Jacques Brel, le Belge, lui aurait chanté «Ne me quitte pas!». Mais Justine n'aurait pas écouté. Depuis ce moment où elle réussit à vaincre la peur, cette peur qui la martyrisait tant, la «petite» Belge était devenue grande!

«Aujourd'hui, a-t-elle dit, c'est un rêve d'enfant qui touche à sa fin. C'est la fin d'une merveilleuse aventure, de quelque chose dont j'avais rêvé depuis l'âge de cinq ans!»

Cette petite fille qui jouait des matchs de soccer avec les garçons et qui ne se résignait jamais à la défaite; Justine, encore enfant, à Roland-Garros, avec sa maman, s'inspirant de Graf, et osant une prédiction qui allait s'avérer vraie quatre fois! Championne! Mais à quel prix?

Certes, la mort de sa maman, vaincue prématurément par un cancer lui aura fait prendre conscience de sa force intérieure. Et ce merveilleux revers à une main, «le plus beau du monde!» disait John McEnroe, lui en aura fait gagner des matchs! Mais les victoires et les titres, au fil des saisons, étaient de plus en plus lourds à porter.

Une débauche d'énergie, la maladie, des blessures récurrentes et la trahison de ses proches nous permettaient de deviner ses douleurs et son immense courage!

«Mère Courage», mais «Reine de Roland-Garros»! Ses deux derniers couronnements à la Porte d'Auteuil, en 2006 et en
2007, la consacraient sans qu'elle n'eût cédé un set! Idem pour le US Open, l'an passé!

«Quand ma carrière sera terminée, je ne me souviendrai pas de mes records, mais de mes émotions!»

Le match contre Sharapova au Masters 2007(5-7,7-5,6-3) a été «l'apothéose de ma carrière!»...Mais Justine, de son propre aveu, allait, dans la bataille, y laisser ses dernières forces. «J'allais chercher des émotions, c'était le sens que je voulais donner aux choses, et, depuis quelques mois, je ne trouve plus ce sens-là. Comme si ma carrière s'était finie il y a six mois déjà!»

Justine Henin se retire. Elle part en étant encore numéro un. Du jamais vu!

«Arrêter en étant numéro un est merveilleux pour moi. Une fois de plus, j'aurai fait les choses différemment!»

Une dernière victoire! À dix jours de Roland-Garros, elle quitte! Sa retraite est brutale et elle choque. Mais qui, maintenant, peut reprendre le flambeau?

Chante Brel. Chante «Le plat pays»!