Après 32 ans d’attente, les Pays-Bas se retrouvent en finale de la Coupe du Monde, une place bien méritée, il faut le reconnaître. Le résultat de cette demi-finale n’a donc rien de vraiment surprenant.

Mais l’Uruguay aura quand même fait quelques frayeurs à cette mécanique orange bien huilée. Le match a débuté bien tranquillement avec des Pays-Bas pas très entreprenants et une Uruguay attentiste. La Céleste gardait les pieds sur terre et les Oranje manquaient de jus. Il a fallu le boulet de Von Bronckhorst à la 18e pour réveiller tout le monde, un tir de loin avec une force et une précision redoutables.

Mais l’effet fut de courte durée. Il a fallu attendre la formidable frappe de Forlan à la 40e minute pour que le jeu s’échauffe un peu. Au retour de la pause, on cherchait l’étincelle qui allait de nouveau enflammer le match. Elle est survenue à la 70e quand Sneijder, vraiment l’inspiration des siens dans cette Coupe du Monde, a marqué son 5e but du tournoi, ce qui le place à égalité avec David Villa (qui joue demain) en tête des buteurs. Le ballon de Sneijder a effleuré deux défenseurs et passé sous le pied que Van Persie s’est empressé de lever, étant en position de hors-jeu. Hors-jeu de position, donc pas sifflé, mais dans ce cas-ci il était devant le gardien Muslera et lui a peut-être nuit. Mais trois minutes plus tard, les Pays-Bas marquaient cette fois-ci par Robben, comme pour effacer tout doute. Ils étaient les plus forts.

Cependant l’Uruguay aura continué de séduire jusqu’à la fin. Sans contredit l’équipe surprise de ce tournoi, son acharnement et son cœur au ventre lui auront valu les éloges de tous les amateurs. Mais à ce stade-ci ce n’était plus suffisant. Privée de Lugano, capitaine-défenseur dans un rôle de clé de voute de l’équipe, inspirée par Forlan, capitaine de remplacement de luxe mais qui montrait de signes de fatigue évidents en deuxième mi-temps, le ciel de la Celeste s’ennuageait graduellement jusqu’à ce qu’il arrive une éclairci quand Maxi Perreira a marqué dans les arrêts de jeu. On a alors eu droit à une fin de match délirante où l’Uruguay, puisant dans ses dernières forces, a fait frémir les Pays-Bas. Mais le sort en était jeté. L’Uruguay, qu’on aura l’occasion de revoir pour le match de la troisième place, sort de la demi-finale par la grande porte. S’incliner 3 à 2 devant les Pays-Bas, il n’y a rien de honteux à cela.

Les Néerlandais suivront donc avec intérêt le match demi-finale de demain entre l’Espagne et l’Allemagne. On pourrait avoir une reprise de la finale de 1974, Allemagne-Pays-Bas, ou une finale tout à fait inédite qui nous amènerait un nouveau vainqueur dans la courte liste des pays ayant remporté au moins une fois la Coupe du Monde. Peut-être que le style de l’Espagne conviendrait mieux aux Pays-Bas. Plus ouverte, plus mobile, elle créerait un ballet dans lequel les Pays-Bas pourraient s’intégrer. La défense allemande, plus classique, risquerait peut-être de les étouffer. Et doublée de son attaque redoutable, ce serait un adversaire de taille. Mais l’Espagne aussi…

Ce sera donc demain que nous serons fixés. Espagne-Allemagne, ce sera quelque chose à ne pas manquer, une reprise délirante de la finale de l’Euro 2008, remportée 1 à 0 par l’Espagne. Fernado Torres avait été le buteur…Torres curieusement silencieux dans ce Mondial. Pire, il semble que l’Espagne joue mieux quand il n’est pas là. El Niño, qui n’avait pas débuté le premier match contre la Suisse, revenant de blessure, n’a terminé aucune de ses rencontres par la suite. Llorente l’a remplacé à la 59e minute contre le Portugal, apportant un vent de fraîcheur sur le terrain à ce moment-là, puis Fabregas a fait de même en quart-de-finale, avec le même résultat. Mais peut-on se passer d’un joueur comme Torres? À l’image de toute son équipe, il peut éclater à tout moment. S’il n’a rien montré jusqu’à présent, on ne peut pas dire que l’Espagne ait été étincelante non plus. on est loin de la prestation de l’équipe de 2008. Dans la forme qu’elle a montrée jusqu’à maintenant, l’avantage va à l’Allemagne qui, à part un hoquet contre la Serbie (défaite 1–0) et une lourdeur contre le Ghana (victoire 1–0), a été beaucoup plus convaincante jusqu’à maintenant.

Demain, l’Allemagne devra jouer sans sa nouvelle étoile Müller, absent pour accumulation de cartons jaunes. Cependant elle a des solutions de remplacement, notamment Trochowski entré dans plusieurs matchs. L’Allemagne semble avoir appris de ses erreurs. Elle se méfiera donc de cette Furia Roja qui n’a pas été très furieuse jusqu’à maintenant, qui joue sous le niveau qu’elle pourrait montrer, et qui peut se révéler n’importe quand. Les hommes de Joachim Loew le savent. Et ils n’en seront que plus redoutables.