C'était la Guerre des Mondes! Roger Federer, l'extra-terrestre qui, onze mois sur douze domine l'univers tennis, s'attaquait à Rafael Nadal, fier terrien, et dominateur en son fief.

Ne manquait que la terre à Federer. Déjà porteur de sept titres Grand Chelem, régnant depuis cent vingt-trois semaines à la place de numéro un, ayant remporté les sept premières finales Grand Chelem qu'il avait disputé en maîtrisant ses surfaces, Federer s'amenait pour conquérir un butin qui l'aurait établi Maître du Monde!

Mais il y avait Nadal qui, déjà, avait repoussé quelques attaques isolées de la créature de l'autre dimension. À Monaco, le jeune héros avait fait parade et gagné au bris d'égalité du quatrième set; à Rome, il avait fait de même, cette fois, au bris d'égalité du cinquième set. Avec le sac de Paris cependant, il jouait gros et risquait de tout perdre: sa domination sur terre, (incluant son titre à Roland-Garros 2005) et, surtout, l'arrêt de son incroyable séquence de cinquante-neuf matches d'affilée gagnés dans la poussière ocre.

Ce fut une opération surprise, un vrai raid. L'agression du visiteur fut totale. Nadal, un brin désarçonné, se mit en embuscade sans paniquer. Il fallait livrer bataille et il l'acceptat.

Bientôt, Federer manqua d'air. On respire moins bien dans la poussièrequ'en apesanteur. Le numéro un du monde, piégé par le numéro un de laterre, finit par s'engluer derrière sa ligne de fond. Et s'éteindre.

Ceux qui croyaient en un monde meilleur sous la domination d'un être supérieur devront attendre.

On est si bien sur Terre! Surtout quand elle est régit par un demi-dieu !...