Quel Euro imprévisible. Il n'y a plus rien qui tienne et les plus grandes certitudes sont balayées du revers de la main. Qui aurait donné le Portugal vainqueur du groupe A après sa performance contre la Grèce en ouverture de tournoi? Oui j'entends d'ici tous les supporters portugais crier qu'ils ont toujours eu confiance en leur équipe, mais il leur faudrait bien avouer qu'ils ont quand même eu une belle frayeur.

Mais où était-il ce Portugal dans les deux premiers jours du tournoi? On a retrouvé dimanche une équipe inspirée sur le terrain et c'est l'Espagne, pourtant bien belle jusque là, qui en aura fait les frais. Quand Pauleta tout en demi-teintes pour ne pas dire effacé dans le tournoi, a cédé sa place à Nuno Gomes, le sort du groupe venait de se sceller. Son coup de pied parfait a surpris Casillas et l'Espagne n'a pas réussi ensuite à remonter le courant. Iñaki Saez aura certainement à s'expliquer sur des choix tactiques qui laissent songeur. Pourquoi ne pas titulariser Baraja qui jusque là avait été le véritable patron du milieu de terrain au profit d'un Xabi Alonso plutôt silencieux. Pourquoi laisser Morientes sur le banc de touche et le faire entrer alors qu'il ne restait plus grand-chose de l'espoir de se rattraper. Les flancs, jusque là une force pour l'Espagne, sont restés inemployés et l'étourdissante tenue des Portugais a paru pétrifier une équipe jusque là vive, au jeu aéré et qui pouvait espérer aller loin. Elle n'aura pas franchi la première portion du parcours et gardera encore sa réputation de ne pas être présente...et pesante aux grands rendez-vous.

Pour Scolari, c'est un grand poids qu'il vient de s'enlever de sur les épaules. Une partie du pari est tenu, et tout ce qu'il ira chercher maintenant c'est du bonus. Mais il a fait des découvertes au cours de ce premier tour auxquelles il devra penser quand viendra le temps de faire sa composition d'équipe pour le match quart-de-finale. Cristiano Ronaldo magique sur son côté, créatif et rapide, Nuno Gomes inspiré et opportuniste, et le retour sur le terrain du capitaine et général de la défense, Fernando Couto.

De son côté la Grèce, malgré la défaite aujourd'hui (autre mystère : où était-elle cette Russie durant le tournoi? Celle qu'on a vue aujourd'hui avait un visage bien différent, elle va s'en vouloir beaucoup d'être passé à travers de son Euro…) a déjà remporté son Euro. Ce pays que plusieurs voyaient en fin de tableau réussit une qualification historique et vient vraiment mêler les cartes et déjouer les plans de plusieurs. La réussite de la troupe de Otto Rehhagel, à qui on érigera certainement une statue…grecque bien sûr, a fait la preuve qu'avec du cœur et de la détermination on peut venir à bout de bien des obstacles. Par contre, si elle a joué les deux premiers matchs sans pression, faisant figure de grande négligée, elle a perdu son seul match dans qu'elle a disputé dans un rôle de favorite. Pour la Grèce, l'essentiel a déjà été gagné…restera-t-il assez de ressources pour aller plus loin?

Nous n'en sommes plus maintenant à une surprise près Que nous réservent les autres groupes. Je n'ose plus faire de prédiction, c'est comme marcher sur un fil de fer les yeux bandés. Dans le groupe B, tout le monde peut encore passer, même la timide Suisse qui pourrait bien décider qu'il est temps de remettre les pendules à l'heure. Alors France et Angleterre? Suisse et Croatie? Seule le dieu du football le sait