Le Portugal était en liesse aujourd'hui, ainsi que les quartiers portugais de Montréal et d'ailleurs. Pour la première fois il accédait à une finale de grand tournoi, et c'est certainement une participation bien méritée.

En constante progression depuis le début de la compétition, l'équipe portugaise a su démontrer qu'elle avait du cœur au ventre et qu'elle pouvait croire en ses possibilités. Le départ raté contre la Grèce a forcé les hommes de Scolari à se reprendre en mains et ne leur permettait plus aucune erreur. Dès lors il a fallu travailler sur les forces et contrer les faiblesses. Scolari, on en a beaucoup parlé durant le tournoi, n'a pas hésité à prendre des décisions drastiques au risque de mécontenter les joueurs, les partisans et les médias. La mise au rancart de Rui Costa et du capitaine Fernando Couto aurait pu être cher payée…mais les événements ont démontré que le vieux roublard avait raison.

Au dernier match contre l'Angleterre, il n'a pas hésité à sortir du jeu son joueur-phare Luis Figo, avec le résultat qu'on connaît : son remplaçant Postiga a marqué un but quelques instants plus tard. Mais Figo ne l'a pas pris. Il a quitté le terrain pour se réfugier au vestiaire, une attitude qui lui a valu les critiques tant des amateurs que de la presse. On peut certainement penser qu'une bonne conversation entre le coach et le joueur a suivie. Aujourd'hui, Luis Figo avait retrouvé son éclat et brillait beaucoup plus au milieu de terrain contre les Pays-Bas qu'il ne l'avait fait durant tout le tournoi.

L'étoile montante du foot portugais, Cristiano Ronaldo, a marqué le premier but du match. Un but à la précision chirurgicale sur un corner de Deco, une reprise de la tête qui n'a laissé aucune chance à Van der Saar et qui a sidéré Davids bien accroché au poteau. Sur le deuxième but Maniche était tout aussi convaincant. Son coup de pied frappé en force et bien travaillé aurait percé une lucarne dans le coin supérieur du but s'il n'y en avait pas déjà eu une. Le seul but des Pays-Bas est venu...d'un portugais. Jorge Andrade a marqué le deuxième but du tournoi contre son camp, une façon bien difficile de s'inscrire aux statistiques…

Lorsque le match a été terminé, il fallait voir le soulagement s'inscrire sur son visage. Tous les scénarios possibles avaient dû lui passer par la tête : et si les Pays-Bas égalisaient ? Et s'ils allaient en prolongation…et que les Pays-bas gagnaient…C'eut été cruel pour le défenseur qui avait si bien assuré jusque là en défense centrale avec Ricardo Carvalho.

Les Pays-Bas de leur côté perdent pour la quatrième fois en cinq tentatives, une demi-finale de grand tournoi. Triste bilan pour une équipe talentueuse qui a toujours eu de la difficulté à harmoniser tous les aspects de son équipe. Cependant cette année elle a fait un grand pas. On a toujours critiqué les guerres intestines des Oranges, les conflits perpétuels à l'intérieur de l'équipe. Cette année, elle est passée par-dessus tout ça. Même Kluivert, joueur étoile de la formation il n'y a pas si longtemps, a accepté avec une belle sérénité le fait d'être gardé sur le banc de touche durant toute la participation des néerlandais à l'Euro. Ce qui aura plutôt tué les Pays-Bas cette année, c'est leur faiblesse en défense et leur déséquilibre à l'aile droite qui n'arrivait pas à suivre le rythme du duo Von Bronckhorst-Robben à gauche. Advocaat a bien essayé quelques combinaisons : Heitinga-Van Der Meyde ou Overmars-Reiziger, mais jamais il n'a trouvé la formule magique. Par contre, cette équipe peut compter sur de jeunes joueurs qui vont prendre le relais des Overmars, davids, De Boer, Kluivert qui s'en vont à la retraite internationale et profitera certes des deux ans qui la séparent de la Coupe du Monde pour préparer une formation solide qui sera certainement à prendre très au sérieux en Allemagne.

Le Portugal sera un spectateur très attentif pour la demi-finale entre la Grèce et la République Tchèque. Contre les Pays-bas, il a pu profiter de quelques jours de repos supplémentaires et avait une plus grande fraîcheur que son adversaire. Ce sera encore la même chose à la finale. Mais fraîcheur ou pas, on peut prédire avec certitude que ce sera un match chaud.