En mai 2008, les spécialistes de la santé ne savaient pas si Olivier Mongeau serait de nouveau capable de courir, un jour. À un certain moment, on a sérieusement craint pour sa vie.

Aujourd'hui, le receveur de passes est non seulement prêt à courir, mais il entend bien reprendre là où il avait laissé lors de la saison 2007. Il avait alors été l'une des cibles de prédilection du quart Jesse Andrews, menant d'ailleurs les Gaiters de Bishop's pour le nombre de verges gagnées par la voie des airs.

Si le football venait très très loin dans ses pensées, alors que son état de santé était au plus bas, aujourd'hui, il a plus qu'hâte que la saison commence. Portrait d'un jeune homme à la tête très dure, qui a toujours pris un malin plaisir à donner tort à ceux qui ne croyaient pas en lui.

Prêt à (re)prendre sa place

Avec les deux premières saisons qu'il a connues, chez les Gaiters de Bishop's, tout semblait indiquer qu'Olivier Mongeau était fin prêt pour une très grosse année 2008. Comme c'est malheureusement parfois le cas, la vie en a décidé autrement…

En avril 2008, Olivier a subi une opération de routine pour retirer un morceau d'os de sa rotule. Sa guérison devait lui prendre quelques trois semaines. Elle a plutôt duré 9 mois.

Mais après une descente aux enfers qui est passé à un cheveu de lui coûter la vie, le receveur est en meilleure forme que jamais, en vue de la prochaine campagne.

Ça tombe bien, puisque lui et ses coéquipiers à l'attaque auront tout un travail à accomplir pour faire oublier le départ d'un certain Jamall Lee.

«J'ai adoré jouer avec Jamall, affirme-t-il d'emblée. Comme receveur de passes, ça facilitait grandement notre travail, puisque toutes les défensives se concentraient à l'arrêter lui. Je dois dire que j'ai été particulièrement fier de pouvoir jouer avec des gars comme Jamall et James Yurichuk, qui sont désormais chez les pros.»

Avec le départ de Lee pour les Panthers de la Caroline, l'offensive des Mauves aura un look complètement différent… assurément plus orienté vers le jeu aérien. À ce niveau, le quart Jesse Andrews aura beaucoup de pression sur ses épaules, lui qui devra être la bougie d'allumage de l'unité. Mais Olivier ne s'en fait pour son quart.

«Lors de ses premières années avec l'équipe, il essayait parfois de trop en faire, en se fiant uniquement sur ses capacités athlétiques. Aujourd'hui, il a grandement amélioré ses prises de décision. C'est un quart beaucoup plus mature, et on compte sur lui pour remporter quelques matchs à lui seul, cette saison.»

Pour faciliter la tâche d'Andrews, il pourra compter sur un groupe de receveurs aguerri. Déjà, avec les vétérans Shawn Gore et Steven Turner, on parle de deux joueurs explosifs qui peuvent inscrire un touché chaque fois qu'ils touchent au ballon. Il faudra aussi surveiller la recrue Duraney White, qui a fait la pluie et le beau temps avec les Cheetahs de Vanier, au cours des dernières années. Du haut de ses 6 pieds et 6 pouces, il sera une cible de choix pour Andrews, à l'approche de la zone des buts.

Ajoutez à cela le retour en forme d'Olivier Mongeau, et on se dit que les tertiaires adverses vont parfois avoir la vie dure face aux Gaiters, cet automne.

Une histoire de possession

Lorsqu'on lui demande quel genre de receveur il est, Olivier est un peu embêté. «Je ne suis pas le plus rapide, ni celui qui va déjouer quatre joueurs défensifs chaque fois qu'il a le ballon. Je suis plus un receveur de possession, un gars qui va aller chercher le premier essai.»

L'une de ses principales forces, c'est de bien comprendre et de bien lire le jeu. Du coup, le Sorelois excelle à trouver les ouvertures dans la défensive adverse.

«J'aime bien me comparer à Ben Cahoon. Ce n'est pas le plus gros, ni celui qui inscrit le plus de touchés. Mais c'est un gars qui réussit toujours à faire les attrapés difficiles, lorsque ça compte vraiment.»

Un autre point qui joue en sa faveur, c'est qu'il est fort polyvalent, comme receveur. Ainsi, il peu s'aligner autant du côté fort que du côté faible, à l'intérieur, comme à l'extérieur.

Durant son passage chez les Diablos de Trois-Rivières (Collégial AA), ils ont été plusieurs autour de lui à prétendre qu'il était fait trop petit pour réussir à jouer au prochain niveau. «Simplement le fait d'avoir été capable de m'aligner pour une équipe universitaire, c'est une énorme fierté.»

On peut le comprendre. Il a su prouver aux mauvaises langues qu'il avait bien assez de talent pour combler les quelques kilos qu'il concède à des joueurs plus costauds. Comme il asu donner tort aux médecins qui ne croyaient pas qu'il serait capable de courir de nouveau.

Aujourd'hui à 6 pieds 2 pouces et 190 livres, l'ancien des Diablos n'est certes pas le plus imposant des receveurs du circuit. Ça ne l'empêche toutefois pas d'aller mettre son nez dans le trafic, quand la situation l'impose.

Match d'ouverture à saveur trifluvienne

Le 4 septembre prochain, alors que les Gaiters amorceront leur saison face au Vert & Or, Olivier Mongeau va vivre des moments bien particuliers. On comprend qu'après avoir frôlé la mort, le simple fait de rembarquer sur un terrain de football et d'avoir la chance de pratiquer son sport préféré, c'est déjà une victoire énorme en soi.

Dans un ordre d'idée un pas mal plus léger, Olivier va se retrouver sur le même terrain que ses trois colocataires, ce soir-là.

Lui et le secondeur Pier-Luc Champagne pour les Gaiters; le receveur Alexandre Beaudouin et le joueur de ligne offensive Samuel Desgagnés-Leblanc pour le Vert & Or. Les quatre amis, qui ont tous joué leur football collégial à Trois-Rivières, sont toujours restés très proches. Même si aujourd'hui, ils ne sont plus coéquipiers, mais adversaires.

Il paraît que les colocs perdants devront payer la bière, le 4 septembre au soir. Mais ça, c'est une toute autre histoire