À vaincre sans péril
Universitaires lundi, 13 juil. 2009. 11:51 dimanche, 15 déc. 2024. 05:43
L'équipe canadienne s'est fait battre au compte de 41-3 par les Américains, en finale de la première édition du Championnat mondial junior de la Fédération Internationale de Football Américain (IFAF).
Elle était pourtant classée comme équipe favorite du tournoi, en vertu de ses trois conquêtes consécutives - toutes obtenues aux mains des Américains - lors du défunt Championnat Mondial Junior NFL, dont la dernière édition s'est tenue en 2007.
Plusieurs choses ont changé dans la formule du tournoi. Et comme la première édition vient de se terminer, c'est maintenant l'heure du bilan.
Pour Équipe Canada, on pourrait penser que c'est un échec, puisqu'après avoir été championne durant trois années consécutives, la formation de Glen Constantin n'est même pas passée proche d'accoter l'équipe américaine.
Pourtant, on a désormais une bien meilleure idée du véritable fossé qui sépare le football américain et celui qui se joue au Canada. Pourquoi? Il faut d'abord savoir que les quatre championnats et les quatre médailles d'argent de Team Canada, obtenus entre 2000 et 2007, n'avaient pas été acquis face à une véritable équipe américaine.
Au contraire, c'était une équipe formée de joueurs provenant d'un seul État : celui dans lequel était présenté le tournoi. En 2007, le Canada n'avait donc pas battu les États-Unis, mais une équipe de la Floride. Idem pour 2006, ou ils avaient battu le Michigan.
Le dicton dit : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Et ça s'applique parfaitement, ici. Mieux vaut perdre 41-3 contre une véritable équipe nationale qui rassemble les meilleurs joueurs de moins 20 ans aux États-Unis, que de se faire faussement proclamer «champions du monde».
«La seule façon de progresser, c'est de se frotter aux meilleurs», explique le directeur technique de Football Québec, Jean-Charles Meffe. «En les battant trois fois de suite, on les a forcé à former une vraie équipe nationale. Ils ont investi énormément, et ça a donné un gros show! C'est exactement ce que l'on souhaitait.»
Reste que si l'équipe canadienne peut tirer quelque chose de cette défaite écrasante subie aux mains des Américains, lors du Championnat mondial junior de football, ce sera une leçon d'humilité. On joue de l'excellent football, au Canada, mais force est d'admettre que les maîtres du football américain ce sont toujours les Américains!
Avant de battre le Canada par la marque de 41-3, les Américains avaient d'abord anéanti leurs deux premiers adversaires. Contre le Mexique et la France, ils ont accumulé 133 points, sans en accorder un seul.
Voilà qui leur fait donc un joli total de 174 points contre seulement 3 en trois matchs. Le point positif, c'est que même si le résultat final ne laisse pas vraiment de doute, les joueurs d'Équipe Canada ont tout de même montré qu'ils avaient leur place sur le même terrain que leurs adversaires.
«Ils voulaient plus gagner que nous. C'est aussi simple que ça», explique Simon Rahal, plaqueur défensif d'Équipe Canada. «Dans leurs yeux, tu voyais que chacun des joueurs était prêt à tout laisser sur le terrain. De notre côté, certains n'ont pas joué comme ils auraient pu.»
Des meilleurs joueurs, mieux préparés
La quasi-totalité de membres de l'équipe américaine ont déjà une bourse en poche pour évoluer dans la première division de la NCAA, l'an prochain. Des joueurs d'exception qu'on pourrait bien voir dans la NFL, d'ici quelques années. Il va donc de soi qu'au niveau athlétique, il était fort difficile de rivaliser avec les Américains.
Mais contrairement à ce qui s'était passé en Floride il y a deux ans, les Américains étaient non seulement les meilleurs athlètes, mais ils étaient également les mieux préparés.
«Les gars en face de nous prenaient le match tout simplement plus à cœur, raconte Rahal. Chaque joueur savait exactement ce qu'il avait à faire, et il le faisait jusqu'au bout. Sans mettre la faute sur personne, certains des joueurs de notre équipe ont essayé de trop en faire. À force de toujours vouloir faire le jeu, tu finis par essayer de faire la job du joueur à côté de toi, et tu oublies de faire la tienne.»
«Eux, ils étaient en Ohio pour travailler. Nous, certains gars avaient l'air d'être en vacances »
«C'était vraiment une belle machine de football, ajoute pour sa part Jean-Charles Meffe. On leur a tenu tête, mais au niveau de l'exécution et du temps de réaction, ils étaient simplement une bonne coche en haut de nous.»
Pour ce qui est de l'organisation, le directeur technique de Football Québec n'avait que de bons mots à dire, sur ce nouveau tournoi. «À ce niveau, ça a vraiment été fantastique. Ça ressemblait à un gros village olympique. Avec les joueurs, les organisateurs, les bénévoles et tout, il y avait à peu près 15 000 personnes. [ ]C'était vraiment génial, comme nouvelle formule pour le tournoi!»
Inquiétudes financières
Si encore cette année, les Canadiens étaient à peu près les seuls à pouvoir «rivaliser» avec nos voisins du Sud, certains autres pays progressent à une vitesse impressionnante. On l'a d'ailleurs bien vu en demi-finale, alors qu'il aura fallu une remontée spectaculaire pour réussir à vaincre une étonnante équipe japonaise.
Mais lorsqu'on voit les sommes investies dans des pays comme le Japon ou l'Allemagne, avec des résultats assez impressionnants, il y a de quoi s'inquiéter. Parce que les différents paliers gouvernementaux, ici, semblent franchement frileux à donner des sous pour le football.
«Cette année encore, c'est le Québec qui a mené la voie, explique Jean-Charles Meffe. On s'appelle Équipe Canada, mais tant qu'on n'aura pas un véritable programme national avec des sous, on ne pourra faire grand-chose. Et à voir la vitesse avec laquelle les autres pays progressent, on ne va pouvoir faire autrement que de reculer, tant que le financement va manquer.»
«C'est dommage, mais ça semble être l'attitude du Canada envers tous les sports.»
Avec les Jeux olympiques de Vancouver à nos portes, on aurait pu s'attendre à un peu plus d'efforts, pour aider nos athlètes.
Reste à voir si les choses auront le temps de changer, avant la prochaine édition du Championnat mondial junior de l'IFAF, qui aura lieu dans trois ans.
Elle était pourtant classée comme équipe favorite du tournoi, en vertu de ses trois conquêtes consécutives - toutes obtenues aux mains des Américains - lors du défunt Championnat Mondial Junior NFL, dont la dernière édition s'est tenue en 2007.
Plusieurs choses ont changé dans la formule du tournoi. Et comme la première édition vient de se terminer, c'est maintenant l'heure du bilan.
Pour Équipe Canada, on pourrait penser que c'est un échec, puisqu'après avoir été championne durant trois années consécutives, la formation de Glen Constantin n'est même pas passée proche d'accoter l'équipe américaine.
Pourtant, on a désormais une bien meilleure idée du véritable fossé qui sépare le football américain et celui qui se joue au Canada. Pourquoi? Il faut d'abord savoir que les quatre championnats et les quatre médailles d'argent de Team Canada, obtenus entre 2000 et 2007, n'avaient pas été acquis face à une véritable équipe américaine.
Au contraire, c'était une équipe formée de joueurs provenant d'un seul État : celui dans lequel était présenté le tournoi. En 2007, le Canada n'avait donc pas battu les États-Unis, mais une équipe de la Floride. Idem pour 2006, ou ils avaient battu le Michigan.
Le dicton dit : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Et ça s'applique parfaitement, ici. Mieux vaut perdre 41-3 contre une véritable équipe nationale qui rassemble les meilleurs joueurs de moins 20 ans aux États-Unis, que de se faire faussement proclamer «champions du monde».
«La seule façon de progresser, c'est de se frotter aux meilleurs», explique le directeur technique de Football Québec, Jean-Charles Meffe. «En les battant trois fois de suite, on les a forcé à former une vraie équipe nationale. Ils ont investi énormément, et ça a donné un gros show! C'est exactement ce que l'on souhaitait.»
Reste que si l'équipe canadienne peut tirer quelque chose de cette défaite écrasante subie aux mains des Américains, lors du Championnat mondial junior de football, ce sera une leçon d'humilité. On joue de l'excellent football, au Canada, mais force est d'admettre que les maîtres du football américain ce sont toujours les Américains!
Avant de battre le Canada par la marque de 41-3, les Américains avaient d'abord anéanti leurs deux premiers adversaires. Contre le Mexique et la France, ils ont accumulé 133 points, sans en accorder un seul.
Voilà qui leur fait donc un joli total de 174 points contre seulement 3 en trois matchs. Le point positif, c'est que même si le résultat final ne laisse pas vraiment de doute, les joueurs d'Équipe Canada ont tout de même montré qu'ils avaient leur place sur le même terrain que leurs adversaires.
«Ils voulaient plus gagner que nous. C'est aussi simple que ça», explique Simon Rahal, plaqueur défensif d'Équipe Canada. «Dans leurs yeux, tu voyais que chacun des joueurs était prêt à tout laisser sur le terrain. De notre côté, certains n'ont pas joué comme ils auraient pu.»
Des meilleurs joueurs, mieux préparés
La quasi-totalité de membres de l'équipe américaine ont déjà une bourse en poche pour évoluer dans la première division de la NCAA, l'an prochain. Des joueurs d'exception qu'on pourrait bien voir dans la NFL, d'ici quelques années. Il va donc de soi qu'au niveau athlétique, il était fort difficile de rivaliser avec les Américains.
Mais contrairement à ce qui s'était passé en Floride il y a deux ans, les Américains étaient non seulement les meilleurs athlètes, mais ils étaient également les mieux préparés.
«Les gars en face de nous prenaient le match tout simplement plus à cœur, raconte Rahal. Chaque joueur savait exactement ce qu'il avait à faire, et il le faisait jusqu'au bout. Sans mettre la faute sur personne, certains des joueurs de notre équipe ont essayé de trop en faire. À force de toujours vouloir faire le jeu, tu finis par essayer de faire la job du joueur à côté de toi, et tu oublies de faire la tienne.»
«Eux, ils étaient en Ohio pour travailler. Nous, certains gars avaient l'air d'être en vacances »
«C'était vraiment une belle machine de football, ajoute pour sa part Jean-Charles Meffe. On leur a tenu tête, mais au niveau de l'exécution et du temps de réaction, ils étaient simplement une bonne coche en haut de nous.»
Pour ce qui est de l'organisation, le directeur technique de Football Québec n'avait que de bons mots à dire, sur ce nouveau tournoi. «À ce niveau, ça a vraiment été fantastique. Ça ressemblait à un gros village olympique. Avec les joueurs, les organisateurs, les bénévoles et tout, il y avait à peu près 15 000 personnes. [ ]C'était vraiment génial, comme nouvelle formule pour le tournoi!»
Inquiétudes financières
Si encore cette année, les Canadiens étaient à peu près les seuls à pouvoir «rivaliser» avec nos voisins du Sud, certains autres pays progressent à une vitesse impressionnante. On l'a d'ailleurs bien vu en demi-finale, alors qu'il aura fallu une remontée spectaculaire pour réussir à vaincre une étonnante équipe japonaise.
Mais lorsqu'on voit les sommes investies dans des pays comme le Japon ou l'Allemagne, avec des résultats assez impressionnants, il y a de quoi s'inquiéter. Parce que les différents paliers gouvernementaux, ici, semblent franchement frileux à donner des sous pour le football.
«Cette année encore, c'est le Québec qui a mené la voie, explique Jean-Charles Meffe. On s'appelle Équipe Canada, mais tant qu'on n'aura pas un véritable programme national avec des sous, on ne pourra faire grand-chose. Et à voir la vitesse avec laquelle les autres pays progressent, on ne va pouvoir faire autrement que de reculer, tant que le financement va manquer.»
«C'est dommage, mais ça semble être l'attitude du Canada envers tous les sports.»
Avec les Jeux olympiques de Vancouver à nos portes, on aurait pu s'attendre à un peu plus d'efforts, pour aider nos athlètes.
Reste à voir si les choses auront le temps de changer, avant la prochaine édition du Championnat mondial junior de l'IFAF, qui aura lieu dans trois ans.