À mi-chemin du Vendée Globe et à l'entrée du Pacifique, Yannick Bestaven (Maître Coq IV) conservait jeudi à la mi-journée une centaine de milles d'avance sur son poursuivant Thomas Ruyant, retardé par une voie d'eau mais qui a désormais pu repartir prudemment.

« Le vent a un peu baissé, il n'y a plus que 20 nœuds, c'est bien pour faire des pointes de vitesse. Mais il fait froid », confie Bestaven, navigateur de 47 ans, né à Saint-Nazaire mais installé à Arcachon et qui continue sa belle chevauchée sur le bateau sister-ship de Banque Populaire, vainqueur de la précédente édition.

Alors que les routages météo font longer aux bateaux de tête la zone d'exclusion antarctique, le mercure est tombé à 3 degrés. « Je n'ai pas de chauffage, c'est à la dure! Je fais tourner le moteur une fois par jour pour réchauffer un peu l'atmosphère pour sécher un peu et me réchauffer les pieds », a-t-il raconté.

Pour se réchauffer un peu l'âme, le leader de la course autour du monde en solitaire et sans escale, a appelé « Cali » (Arnaud Boissières), qui navigue lui en 16e position, à plus de 3000 milles.

 Froid aux pieds 

« On a pu échanger un peu entre sa course et la mienne, c'est sympa entre copains d'Arcachon de discuter. Je lui disais que j'avais froid aux pieds, je lui demandais si la mer était mieux rangée dans le Pacifique que dans l'Indien parce que j'avais pas mal souffert du bateau qui tape dans l'Indien », a expliqué Bestaven. Copains de longue date, les deux hommes avaient disputé en 2001 la Mini-Transat, remportée à Salvador de Bahia par... Bestaven.

Au classement de 11 h GMT, ce dernier comptait 92,7 milles (148 km) d'avance sur Ruyant et un peu plus d'une centaine sur Charlie Dalin (Apivia).

Contraint à l'arrêt mercredi soir en raison d'une voie d'eau dans sa soute avant, Ruyant a repris prudemment sa course et a réduit l'écart avec Bestaven.

Mercredi soir, après une petite sieste, le Dunkerquois a découvert sa soute avant complètement remplie d'eau et a aussitôt levé le pied pour assécher le bateau et trouvé la cause. 

« Les deux loquets avant de la trappe se sont ouverts sous l'effet des vagues. Je marchais alors à plus de 25 nœuds. Le bateau s'est rempli en 30 minutes pendant que je dormais », a-t-il raconté.

Après plusieurs heures de pompage, le skipper a décidé de reprendre « prudemment » sa route dans la nuit, « sous grand-voile et J3, tout en poursuivant l'assèchement des compartiments avant ».

En toute queue de flotte, à plus de 7000 km, le marin-journaliste Sébastien Destremau a été privé de barre, son voilier « Merci » étant donc ingouvernable. Le Toulonnais a dû installer une barre franche sur l'un de ses safrans pour contrôler le bateau et avance à vitesse réduite.