie. Reste à voir si cette stratégie pourra payer.

 

Pour revenir aux étoiles de MLS, l’un des joueurs ayant démontré un énorme potentiel contre la Juventus est probablement Aaron Long, le défenseur central des Red Bulls de New York. Arrivé à maturité sur le tard (Long a déjà 25 ans), la course contre-la-montre ne joue pas en faveur d’une inflation de la valeur d’un joueur qui compte seulement deux saisons et à peine plus de 50 matchs en MLS. Mais Long est le type de joueur qui a l’étoffe et les qualités physiques pour affronter des attaquants dans un championnat européen. Il est d’ailleurs le seul membre de la formation du circuit Garber que Tata Martino a décidé d’utiliser plus que 45 minutes, en partie parce que Michael Parkhurst n’était pas à 100 % physiquement.

 

En attendant les offres que pourraient recevoir les Red Bulls, Long devra toutefois trouver les mots justes pour remonter le moral à Bradley Wright-Phillips. Le coéquipier de Long chez les Taureaux est le seul à avoir raté la cible lors des penalties contre la Juventus. Les progrès de la MLS, c’est bien beau, mais Wright-Phillips est un des rares à quitter Atlanta sans être armé du sentiment d’avoir gagné. Un match décevant demeure un match décevant, même quand il n'est pas important... Mais on ne s'inquiète pas vraiment pour ce cher Bradley. Et pour ce qui est de notre Nacho, n’ayez crainte, il semble être en pleine santé pour affronter samedi Wayne Rooney.