Le circuit de football universitaire québécois fait relâche ce week-end. Les six entraîneurs-chefs du Réseau du sport étudiant du Québec ont donné congé à leurs ouailles pour la fin de semaine de l’Action de grâce.

Prenons donc le temps d’analyser le travail des différentes attaques depuis le début de la saison.

La tendance aérienne de 2014 s’est transportée à la présente campagne. Seul le Rouge et Or a utilisé plus souvent la course que la passe, ce qui est logique lorsqu’une équipe veut écouler le temps en deuxième demie.

L’Université Laval a maintenu une moyenne de 6,2 verges par course depuis le début de la saison ce qui la place au cinquième rang au Canada à ce chapitre. C’est toutefois les Redmen qui ont obtenu la meilleure moyenne par portée avec 6,5 verges ce qui leur confère le troisième échelon au pays.

Les Stingers avec leur quart recrue Trenton Miller ont opté pour la passe à 211 reprises, un sommet dans le RSEQ. Ils sont toutefois l’équipe qui a le moins souvent utilisé son attaque terrestre avec seulement 89 courses.

Voici une analyse de chaque formation.

ROUGE ET OR DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (5-0)

Les octuples champions de la Coupe Vanier ont inscrit 18 touchés offensifs depuis le début de la saison, dont 11 au sol. L’attaque terrestre a vraiment permis à l’Université Laval de prendre du rythme et de garder les équipes adverses sur leurs gardes à tout moment. Avec le bon travail des quarts-arrières, l’attaque du Rouge et Or a retrouvé son aplomb.

On se demandait si l’attaque du Rouge et Or serait au ralenti après la commotion cérébrale subie par Hugo Richard. La réponse est non. L’unité offensive lavalloise a gagné en moyenne 525,4 verges par match lors de ses cinq premières sorties.

Maxime Boutin et Christopher Amoah se sont partagé le champ arrière depuis le début de la saison, mais Boutin, un vétéran de cinquième année, a eu la majorité des portées. Le produit du CNDF a récolté 414 verges en 74 courses, soit une moyenne de 5,6 verges. Il est le porteur de ballon le plus occupé du RSEQ en plus d’être au premier rang du circuit québécois pour les verges au sol.

Marc-Antoine LangevinOn ne peut rien reprocher à Marc-Antoine Langevin (photo*) qui a pris les rênes de l’attaque en l’absence de Richard. Ce dernier est présentement le quart le plus précis au pays avec 76,1 % de passes complétées. Il n’a lancé qu’une seule interception et ce fut au deuxième quart de son premier départ.

Le coordonnateur offensif du Rouge et Or, Justin Éthier, a majoritairement choisi des jeux aériens qui visaient Félix Faubert-Lussier et Tyrone Pierre au cours des cinq premiers matchs. Faubert-Lussier a capté 26 passes pour 335 verges de gains.

Pierre, qui a terminé la dernière rencontre avec 11 réceptions pour 311 verges de gains, a été visé à 23 reprises pour 539 verges. Ses 23,4 verges en moyenne par attrapé le place au troisième rang au pays.

Pierre est souvent aligné comme receveur et on utilise à merveille sa grande portée et sa vitesse. Faubert-Lussier a d’excellentes mains et il est l’homme de confiance sur les deuxièmes essais.

La ligne à l’attaque du Rouge et Or, qui a subi plusieurs changements cette saison, est égale à elle-même n’ayant accordé que quatre sacs. Les vétérans Charles Vaillancourt, Jason Lauzon-Séguin et Philippe Gagnon sont bien appuyés par Vincent Levitt au centre et Jean-Simon Roy au poste de bloqueur à gauche.

Le travail de l’entraîneur Carl Brennan et de ses gros bonshommes est encore une fois responsable en grande partie des succès de l’attaque terrestre du Rouge et Or.

Le seul point que les Lavallois doit améliorer se retrouve dans la zone payante. Bien que l’équipe ait marqué 11 touchés en 20 présences, elle a commis trois revirements dont deux échappés dans cet aspect critique d’un match de football.

CARABINS DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL (3-2)

L’attaque des champions en titre de la Coupe Vanier est à la recherche de constance cette saison.

Les Bleus ont la chance d’avoir le meilleur ratio de revirements avec un plus-7 (16 provoqués contre 9 commis). Néanmoins, l’unité offensive a laissé beaucoup de points sur le terrain.

Les Carabins n’ont inscrit que 14 touchés cette saison bien qu’ils ont eu en moyenne la possession du ballon pendant 31:42 par partie. En 20 occasions dans la zone payante, la troupe de Danny Maciocia a converti seulement neuf majeurs.

L’attaque a parfois de la difficulté à prendre son rythme et les pénalités, sur toutes les facettes, ont fait mal à l’équipe depuis le début de la saison. L’UdeM a réussi 106 premiers jeux en cinq matchs, soit le deuxième plus bas total dans le RSEQ.

La force des Carabins est encore une fois l’attaque aérienne. Gabriel Cousineau est le quart du RSEQ avec la plus haute récolte moyenne par match avec 280,6 verges. Son pourcentage de passes complétées est tombé sous la barre des 70 % en raison de sa contre-performance à Sherbrooke. Le quart de cinquième année a lancé six passes de touché, mais autant d’interceptions. Les Bleus auront besoin d’un Cousineau en plus grande forme s’ils veulent répéter l’exploit de 2014.

La grande surprise du côté de l’attaque, c’est l’émergence de la recrue Louis-Mathieu Normandin. On savait que le receveur était bourré de talent, mais il est étonnant de voir son utilisation par le coordonnateur offensif Marco Iadeluca.

Le produit des Spartiates du Vieux-Montréal a capté 30 passes, le deuxième plus haut total du RSEQ. Il a gagné 509 verges, soit une moyenne de 101,8 verges par match.

Régis Cibasu, qui avait été dominant durant les éliminatoires l’automne dernier, n’a marqué qu’un seul touché depuis le début de la saison. Le receveur de deuxième année a toutefois réalisé quelques attrapés spectaculaires. Il faut s’attendre à ce qu’il soit visé plus souvent dans les moments importants plus la saison avancera.

L’attaque montréalaise a obtenu en moyenne 401,2 verges par rencontre, dont 115,6 provenant du jeu au sol.

Le champ arrière a été majoritairement partagé entre Sean Thomas Erlington et Will Altéma. Gabriel Parent est le porteur avec la plus haute moyenne par course avec 11,1 verges. Il n’a toutefois porté le ballon qu’à neuf reprises. Thomas Erlington est le vétéran des trois demis offensifs et son travail sur les blocs lui donne un avantage sur les deux autres.

La ligne offensive a subi des modifications en cours de route. Le poste de bloqueur à gauche est la raison de tous les changements. Gustave Sylvestre n’a disputé qu’une seule rencontre cette saison et son remplaçant, Arnaud Gendron-Dumouchel, a lui aussi subi une blessure.

Marc Glaude, qui était un garde partant, est maintenant utilisé à ce poste. Jason Raymond, un remplaçant de luxe, a pris sa place comme garde à droite. La chimie s’installe au sein du groupe qui offre une belle protection à Cousineau.

VERT & OR DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE (3-2)

Jérémi Roch n’a plus que trois matchs de saison régulière à disputer à sa carrière universitaire. Comme durant la majorité de son stage à Sherbrooke, l’unité offensive du Vert & Or privilégie la passe. Mais il s’agit de l’équipe qui a porté le ballon le plus souvent derrière le Rouge et Or.

Bien que l’attaque au sol n’ait gagné que 4,4 verges par course, la performance de Simon Benoit face aux Carabins pourrait bien relancer l’attaque terrestre de l’UdeS. Félix Marquis-Chevrier et lui se sont partagé le travail équitablement. Leurs deux styles se marient bien un peu comme Boutin et Amoah dans le champ arrière du Rouge et Or.

L’unité offensive de Mathieu Pronovost, qui en est à sa première année à appeler les jeux, a gagné 398,8 verges en moyenne par rencontre. L’attaque du Vert & Or a disputé son meilleur match contre l’Université Laval lors de la deuxième semaine d’activités.

Comme ce fut le cas l’an passé, la béquille du Vert & Or se situe lorsque l’attaque se présente dans la zone payante. La formation sherbrookoise n’a converti que 16 de ses 22 chances dans la zone payante (8 touchés, 8 placements). Ce ratio doit nettement s’améliorer pour ajouter des points qui seront importants contre le Rouge et Or dans deux semaines et en éliminatoires.

Roch a connu de bons matchs depuis le début de la saison, mais deux plus moyens contre les Carabins. Son pourcentage de passes complétées se situe à 58,6 %, ce qui est en deçà de ce à quoi on s’attend de lui. Il a neuf passes de touché contre six interceptions, dont cinq qui ont été commises dans les deux matchs contre les Bleus.

Le quart de cinquième année a généralement bénéficié d’une bonne protection avec une ligne à l’attaque qui s’améliore de match en match. Celle-ci n’a concédé que six sacs du quart bien qu’elle ait dû se débrouiller sans le vétéran garde Jean-Philippe Bérard à un moment.

Roch est moins cérébral que par le passé ce qui aide l’attaque du Vert & Or a développé plus de longs jeux. Il doit toutefois éviter les erreurs et mettre le ballon dans les mains de ses receveurs.

On se questionnait en début de saison à savoir qui allait remplacer le vide laissé par les départs de Sébastien Blanchard et Francis Lapointe. C’est finalement un comité formé par Jean-Raphaël Moisan, Frédérick Caron et Carl Gagnon-Bisaillon qui a pris la relève.

Gagnon-Bisaillon est de retour cette saison et il démontre qu’il est un receveur en qui on peut avoir confiance. Il sécurise bien le ballon et il capte à peu près n’importe quelle passe qui est lancée en sa direction.

Caron est la belle surprise du groupe. Le receveur éloigné de quatrième année est très rapide et il est très bon dans les attrapés contestés.

Malgré tout, l’attaque du Vert & Or passe encore par les performances de Roch. Le jeu au sol doit toutefois venir l’aider en gagnant des verges sur les premiers jeux. Une bonne attaque terrestre forcera les équipes à garder des joueurs dans la boîte et à laisser certains receveurs en un contre un.

REDMEN DE L’UNIVERSITÉ McGILL (3-2)

Tout le monde avait hâte de voir ce que Benoit Groulx allait être en mesure de faire à la tête de l’unité offensive des Redmen. Après cinq rencontres, l’unité offensive de McGill performe extrêmement bien avec en moyenne plus de 400 verges de gains par match. Elle est parfaite en zone payante avec huit touché et quatre placements en 12 présences ce qui est étonnant pour une jeune équipe.

Après avoir perdu leur quart numéro un dès le premier jeu du deuxième match de la saison, les Redmen ont dû s’en remettre à la recrue Nicolas English. Le produit des Géants du Cégep de St-Jean-sur-Richelieu a connu des débuts timides en remplacement de Joël Houle. Mais le jeune homme a gagné en confiance et il faut saluer le travail de Groulx.

Nicolas English et Luis Guimont-MotaLa production du jeu au sol explique les récents succès de McGill. Luis Guimont-Mota s’est mis en marche contre les Axemen d’Acadia, tout comme le Français Nicolas Khandar.

Les Redmen ont gagné plus de 100 verges au sol à chacun de leurs trois derniers matchs. Guimont-Mota est le meneur des Redmen avec une récolte de 314 verges en 53 courses (5,7 verges en moyenne).

Khandar s’est révélé durant les deux derniers matchs avec 153 verges contre Acadia et 88 face aux Gaiters. Le produit du Cégep de Thedford Mines a également capté trois passes pour 31 verges ce qui lui donne une moyenne de 10,3 verges par attrapé et 10,2 verges par course.

La ligne à l’attaque a subi quelques substitutions de position. Pierre-Olivier Daloze était le bloqueur à gauche en début de saison. Après plusieurs essais, l’équipe a décidé de confier ce rôle à l’imposant Qadr Spooner. Tim Mitchell demeure le garde à gauche, Terence Gamit le centre et Steven Gusew le garde à droite. Daloze, qui a participé au Défi Est-Ouest en mai, est maintenant le bloqueur à droite.

English, comme toute l’attaque des Redmen, montre une belle progression depuis ses débuts universitaires. Il est beaucoup plus calme derrière le centre et il a gagné en confiance ce qui se reflète sur toute l’unité offensive.

Groulx avait affirmé avoir simplifié ses stratégies au commencement de l’année pour habituer l’attaque à son système. Graduellement, l’ancien gagnant du Hec Crighton ajoute des subtilités et il sera intéressant de voir comment les Redmen se mesureront à des défenses coriaces comme celle du Vert & Or et du Rouge et Or.

Du côté des receveurs, Yannick Langelier-Vanasse, Louis Brouillette, Rémi Bertellin et Jonathan Mack sont les principales armes.

Les vétérans Langelier-Vanasse et Brouillette ont respectivement 23 et 22 attrapés, eux qui s’occupent aussi des retours de bottés d’envoi et de dégagement. Les deux receveurs courent des tracés précis et Groulx aime leur envoyer le ballon dans le centre des défenses adverses.

Rémi Bertellin est principalement utilisé sur le côté long comme receveur éloigné. Sa vitesse est son principal atout lui qui était employé sporadiquement à sa saison recrue l’an dernier. Le Français a aussi la tâche de dégager le ballon sur les unités spéciales.

STINGERS DE L’UNIVERSITÉ CONCORDIA (2-3)

Le quart-arrière américain Trenton Miller est l’une des plus belles histoires de cette saison dans le RSEQ. Ce dernier a fait le choix de se joindre à la troupe de Mickey Donovan bien qu’il avait des offres de la part de bons programmes de division 2 de la NCAA.

L’étudiant-athlète qui est au MBA s’est admirablement bien adapté au football canadien, ce qui n’est pas une tâche facile pour un quart-arrière provenant des États-Unis.

Le système du coordonnateur offensif Matt Connell, un ancien quart des Redmen, est basé sur le jeu aérien. Les Stingers ont effectué 211 jeux par la passe contre seulement 89 courses.

Miller, qui a gagné le poste de quart no 1 dans la lutte avec Jahlani Gilbert-Knorren, a complété 114 de ses 170 passes pour un pourcentage de réussite de 67,1 %. Il a passé pour 1299 verges bien qu’il n’ait pas été le partant à tous les matchs des Stingers depuis le début de la saison. Ses 11 passes de touché sont un sommet au Québec.

Le joueur originaire de Buffalo est très doué. Il utilise bien ses jambes lorsqu’aucun receveur n’est disponible. Il est muni d’un bon bras et il a le compas dans l’œil. Il montre beaucoup d’assurance et de confiance, ce qui n’est pas à négliger chez une jeune équipe.

Mickey Donovan vante constamment l’éthique de travail de Miller et mentionne souvent à quel point c’est une personne intelligente.

Miller a développé une excellente chimie avec le receveur Daniel Skube qui est le meneur pour les réceptions (41) dans le RSEQ. Skube est un joueur de quatrième année aux mains sûres et le retour probable d’un autre vétéran, Jamal Henry, pourrait rendre le travail des demis défensifs adverses plus difficiles.

Les défenses du RSEQ doivent également se méfier de deux recrues. Le porteur de ballon Jean-Guy Rimpel et le receveur Yanic Lessard sont utilisés à profusion depuis le début de l’année. Rimpel est le demi offensif partant de l’équipe et il maintient une bonne moyenne de 6,4 verges par course. Lessard a capté déjà 30 passes pour des de 448 verges, un sommet chez les Stingers.

Les deux joueurs comprennent très bien leurs rôles dans le système offensif que Miller dirige de mains de maître sur le terrain.

Le retour du bloqueur Roman Grozman est venu solidifier la ligne offensive. Le participant du Défi Est-Ouest a raté le début de la saison et son retour face aux Carabins a eu des effets positifs.

GAITERS DE L’UNIVERSITÉ BISHOP’S (1-4)

Depuis la fin du stage universitaire du quart-arrière Jordan Heather, le récipiendaire du Hec Crighton en 2013, Kevin Mackey est à la recherche de l’homme qui pourra le remplacer.

Bishop’s a alterné entre Shane MacDonald, Travis Eman et Alexandre Bouffard l’an dernier. Les Gaiters croyaient avoir une bonne compétition entre Eman et Bouffard cette saison, mais aucun des deux n’a su saisir l’opportunité.

C’est maintenant la recrue issue du Cégep de Limoilou, Mathieu Demers, qui occupe le poste de quart-arrière partant. Le numéro 14 n’évolue pas dans des conditions faciles alors que les Gaiters ont concédé 16 sacs depuis le début de la saison, le plus haut total au Québec.

Demers n’a complété que 52,1 % de ses passes pour 400 verges en quatre matchs. Il a lancé une passe de touché, mais a été intercepté à cinq reprises. L’unité offensive des Gaiters est très jeune alors qu’il n’y a qu’un seul receveur avec plus de quatre ans d’expérience, soit Nyjill Wilson qui mène l’équipe avec 13 réceptions.

Bishop’s peut toutefois compter sur le retour au jeu de Vincent Davignon qui viendra dynamiser l’attaque des Mauves. Le porteur de ballon de quatrième année a récolté 100 verges en 19 courses la semaine dernière lui qui s’était blessé lors du premier match de la saison. Sa présence enlèvera de la pression sur les épaules du jeune Demers.

Alexandre Bouffard est maintenant utilisé comme receveur, lui qui s’était surtout illustré avec ses jambes lorsqu’il était derrière le centre. Contre McGill samedi dernier, il a capté quatre passes pour 37 verges.

Le quart Kyle Sheahan, une recrue provenant d’Ottawa, a fait ses débuts avec les Gaiters lors du quatrième quart contre les Redmen. Pourrait-il voler le poste de partant de Demers? L’Ontarien a complété 9 de ses 13 passes pour 91 verges, mais le pointage était de 46-3 en faveur des Redmen lorsqu’il a fait son entrée dans le match.

*Marc-Antoine Langevin : crédit photo Yan Doublet