C'est drôle come les choses peuvent changer rapidement. Il y a deux semaines, les Gaiters avaient battu les Redmen, et on se disait qu'au fond, la victoire de McGill contre Sherbrooke n'avait été qu'un coup de chance. Le Vert & Or avait vaincu les Stingers, confirmant qu'il fallait prendre les hommes d'André Bolduc au sérieux. Le Rouge et Or avait facilement eu le dessus sur les Carabins, et tout le monde s'entendait pour dire que Laval était encore une fois trop fort pour la ligue.

Les trois mêmes duels avaient lieu, cette fin de semaine. Mais cette fois-ci, c'est tout l'inverse qui s'est produit.

En allant battre les Mauves à Bishop's, la bande de Sonny Wolfe présente maintenant un dossier de 3-2 et semble bien en selle pour accéder aux éliminatoires. Avec leur victoire contre le Vert & Or, les Stingers ont non seulement prouvé que les Verts sont incapables de gagner à l'étranger, mais ils ont surtout réussi à sauver leur saison. En tout cas pour l'instant… Et avec cette éclatante victoire contre le Rouge et Or, les Carabins ont démontré qu'ils n'ont aucun complexe à avoir, face aux champions de la Coupe Vanier.

Une histoire de botteur

Lorsqu'on essaie d'analyser la victoire de 21-19 des Redmen face aux Gaiters, on réalise à quel point les statistiques sont similaires, d'un côté comme de l'autre. Vingt-cinq premiers essais d'un côté; 23 de l'autre. Trois cent quatre-vingt-six verges totales pour Bishop's; 360 pour McGill. Une interception de chaque côté. Cent soixante-dix verges de pénalité d'un côté; 160 de l'autre. Même au niveau des verges sur les bottés de dégagement, on est à 248 contre 245.

Il y a une statistique qui ne ment pas, par contre, et qui a fait toute la différence. Sur les bottés de placement, Austin Anderson a été parfait, pour McGill, réussissant chacune de ses quatre tentatives. Son vis-à-vis, Josh Maveety, a quant à lui raté ses trois placements. Dans une rencontre qui se termine par un écart de deux points, inutile de chercher des explications plus loin.

Les deux équipes sont décidément de force égale, mais cette fois, ce sont les Redmen qui sont ressortis avec la victoire. Une victoire qui leur confère seuls la troisième place du classement québécois. De leur côté, les Mauves continuent à éprouver toutes sortes de problèmes, en offensive. Avec 77 points marqués en cinq rencontres, ils sont bons derniers en offensive, au Québec. Pourtant, les Redmen ne sont pas reconnus pour leur défensive…

Cette défaite vient peut-être de mettre un terme aux espoirs des Gaiters de participer aux séries éliminatoires. Comme quoi l'après Jamall Lee aura finalement été aussi difficile que prévu…

Ça continue pour les Verts…

Même en essayant très fort de comprendre, on reste sans réponse devant les déboires du Vert & Or, sur la route. Les hommes d'André Bolduc ont encaissé, samedi, une septième défaite consécutive, sur les terrains adverses. Une défaite de 34-22 face aux Stingers, qui n'avaient toujours pas de victoire, cette saison. Sans vouloir excuser la décevante performance de Concordia, lors des quatre premiers matchs, on a tout de même réalisé à quel point la blessure de Liam Mahoney a fait mal à cette équipe.

La recrue de l'année au Canada en 2007 a connu son meilleur match en tant que receveur, amassant un total de 258 verges, en plus de marquer deux touchés. Son deuxième majeur de la rencontre portait d'ailleurs le score à 24-0 en faveur des Piqueurs. Un jeu de 82 verges où la tertiaire des Verts a eu la bonne idée d'arrêter de courir, alors que Mahoney gambadait vers la zone des buts.

Ce qu'on retient surtout, pour les Stingers, c'est le jeu du porteur Cedric Ferdinand. Il n'a rien fait d'exceptionnel, avec ses 84 verges au sol et un touché. Par contre, il en a fait juste assez pour que la défensive adverse doive se concentrer à l'arrêter, plutôt que de porter toute son attention sur le jeu aérien. Voilà qui a ouvert le jeu pour le quart Robert Mackay, qui a connu un fort match avec 350 verges par la passe, trois passes de touché et aucune interception.

Si Concordia a réussi à courir avec succès, c'est que l'absence du secondeur Filipe Fonseca s'est fait sentir, du côté de Sherbrooke. Son coéquipier Kevin Régimbald a connu tout un match, avec 8,5 plaqués et un sac du quart, mais l'absence du numéro 44 a paru.

C'est une défaite qui fait très mal au Vert & Or. Avec deux matchs face aux Carabins et un contre le Rouge et Or, d'ici la fin de la saison, on se demande vraiment comment les hommes d'André Bolduc vont faire pour conserver leur quatrième place…la dernière donnant accès aux éliminatoires.

Un quart de différence

On se demandait à quel point l'absence de Marc-Olivier Brouillette avait fait mal aux Carabins, il y a deux semaines.

De un, les Bleus sont une équipe qui préconisent le jeu au sol, d'abord et avant tout. De deux, Brouillette nous avait habitués à des performances très ordinaires, au cours des dernières années, lorsque ça comptait vraiment. Disons simplement que le quart de quatrième année nous a fait mentir, dimanche, en y allant d'une prestation inspirée.

D'accord, il a lancé deux interceptions, mais il a tout de même amassé 233 verges par la passe, lancé une passe de touché et inscrit un majeur par la course.

En fait, ce n'est pas seulement le numéro 4, mais l'équipe au grand complet qui a joué tout un match. On avait affirmé plus tôt cette semaine que la seule façon dont les Carabins pourraient vaincre le Rouge et Or, c'est en les surprenant à l'offensive, et en jouant mieux que l'adversaire en défensive et sur les unités spéciales. Bref, il fallait connaître un après-midi parfait.

Ça n'a tout de même pas été parfait, mais on doit lever notre chapeau à Marc Santerre et ses hommes. Surtout la défensive, qui a complètement muselé l'excellente attaque lavalloise. Et ce, malgré l'absence de deux de ses meilleurs joueurs : le demi de coin Hamid Mahmoudi et le secondeur extérieur Christian Houle.

On se doit de parler de la ligne défensive, qui a été exceptionnelle, une fois de plus. On retient surtout le travail de l'ailier Mathieu Brossard (8 plaqués et deux sacs du quart) et du plaqueur Grégory Alexandre (5 plaqués et un sac). Ces deux là étaient tout simplement partout sur le terrain.

Si on s'attendait à voir la ligne défensive dominer de la sorte, on vous avoue être franchement étonné par le rendement de la ligne à l'attaque. Contre ce qui est peut-être la meilleure défensive au pays, les cinq mastodontes ont permis d'amasser un impressionnant total de 451 verges. En plus, ils n'ont accordé qu'un seul sac du quart, en cinq matchs!

Du côté du Rouge et Or, même si on nous martèle depuis plusieurs années que Cesar Sanchez-Hernandez pourrait être partant à peu près partout dans la ligue, il faut se rendre à l'évidence. Laval n'est pas la même équipe sans Benoît Groulx. Quoi qu'on en dise, on ne remplace pas le meilleur joueur au pays.

Quelques notes

-On le sait, le Rouge et Or compte sur un excellent groupe de receveurs. Mais parfois, on se demande si ça rend vraiment service à l'équipe. Elle a la chance de miser sur plusieurs très bons athlètes à cette position, comme Victor Tremblay, Mathieu Picard et Mathieu Bouvette, pour ne nommer que ceux-là. Mais Laval possède surtout celui qui est peut-être le meilleur receveur au Québec, voire au Canada, en Julian Feoli-Gudino. On trouve anormal qu'à ce stade-ci de la saison, le numéro 83 ne soit pas plus impliqué dans l'offensive. C'est beau vouloir distribuer le ballon, mais il faut savoir donner l'objet à ses meilleurs athlètes.

- Petit mot de soutien, en terminant, au receveur Jonathan Massé-Simard du Vert & Or, qui devra accrocher ses crampons, après avoir subi une vilaine blessure, lors de la rencontre de samedi. Jo-Mass, pour les intimes, est tout un compétiteur, mais surtout un ami. Bonne chance, Jo!