La saison de football universitaire canadien se conclura avec la 50e édition de la Coupe Vanier. Pour la première fois de son existence, le match sera disputé à Montréal, plus précisément au Stade Percival-Molson.

La motivation pour la prochaine campagne n’a pas été difficile à trouver du côté des Redmen de l’Université McGill. Avec la Coupe Vanier dans leur cour, l’objectif est de participer à la finale du Sport interuniversitaire canadien (SIC).

« Nous accueillions la Coupe Vanier, alors un objectif plus bas que d’y accéder serait inacceptable. Alors notre but, c’est de s’y rendre et de jouer dans notre propre maison. Je pense qu’il y a seulement nous qui y croyons. C’est nous contre le monde entier », a exprimé l’entraîneur-chef Clint Uttley qui a par la suite ajouté qu'une exclusion des éliminatoires serait extrêmement décevante.

Les Redmen de McGill« On y pense depuis que ç’a été annoncé. On se le répète toutes les semaines et tous les jours. Ça reste dans la tête et c’est ce qu’on vise », a assuré le joueur de ligne offensive de troisième année, Pierre-Olivier Daloze.

Le chemin est toutefois long et très ardu avant de pouvoir penser à la Coupe Vanier, surtout dans « la meilleure association au pays » selon le nouveau coordonnateur défensif des Redmen, Ronald Hilaire.

McGill a complété la saison 2013 avec un dossier de 3-5 ratant les éliminatoires. Leur dernière saison gagnante remonte en 2002, où les Redmen avaient remporté la coupe Dunsmore. Il s’agit de la dernière finale québécoise remportée par une autre équipe que le Rouge et Or.

Les joueurs et entraîneurs des Redmen sont bien conscients du travail qu’il reste à faire avant de pouvoir être un prétendant.

« La coupe Vanier est un incitatif pour les joueurs et entraîneurs. Mais d’ici là, il reste beaucoup de choses à régler. Ça demeure notre objectif ultime. Mais on doit se concentrer sur le Vert et Or que nous affrontons la semaine prochaine », a insisté le coordonnateur offensif Patrick Boies.

« On est affamé cette année. Nous sommes exaspérés de perdre et nous voulons commencer à gagner. C’est ce qui va changer cette année », a répondu l’ailier défensif de deuxième année, Devon Stewart, lorsqu’il a été questionné sur ce qu’on pouvait s’attendre des Redmen cette saison.

« C’est une motivation. C’est une expérience qu’on peut vivre une seule fois dans sa vie. Mais pour se rendre là, il y a plusieurs étapes. Il faut y aller semaine par semaine, jour par jour, match par match », a complété le receveur de quatrième année, Jean-Philippe Paquette, avec le cliché bien connu dans le monde du sport.

Une défense bleue

On dit que les unités défensives gagnent des championnats.

Clint Uttley est bien au fait de ce dicton et il est allé chercher Ronald Hilaire chez les Carabins pour remédier à la situation.

En plus d’être responsable du recrutement, Hilaire a été l’entraîneur des joueurs de ligne défensive chez les Bleus en 2012 et 2013. Il a donc vu de près le système implanté par Noel Thorpe lorsque Danny Maciocia a été engagé comme entraîneur-chef. Puis, lorsque Thorpe a gradué avec les Alouettes, il a pu observer une autre perspective avec Maciocia qui a pris la place de Thorpe l’an dernier. Ronald Hilaire

« Ronald a pratiquement pris le système de Montréal, qui est probablement celui de Noel Thorpe. Il a ensuite mis sa propre touche. Il y aura des ressemblances avec ce que Montréal a fait au cours des deux dernières saisons. Le but serait d’imiter le succès qu’ils ont connu en défense et c’était la raison pourquoi nous l'avons amené ici », a expliqué Uttley qui a vanté les talents de recruteur de Hilaire. 

« J’ai apporté mon bagage de partout où je suis passé. J’ai joué aux États-Unis. J’ai eu la chance d’être repêché par les Stampeders de Calgary. J’ai ensuite vu de près les systèmes de Noel Thorpe et de Danny Maciocia. J’ai vu l’aspect défensif de Noel. Et j’ai vu la défense d’un aspect offensif avec Danny. J’ai aussi pris beaucoup de choses que j’ai apprises aux États-Unis pour les implanter dans un système canadien », a décrit Hilaire qui a évolué sur la ligne défensive de l’Université de Buffalo pendant son parcours universitaire.

Il faut donc s’attendre à voir une défense agressive comme nous a habitué l’Université de Montréal au cours des dernières saisons. Il est toutefois difficile d’implanter un nouveau système tant en défense qu’en attaque. Clint Uttley, qui en est à sa troisième saison comme entraîneur-chef de l’équipe, ne se fait pas d’illusion.

« Je ne m’attends pas à des miracles du jour au lendemain, mais je crois que nous sommes dans la bonne direction », a déclaré le pilote des Redmen qui espère rétrécir l’écart avec les équipes de tête du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

« Je pense qu’on a progressé chaque jour. Les jeunes ont bien répondu à l’appel. On est content de ce qui s’est passé et on est anxieux de pouvoir montrer ce qu’on est capable de faire. [...] La meilleure personne va jouer à chaque position que ce soit un vétéran ou un jeune. Il y a plusieurs joueurs qui se sont démarqués pendant le camp. C’est ce qu’on voulait en créant de la compétition », a reconnu Hilaire.

Un vétéran au poste de quart

Les rênes de l’attaque des Redmen seront confiées au quart-arrière de quatrième année Dallon Kuprowski lors du match d'ouverture. Mais ce dernier n’aura pas une grande marge de manœuvre avec deux quarts qui poussent derrière lui.

« Avant notre match préparatoire contre l’Université de Toronto, on était un peu dans le néant. À la suite de la rencontre contre le Varsity Blues, Dallon s’est démarqué un peu plus que les autres. Il a roulé l’attaque comme on le voulait, donc pour le moment c’est l’homme de confiance », a indiqué Boies, qui en est lui aussi à sa troisième année d’association avec les Redmen.

Pierre-Luc Moquin, un quart de troisième année, et Joël Houle, une recrue, pourraient voir de l’action si les choses tournent mal avec Kuprowski.

Houle, qui a été le joueur par excellence de la division 3 collégiale au cours des deux dernières saisons, a particulièrement fait bonne impression auprès de son entraîneur-chef.

L’ancien quart du Noir et Or du Collège Valleyfield a commencé le camp comme le troisième quart-arrière dans la charte de position. Uttley le place maintenant comme deuxième en raison de ce qu’il a vu dans le match préparatoire.

«Joël a joué la deuxième demie du match préparatoire et il a très bien fait. Nous l’avons mis dans un scénario où il devait parcourir 99 verges pour vaincre Toronto et il a traversé le terrain pour nous faire gagner », a raconté Uttley qui a ajouté que Houle est un quart très coriace.

Houle a une très bonne charpente lui qui mesure six pieds deux pouces et pèse entre 225 et 230 livres. Il est aussi très compétitif à un tel point qu’il a demandé à Uttley de jouer sur les unités spéciales dans la semaine précédant le match pré-saison à Toronto.

Laurent Duvernay-Tardif« Il a commencé le camp à titre de troisième quart. Il est tellement compétitif qu’il m’a convaincu de jouer sur la couverture de botté de dégagement. À la fin de la semaine, il était rendu le numéro 2 et on se disait que ce n’était peut-être pas une bonne idée, mais nous l’avons laissé quand même. Il a finalement réussi deux plaqués », a lancé Uttley encore ébahi par la combativité de son quart recrue.

Un des points d’interrogation des Redmen sera la tenue de la ligne offensive qui est très jeune et peu expérimentée. Le départ de Laurent Duvernay-Tardif (photo) vers la NFL a laissé un gros trou dans la protection du quart-arrière.

« Ils sont énormes. Ils ont bien fait durant le camp, mais c’est toujours lors du premier match que tu subis ton premier test », a fait remarquer Uttley.

« C’est un peu différent parce que Laurent était tellement occupé avec la médecine qu’on n’avait pas le temps de pratiquer avec lui. Il arrivait au match un peu sur le vif. Cette année, les cinq joueurs qui pratiquent sont les cinq qui vont jouer. La coordination va être un peu meilleure. Mais c’est sûr qu’il n’y aura plus le facteur monstrueux de Laurent qui démolissait tout le monde. Mais les autres gars sont prêts à prendre la relève », a confirmé Pierre-Olivier Daloze qui occupera le poste de bloqueur à gauche.

Le jeu au sol des Redmen avait connu du succès l’an dernier avec Luis Guimont-Mota, qui avait récolté 824 verges en 147 courses, soit une moyenne de 103 verges par match. Il avait été de loin le porteur de ballon le plus prolifique du RSEQ et il sera de retour pour une troisième année avec les Redmen.