C’est l’entrée de Llorente dans le match, pour un Torres chancelant, qui a tout changé pour l’Espagne. Jusque là, elle était tombée dans les travers de ses rencontres précédentes, dominant le jeu certes, mais incapable de trouver la faille défensive de l’adversaire. Pire, lorsqu’elle y arrivait, elle se heurtait à l’inébranlable gardien portugais Eduardo qui aurait bien mérité le titre d’ « homme du match » malgré la défaite des siens, une défaite qui aurait pu être bien plus sévère n’eut été de sa prestation devant le filet. Avec à peine une minute dans le jeu, Llorente passe bien près de marquer avec une reprise de la tête qui déstabilise Eduardo. Quelques instants plus tard, l’infatigable David Villa, surfant sur la vague d’adrénaline déclenchée par Llorente, marquait l’unique but du match sur son sixième tir (quatrième cadré) de la journée.

L’Espagne passe donc devant un Portugal qui aura mit tous ses œufs dans la défense, comptant sur les à-coups de Simao, Coentrao ou Cristinao Ronaldo (qui aura été bien en-dessous de son niveau durant tout ce Mondial), et oubliant qu’elle était l’équipe qui avait compte le plus de buts dans une rencontre, soit le 7 à 0 contre la Corée du Nord. C’est une triste fin pour le Portugal, mais ce l’eut été encore plus pour l’Espagne qui a quand même pris l’essentiel de l’initiative du jeu avec 60% de possession de ballon.

Cette Espagne a quand même frémi dans les dernières minutes de jeu avec un tir de Danny repoussé et une effervescence proche du désespoir des Portugais autour du but de Casillas. L’expulsion de Ricardo Costa à la 89e minute n’aura rien changé pour le Portugal. Le sort des vice-champions de l’Euro 2004 était déjà scellé. À l’issue de ce match qui a eu de larges pans ennuyants, il y a quand même un examen de conscience à faire pour les champions d’Europe qui sont loin de survoler cette Coupe du Monde comme on s’y attendait. Surpris par la Suisse lors de leur premier match, malgré une possession de balle effarante de 63–37%, ils ont connu des moments d’absence dans les deux suivants. Cette incapacité à marquer alors qu’ils se promènent à leur guise sur le terrain, inquiète. Lorsqu’ils se heurtent à un bloc défensif compact, comme ce sera probablement le cas contre le Paraguay, et qu’ils ne peuvent marquer, ils deviennent des champions aux pieds d’argile. S’ils veulent aller loin, il leur faudra réapprendre à marquer, et à marquer vite.

Dans l’autre match, au bout de 90 interminables minutes de jeu entre le Paraguay et le Japon, à qui il aurait bien fallu dire qu’ils jouaient tous deux pour une première dans leur histoire soit passer en quart-de-finale, on en a ajouté 30 tout aussi longues. Était-ce l’enjeu qui engluait l’équipe dans une mélasse sirupeuse dont ils n’arrivaient pas à tirer les pieds? Où était ce Japon joueur qu’on a vu joueur contre le Danemark? Où était ce Paraguay qui a fait match nul avec l’Italie et battu la Slovaquie? Même la prolongation n’est pas arrivée au bout de ce match ennuyeux comme la pluie qui ne tombait pourtant pas à Pretoria.

Il a donc fallu passer par les tirs au but, cette solution qui met l’odieux de la défaite sur les épaules d’un seul homme, même si c’est toute l’équipe qui a péché par non-réussite. C’est Kumano qui peuplera ses cauchemars de son tir arrêté par Villar. Le Paraguay l’emporte par 5 tirs à 3.

Pause de deux jours sur la planète foot, un temps de répit qui permettra à certains de panser leurs blessures et à d’autres de se préparer pour ce qui vient. Sur la première ligne de tir Uruguay et Ghana et un match de titans entre le Brésil et les Pays-Bas. Avec un solide ticket pour celui qui l’emportera. Mais d’ici profitez-en pour reprendre votre souffle, vous en aurez besoin pour la suite.