En ces temps propices à ressasser nos souvenirs, l’intérêt teinté de nostalgie envers l’époque « mini-putt » à la télé n’étonne pas. Mais c’est quand même formidable que de voir que les souvenirs reliés à ces émissions, à ces tournois, aient traversé le temps et même les générations.

J’ai travaillé sur les émissions de mini-putt tant à TVSQ qu’à RDS. Je me souviens de ces longues journées de tournage à l’extérieur du salon de quilles Jean-Talon, où Serge Vleminckx, perché sur le haut d’un échafaudage, s’extasiait sur les performances des participants. Serge y a été pour beaucoup dans la popularité de ces émissions et même dans l’effervescence qui a entouré le mini-putt à partir du milieu des années 80 jusqu’à la fin des années 90. Qui n’a pas entendu son célèbre « Birdie! » retentir sur les terrains de golf, à cette époque bénie où on pouvait y jouer? (ici, petit regret de confinement).

Serge a un jour expliqué qu’il avait fait le choix de s’investir totalement dans la description, ne mettant aucun frein à son enthousiasme et donnant autant d’attention aux participants qu’il l’aurait fait avec d’autres athlètes. Et dans ce sport-loisir où tout était à faire et à créer en télé, Serge tenait ses statistiques, se préparait avec sérieux et décrivait toujours avec « ses tripes sur la table ». Pas de demi-mesures avec M. Vleminckx.

J’ai eu beaucoup de plaisir à côtoyer Serge et les golfeurs (mini-golfeurs?) de cette époque. C’était facile de se laisser gagner par leur enthousiasme et le sérieux qu’ils accordaient à leur entraînement et à leur préparation. C’est d’ailleurs l’un des aspects de mon métier que j’aime le plus : entrer dans la bulle des athlètes pour qui le sport qu’ils pratiquent est le meilleur au monde, peu importe que ce sport soit olympique ou non.

Le grand retour de Carl Carmoni!

Le succès de Carl Carmoni, dont on parle encore aujourd’hui comme si ses exploits dataient de la semaine dernière, n’était pas dû au hasard. Enfiler des « birdies » comme il le faisait nécessitait des heures et des heures de pratique pour arriver à avoir une lecture parfaite des terrains, comme en témoignait ce petit carnet qu’il mettait à jour régulièrement sur les particularités de chacun des ceux qu’il fréquentait.

Lors des tournages, l’équipe de commentateurs avait un petit rituel. Nous nous étions fait une compétition à l'intérieur de la compétition. Il s’agissait de repêcher l’un des quatre joueurs avant chaque émission pour amasser des points selon ses performances et tenir notre propre classement. Un pool de mini-putt, quoi! Il y avait quatre joueurs, et nous alternions le premier choix entre Serge, l’analyste du moment et moi. Le quatrième joueur devenait « le choix du réalisateur ». Alors, en douce pour ne pas paraître partial, nous poussions pour notre concurrent. Je ne me souviens pas de ce qui était à l’enjeu, mais je me souviens bien du plaisir de cette compétition amicale. Je crois que cela traduit bien l’ambiance qui régnait lors de ces tournages.

Le mini-putt avait la cote au Québec, mais intrigait aussi les visiteurs. À cette époque, il y avait encore du baseball à Montréal et lors de l’une de leurs visites, les Padres de San Diego avaient demandé que la télé de leur vestiaire soit branchée sur la diffusion du mini-putt à RDS!

Dans la population, l’accessibilité de ce sport-loisir était certainement l’un des facteurs du succès rencontré. On peut regarder pendant des mois et des années Rafael Nadal ou Roger Federer jouer au tennis, sans arriver à s’approcher de leurs performances. Cependant, si on voit Carl Carmoni jouer le Totem, le Monstre, la Courbe ou le Chameau de telle ou telle façon (tiens, si on touche la vis de la première planche de la bande, ça donne un ricochet intéressant...), on peut penser à l’essayer soi-même et réussir le birdie parfait. Mais le faire avec autant de régularité que lui ou Jocelyn Noël, Claude Ricard, Jean-Claude Girouard, Gilles Bussières, Ron Poliseno « le grand requin blanc », Suzanne ou André Buist pour ne nommer que ceux-là, c’est une autre paire de manches!

Loin de tomber dans l’oubli, le mini-putt, dont les émissions ont porté différents noms au fil des ans : « L’heure du mini-putt », « Défi mini-putt » ou « Coupe RDS », ce sport-loisir a fait quelques incursions dans d’autres stations télé via son grand ambassadeur Carl Carmoni. Ainsi, on l’a vu donner des conseils au « Moment de vérité », à « Salut, bonjour », avec Pénélope McQuade, et même faire un caméo au « Tricheur ».

Le mini-putt a traversé les âges, et le vocabulaire que Serge Vleminckx y a associé aussi. Et si je ne m’abuse, il y a même eu une sonnerie de téléphone cellulaire avec son fameux « Birdie »! Difficile à dire si le Défi ou la Coupe pourraient retrouver leur popularité d’antan dans une version 2020, mais laissons-nous charmer par les accents nostalgiques qui rouleront sur les tapis gazonnés présentés à RDS cette semaine. En attendant de pouvoir aller y jouer nous-mêmes!