MONTRÉAL - Les Djokovic, Murray et Nishikori ont tous atteint le carré d’as à la Coupe Rogers, comme nous étions en droit de nous attendre, mais le quatrième demi-finaliste fait quant à lui figure « d’intrus ».

Le Français Jérémy Chardy a battu dans l’ordre Nicolas Mahut, Leonardo Mayer, Ivo Karlovic et John Isner pour prendre place dans le dernier quatuor, une première pour lui dans un Masters. Trois fois couronné en double, son seul titre ATP en simple remonte à 2009 à Stuttgart, sur terre battue.

« Je suis très heureux d’avoir pu me qualifier pour la demi-finale d’un Masters pour la première fois. En plus, c’était un match incroyable et plein d’émotions (contre Isner), ce qui fait que la victoire est encore plus belle. C’est un moment très important dans ma carrière de bien jouer dans un tournoi majeur. Le tennis, ça se passe dans les Grands Chelems et les Masters. Avec tous les efforts que j’ai faits à l’entraînement dans les derniers mois avec mon équipe, si on a de bons résultats dans ces tournois-là, c’est la plus belle récompense. »

Avant de connaître son prochain adversaire, Chardy avait émis le souhait d’affronter Ernests Gulbis, souhait qui a bien failli se réaliser, mais malheureusement pour lui, il devra faire face à celui qui a une fiche parfaite à ses dépens, le no 1 mondial Novak Djokovic. Cela dit, considérant que le Djoker n’a pas été tout à fait au meilleur de sa forme hier, étant passé à deux balles de match près d’être éliminé, Chardy peut croire en ses chances. Il a lui-même démontré une qualité de jeu exceptionnelle et a fait preuve de beaucoup de résilience et d’acharnement depuis le début du tournoi montréalais. Il a notamment sauvé deux balles de match au deuxième tour et sept autres hier.

« J’ai été mené plusieurs fois. Je ne lâche rien. Je suis là, je me bats du début jusqu’à la fin et maintenant je suis récompensé. Parfois ça ne va pas dans votre sens, et parfois il y a des semaines où tout fonctionne.

« Le match contre Djokovic sera dur, ce sera très difficile. Je n’ai jamais gagné de set contre lui mais j’ai confiance, ce sera un nouveau match. Je n’aurai rien à perdre. Je me sens bien, je vais aller sur le court et essayer quelque chose de nouveau. Dans le pire des cas, je vais perdre encore une fois. J’ai perdu 13 ou 14 fois déjà. Je dois simplement essayer quelque chose de nouveau. Si je ne réussis pas, ce ne sera qu’une défaite de plus. »

Plus précisément, Djokovic a un dossier de 9-0 contre le joueur de 28 ans sur le circuit de l’ATP World Tour. Même si le Serbe est l’un des préférés du public, parions que plusieurs francophones se rangeront du côté du négligé comme ce fut le cas contre l’Américain Isner, qui est la 12e raquette mondiale comparativement à la 49e position de Chardy.

« Je pense que les Canadiens aiment bien les joueurs français, et c’est réciproque. Il n’y a plus de joueurs canadiens dans le tableau, ils nous soutiennent d’autant plus. C’est super de jouer devant un public comme ça, qui vous soutient même si vous êtes le moins bien classé! En général, ils soutiennent le mieux classé. Ça fait du bien de gagner devant ce public. »

Conscient des lacunes qu’il a démontrées face à Gulbis la veille, Nole sait qu’il devra corriger le tir pour rivaliser avec Chardy, un joueur qu’il connaît bien et qu’il est loin de prendre à la légère malgré son rang et son historique.

« Je m’attends à ce qu’il commence fort et qu’il frappe beaucoup de coups droits, prévoit Djoko. Il a bien servi vendredi. Il a montré qu’il est fort mentalement et qu’il est capable de s’adapter au jeu de l’adversaire, John en l’occurrence, qui était en forme pourtant. Il a sauvé cinq, six balles de match. Il mérite le respect. Il n’est pas en demi-finale par hasard, c’est un joueur de qualité. Je le connais bien, nous avons grandi ensemble, nous sommes de la même génération. Nous avons joué de nombreux tournois ensemble chez les juniors. Nous connaissons nos jeux respectifs. Ce sera une demi-finale difficile. J’espère pouvoir mieux jouer. »

Dame Nature a fait des siennes tout au long de la semaine. Il est arrivé par les années passées que des matchs soient suspendus sans trop de conséquences ou bien même déplacés, mais cette année a été particulièrement perturbée et cela aura assurément une incidence sur les retombées de l’évènement. La question d’un toit coulissant a donc été abordée à maintes reprises.

« Bien sûr qu’un toit serait un atout pour le public, qui serait sûr d’assister au match pour lequel ils ont acheté leur billet, a commenté Chardy, dont l’idole de jeunesse était Pete Sampras. C’est un avantage pour le tournoi, tout le monde serait content : l’ATP, le directeur du tournoi, le public et les joueurs aussi. Mais ça coûte beaucoup d’argent, et le tournoi est déjà très bien comme ça. »

Les organisateurs de la Coupe Rogers songent eux-mêmes plus sérieusement que jamais aux possibilités qui s’offrent à eux pour bonifier l’expérience des amateurs. Mais comme Chardy l’a dit, une telle décision implique des coûts importants et l’impact de celle-ci devra avant tout être analysée en profondeur selon le directeur du tournoi Eugène Lapierre.