MONTRÉAL - Ce n'est pas pour rien que le nom de Martina Hingis est inscrit parmi les légendes du Temple de la renommée de la Coupe Rogers.

Après tout, la Suissesse a remporté les Internationaux de tennis du Canada à deux reprises, enlevant même le simple et le double lorsque le tournoi avait été présenté à Montréal en 2000.

L’athlète aujourd’hui âgée de 33 ans a effectué un autre retour à la compétition l'an dernier, se concentrant toutefois exclusivement sur le double.

Si Hingis n’avait joué que sporadiquement - et sans grand succès - aux côtés de Daniela Hantuchova l’année dernière, elle semble avoir trouvé chaussure à son pied cette année. D’abord avec Sabine Lisicki, gagnant le tournoi de Miami, puis avec Flavia Pennetta, s’inclinant en finale à Eastbourne. Les deux femmes disputent un deuxième tournoi ensemble à Montréal.

Martina HingisMais après une carrière bien remplie où elle a remporté 81 titres, dont 14 du Grand Chelem, et cumulé des gains de plus de 20 millions $ US en carrière, qu’est-ce qui a bien pu motiver Hingins à retourner sur le circuit de la WTA, alors qu’elle n’a pourtant absolument plus rien à prouver?

« Il y a plusieurs raisons, mais le déclic s’est effectué lorsque j’aidais Anastasia (Pavlyuchenkova) et qu’elle a gagné un tournoi en simple à Oeiras et un autre en double la semaine suivante à Madrid », a expliqué Hingis plus tôt cette semaine. « Nous avons également échangé des balles ensemble. J’ai pensé qu’il restait un peu de tennis en moi et que je devais peut-être l’essayer. »

Cela dit, l’ancienne numéro un mondiale en simple et en double n’a pas décidé de revenir pour faire de la figuration. Elle s’est fixé comme objectif d’enlever les tournois les plus prestigieux.

« Je ne veux pas disputer qu’un ou deux matchs à chaque tournoi. Je suis ici pour gagner, pas uniquement pour participer », a prévenu Hingis. « De toute façon, je ne serais pas revenue si je n’avais pas senti que j’avais une réelle chance de le faire comme je le souhaitais. »

Même si ses plus farouches partisans fantasment à l’idée de retrouver la Suissesse en simple, alors que le tennis féminin semble dans une période de flottement, cela ne se fera pas.

« Il s’agit d’un tout autre sport. En double, vous n’avez que la moitié du terrain à couvrir et c’est déjà bien suffisant », a expliqué Hingis. « C’est plus facile de jouer en double qu’en simple! »

« Je dispute parfois quelques matchs en simple dans la World Team Tennis, mais c’est seulement un set. Jouer en simple demande une attitude et un niveau d’implication différents. »

Impressionnée par Bouchard

Comme toutes les joueuses qui ont connu des succès précoces et qui sont de passage à Montréal cette semaine, il est pratiquement impossible de ne pas leur demander ce qu’elles pensent de la sensation de l’heure sur le circuit de la WTA Eugenie Bouchard.

L’année de ses 17 ans, Hingis avait gagné trois titres du Grand Chelem en simple - seul Roland-Garros lui avait échappé à la suite d’une défaite en finale. De quoi faire passer les trois carrés d’as - dont une défaite en finale à Wimbledon - de Bouchard à 20 ans pour un non-exploit.

« Je l’ai aimée dès que je l’ai vu jouer et que je l’ai affrontée dans un match exhibition il y a quatre ans », a avoué Hingis. « Je l’avais dit rapidement à l’époque, c’est quelqu’un avec qui j’aimerais travailler. C’est une grande joueuse qui possède une bonne attitude. Elle a beaucoup de potentiel et connaît ses meilleurs moments en Grand Chelem, ce qui prouve qu’elle peut être une vraie championne. »

Avant que Bouchard ne subisse l’élimination devant Shelby Rogers à son premier match mardi soir, Hingis réfutait la possibilité que la Québécoise craque sous la pression en raison des attentes extrêmement élevées des amateurs qui aimeraient voir l’une des leurs triompher.

« Il n’y a rien de difficile (dans le fait de connaître du succès) », a lancé Hingis. « La seule problématique, ce sont parfois les médias. Lorsque vous êtes sur le terrain, vous vous sentez en sécurité. C’est là que vous vous sentez confortable, car vous y avez déjà connu du succès. »

« À l’extérieur du terrain, bien évidemment, vous ne prenez pas toujours les bonnes décisions. Vous ne connaissez rien à la vie. Vous ne connaissez rien à propos des gens. De plus, nous sommes très protégées. En vieillissant, vous finissez par apprendre toutes ces choses. »

Chose certaine, si Bouchard connaît un jour une importante remise en question, elle pourra compter sur l’aide de Hingis, une joueuse qui a vécu son lot d’expériences pendant sa carrière.