Maintenant qu'il n'est plus soumis ni au temps, ni à l'espace, Roger Federer ne nous en voudra certainement pas de parler de lui, et de le louanger surtout, que trois jours après son immense succès à Melbourne.

Car c'est bien l'impression qu'il m'a laissée, au milieu de la quinzaine australienne, alors qu'il avait bien planté ses pas agiles sur le DecoTurf de la Rod Laver Arena. Roger s'est mis à flotter sur le tournoi. Sans être jamais hautain, il prenait cependant les choses, de haut!

Une telle maîtrise! Une telle connaissance de l'adversaire, de la juste tactique à employer!

Federer est un joueur, mais il est également un fan de tennis, un spectateur averti et intéressé. Il voit tous les matchs, ou presque. Et, comme il n'a toujours pas de coach attitré, il analyse les faits et gestes de ses adversaires.

Son quatorzième titre Grand Chelem, celui de Roland Garros, l'a libéré.

«J'aime le tennis!», dit-il.

Il n'a plus de pression. Il prend plaisir sur le terrain. Il avoue cependant que cette finale (contre Murray) aura été un des moments les plus à risques de sa carrière.

On a évidemment l'impression que le pauvre Murray (avec les pleurs en sus) a été laminé par le Maître. Mais les moments importants furent mieux négociés par le Suisse Magique! L'Écossais a quand même mené 5-2 au troisième set. Tout espoir d'une quatrième manche lui était permis.

Mais Roger revint à égalité, en sauvant des balles de manche. Au bris d'égalité, il en écarta d'autres. Et même, quand il laissa bêtement tomber cette balle facile donnant une autre chance à Andy, le numéro un ne perdit rien de son flegme. Sa bévue a été vite pardonnée.

Nuances et subtilités

Alors que plusieurs détestent perdre, Roger Federer avoue qu'il «adore jouer pour gagner!». «Je suis un joueur qui aime pousser la chance de mon côté!»

Il sait, à la seconde près, varier les vitesses de balles, être agressif. La finesse de son jeu est le résultat d'un immense travail.

«Bon, c'est évident que j'ai beaucoup de talent. (Rires) Mais, j'ai bûché pour être capable de sortir le bon coup au bon moment!»

Les joueurs de tennis de haut niveau sont constamment sollicités; ils sont des dernières rondes des tournois, souvent les plus exigeantes.Ils en arrivent à considérer le sport comme un métier au quotidien. Sans âme, sans joie.

Pas Roger! Comblé, il est, en ce moment, d'un détachement, d'une sérénité rayonnante. Il resplendit de bonheur.

«J'ai toujours eu une vision claire de ma vie»!

Quand on est au septième ciel... on est résolument intemporel!