Le calendrier du football universitaire québécois n’en était qu’à sa deuxième semaine le week-end dernier. Pour le Vert & Or, c’était comme un match éliminatoire face au Rouge et Or. Ou du moins, une rencontre pour s’y préparer. L'intensité était à son comble et ce n'est même pas encore officiellement l'automne.

David Lessard, Jérémi Roch et toute l’organisation de l’Université de Sherbrooke voulaient montrer que leurs aspirations au championnat n’étaient pas des paroles en l’air. Malgré la défaite de 27-24 en prolongation face au Rouge et Or, les Renards ont lancé un message à tout le Québec, et même au Canada au grand complet. Ils possèdent les munitions pour rivaliser avec l’Université Laval et les Carabins de l’Université de Montréal.

On le répète depuis des lunes. Si le Rouge et Or a dominé la scène québécoise - et canadienne - depuis les 15 dernières années, c’est grâce à la profondeur de l’équipe. Lorsque Hugo Richard a été retiré du match au troisième quart, j’étais de ceux qui croyaient que l’Université de Sherbrooke allait remporter le premier match de son histoire face au Rouge et Or (0-21 maintenant).

Le Vert & Or venait de prendre les devants 17-14 sur un placement de Mathieu Hébert et le momentum était clairement de son côté. Les hommes de David Lessard avaient marqué les 14 derniers points de la rencontre si on remontait à la première demie.

Comme le Rouge et Or l’a fait si souvent, lorsqu’un homme tombe au combat, un autre prend la relève et généralement avec brio. Cette fois, ce fut à Marc-Antoine Langevin d’avoir ce rôle. Pour un quart relativement peu expérimenté à ce niveau, il s’en est très bien tiré.

Mais la vraie raison de la victoire du Rouge et Or, c’est une attaque au sol dominante en deuxième demie. En l’absence du quart numéro un de l’équipe, Justin Éthier a pris la décision la plus logique dans les circonstances : il a donné le ballon à ses demis offensifs.

Les Lavallois avaient récolté 26 verges de gains au sol en première demie. Ils ont terminé la rencontre avec 222 verges par la course, dont 119 par Maxime Boutin. En prolongation, le vétéran de cinquième année a réussi des courses de 11, 9, 14, 2 et 2 verges (5 courses pour 38 verges) pour mettre la table au placement victorieux de Dominic Lévesque sur neuf verges.

Alors la fameuse guerre des tranchées, c’est l’Université Laval qui l’a gagnée. Et au final, ça leur donne deux points de plus au classement. Le Vert & Or sait maintenant sur quoi il doit travailler pour le deuxième rendez-vous avec le Rouge et Or, lors de l’avant-dernier week-end du calendrier régulier.

Il faut néanmoins souligner la détermination du Vert & Or, qui n’a jamais abandonné. Tirant de l’arrière par sept points, nous avons vu une attaque motivée et gonflée à bloc en fin de quatrième quart. Jérémi Roch était en contrôle comme un grand quart-arrière doit l’être dans ces moments cruciaux. Il ne lui manquait qu’une poussée productive en prolongation, ce qu’il n’a pas été en mesure de faire.

L’ancien des Cheetahs a atteint le plateau des 10 000 verges en carrière au troisième quart devenant seulement le cinquième pivot au Canada à réussir cet exploit. Il est aussi le quart avec le plus de passes de touché dans l’histoire du Vert & Or avec 57, devançant son prédécesseur Jean-Philippe Shoiry.

Lorsqu’un match se décide sur un botté de précision en prolongation, c’est que la victoire aurait pu aller des deux côtés. C’est ce genre de match qu’on veut plus souvent au cours d’une saison. Il y a seulement trois équipes qui peuvent nous donner un aussi bon spectacle présentement, et ce sont les trois universités francophones lorsqu’elles croisent le fer entre elles.

Le Vert & Or sera en visite au CEPSUM samedi et je m’attends à voir des Renards très affamés face aux Carabins. Mais ils doivent garder le même état d’esprit que la semaine dernière parce que c’était une performance quasi sans bavure de leur part. Oui, l'UdeS a été très convaincante face aux Lavallois, mais elle doit montrer qu'elle peut offrir ce haut niveau de compétition chaque semaine.

La troupe de David Lessard a pu intégrer le top-10 national. Pour rester au 9e rang au pays, le Vert & Or doit bousculer les Carabins. Advenant un gain, on pourrait peut-être voir le Vert & Or monter jusqu’à la 6e place. Et on se rappelle, l'UdeS a eu du succès au CEPSUM en 2010 et en 2012...

Pour la première fois depuis le 29 octobre 2013, l’équipe la mieux classée au Canada ne provient plus du Québec. Bien qu’il ait une fiche de 2-0, le Rouge et Or a été détrôné du premier rang du classement national au profit des Dinos de l’Université de Calgary.

Le rouleau compresseur Cibasu

Vendredi soir, j’étais du côté du CEPSUM pour assister à l’ouverture locale des Carabins. Après la cérémonie commémorant la conquête de la Coupe Vanier, les hommes de Danny Maciocia n’ont pas perdu de temps.

Sur le premier jeu offensif des Redmen, Maïko Zepeda a plaqué le quart Joël Houle qui en a perdu le ballon. J’étais sur les lignes de côté et laissez-moi vous dire que c’était un solide plaqué. Houle est un quart-arrière format géant et le contact a été violent. Malheureusement, Houle s’est blessé sur la séquence. Avec l’endroit de l’impact, je tendrais à dire qu’il s’est peut-être cassé des côtes.

Deux jeux plus tard, Gabriel Cousineau rejoignait Louis-Mathieu Normandin sur 12 verges pour un touché. À ce moment, je me demandais si on allait assister à un massacre en règle.

Finalement, bien que le pointage final ait été de 42-2 en faveur des locaux, ce sont surtout plusieurs longs jeux à l’endroit de Régis Cibasu qui ont fait mal aux Redmen. La perte de leur quart numéro un a passablement ralenti leur attaque alors que Nicolas English effectuait ses premières répétitions au niveau universitaire.

Le jeu au sol des Carabins s’est réveillé en deuxième demie avec le tandem composé de Will Altema et Gabriel Parent. Je crois qu’on pourrait bien revoir ce duo pour commencer le match face au Vert & Or puisque Sean Thomas Erlington ne semble pas avoir trouvé son rythme depuis le début de la saison.

Le porteur de ballon de troisième année a souvent été ennuyé par des blessures depuis qu’il porte l’uniforme des Carabins. Encore vendredi dernier, c’est un spasme musculaire qui l’a tenu à l’écart du jeu.

En terminant, un petit mot sur les Stingers de l’Université Concordia qui semblent avoir trouvé leur homme de confiance pour être derrière le centre. L’Américain Trenton Miller a lancé trois passes de touché en plus de compléter 75 % de ses passes.

Jahlil Gilbert-Knorren a connu un match atroce étant intercepté à trois reprises, dont deux fois par le vétéran demi défensif Ryan Hector.

En tout, il y a eu huit interceptions au cours de cette rencontre, quatre de chaque côté. Ajoutez à cela 1 échappé pour les Stingers, deux par les Gaiters - qui ont cependant bloqué un dégagement - et ça fait beaucoup de revirements. Si ces deux équipes ne sont pas capables de contrôler le ballon une contre l’autre, imaginez ce que ce sera contre les puissances du circuit québécois.

Ce sont de jeunes équipes et il faut espérer qu’elles apprendront de leurs erreurs. Mais je dirais que les Redmen sont un peu en avance sur les deux autres universités anglophones jusqu’ici cette saison.

Mes étoiles de la semaine

Je ne serai pas très original cette semaine alors que j’ai choisi les mêmes trois joueurs qui ont été sélectionnés par le RSEQ.

Attaque --> Régis Cibasu (Carabins) : six réceptions pour 163 verges avec un touché. Des attrapés contestés, des verges après les réceptions et il bat de vitesse son couvreur pour capter sa première passe de touché de la saison. En plus, il retourne les bottés de dégagement cette année.

Défense --> Mikaël Charland (Stingers) : trois interceptions, un échappé recouvré, deux plaqués en solo. Il est le meilleur joueur défensif de la jeune unité des Stingers. Il a égalé un record de l’Université avec ses trois interceptions au cours d’un même match.

Unités spéciales --> Jamall Hyman-Hamilton (Gaiters) : il a retourné un botté d’envoi sur 112 verges pour un touché. C’est le deuxième plus long retour de botté d’envoi dans l’histoire du football universitaire québécois.

Affrontements de la semaine 3

Samedi 13 h : Laval à Bishop’s

Samedi 14 h : McGill à Concordia (Classique Shrine), Sherbrooke à Montréal

Photo de la semaine

La photo de la semaine est l’œuvre du photographe Yves Longpré de l’Université de Sherbrooke. Le cliché a été pris à la fin du quatrième quart lorsque Frédérick Caron (2e à partir de la droite) a marqué un touché pour permettre au Vert & Or de créer l’égalité à 24-24.

Jean-Raphaël Moisan, Martin Maheux, Frédérick Caron et Francis Lapointe du Vert et Or

Mention spéciale à James Hajjar, le photographe officiel des Carabins, qui a capté le moment où Maïko Zepeda a provoqué un échappé en plaquant Joël Houle.

Et une dernière mention spéciale. Durant l’avant-match de la rencontre entre les Redmen et les Carabins, quatre anciens Bleus qui ont remporté la Coupe Vanier ont été présentés à la foule du CEPSUM : Jean-Samuel Blanc, Byron Archambault, Anthony Coady et Mikhaïl Davidson. Durant l’échauffement, Danny Maciocia m’a aperçu en train prendre quelques photos. Il m’a alors gentiment demandé de le prendre en photo avec ces quatre anciens protégés.

Peut-être le jeu de l’année

On est encore tôt dans la saison de football universitaire canadien, mais il sera difficile de déloger le jeu surprise des Marauders de McMaster dans les jeux de l’année.

Un jeu surprise des Marauders

Sur un troisième essai à la ligne de 34 des Gee-Gees d’Ottawa, le receveur Mitch O’Connor a pris une remise directe du centre et a dégagé le ballon vers les lignes de côté opposées. Le receveur Danny Vandervoot, qui était parti derrière l’endroit où le ballon était dégagé, est allé capter le ballon à la ligne de 10 pour ensuite marquer le touché.

Il n’y a qu’au football canadien qu’on peut voir un jeu du genre! Je ne sais pas combien de fois les Marauders ont répété ce jeu à l’entraînement, mais le synchronisme était parfait sur la séquence.

Vandervoot est l’un des meilleurs receveurs au Canada depuis le début de l’année. En deux matchs, il compte 14 attrapés pour 256 verges de gains. Il a capté six passes de touché, un sommet au pays. Et ce total n’inclut pas le majeur sur la séquence mentionnée ci-haut.

Le receveur de troisième année est l’arme principale des Marauders qui font confiance à un quart de deuxième année, Asher Hastings, avec la fin du stage universitaire de Marshall Ferguson.