QUÉBEC – En l’espace d’un an, les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique sont passés de la risée de l’association Canada-Ouest à champions de la Coupe Vanier.

« Si on m’avait dit au début de ma carrière universitaire que c’était de cette façon que ça allait se terminer, je n’y aurais pas cru », a lancé le porteur de ballon Brandon Deschamps qui a conclu ses cinq saisons d’admissibilité universitaire samedi.

Quand Deschamps repense à tout le parcours de son équipe au cours des derniers mois, il ne peut que dire que c’était comme si quelqu’un avait écrit le script d'un conte de fées à l’avance.

Carabins 23 - Thunderbirds 26

Si on lui avait dit que Blake Nill prendrait la tête du programme de football de UBC un jour, Deschamps aurait probablement bien ri. Il aurait trouvé la blague drôle.

Il y a un an, Nill dirigeait les Dinos de l’Université de Calgary, les ennemis en quelque sorte des T-Birds. Après une défaite au championnat de Canada-Ouest, il a décidé de quitter l’équipe et de joindre un programme qui était considéré comme très médiocre.

Nill est un homme qui impose le respect. Il dégage de la confiance et cela s’est transposé chez ses joueurs. Il a tout donné pour ce programme dans la dernière année affirmant même vendredi qu’il était extrêmement fatigué, lui qui est un homme en grande forme physique.

« Cette victoire est incroyable. Il y a beaucoup de gens qui ne croient pas en ma manière de diriger parce que je suis trop intense. Mais c’est comme ça que j’ai grandi. Tout ce que j’ai fait a toujours été à 100 milles à l’heure », a-t-il mentionné plus d’une demi-heure après avoir soulevé la Coupe Vanier et encore sans mot pour expliquer ce qu’il ressentait.

C’est une surprise pour tout le monde, incluant lui, que l’équipe ait connu autant de succès dès le début de son ère. Nill était déjà un entraîneur légendaire du football universitaire canadien et ce titre ne vient que renforcer ce statut.

En conduisant son équipe à la 51e Coupe Vanier, il devenait le premier pilote à mener trois équipes différentes à la grande finale canadienne. Avec ses deux conquêtes avec les Huskies de Saint Mary’s en 2001 et 2002, il est le seul entraîneur-chef de l’histoire à avoir remporté les grands honneurs avec deux programmes différents.

Il y a eu quatre Coupes Vanier présentées à Québec et la formation qu’il dirigeait y a toujours participé. Après trois revers avec les Dinos, dont deux aux dépens du Rouge et Or, celui qui a commencé sa carrière de coach à l'Université St Francis Xavier a pu enfin savourer un titre dans une ville qu’il adore.

« Ça fait du bien d’en gagner une parce que j’en ai perdu beaucoup », a-t-il fait remarquer lui qui en a remporté trois en huit opportunités.

« C’était un gros risque de sa part (de venir ici). Ce doit être très spécial pour lui. Je ne pense pas qu’il s’attendait à ce qu’on se rende ici cette année. Il devait penser qu’on était une équipe qui pouvait se rendre en éliminatoires. Tu ne sais jamais ce qui peut se passer dans les éliminatoires. Et on voit que c’est vrai! », a exprimé Deschamps qui sera reconnaissant envers ses coéquipiers pour le reste de ses jours.

O’Connor, un homme de parole

Parmi les autres raisons qui font de Nill un des meilleurs entraîneurs au pays, il y a sa faculté à recruter les meilleurs joueurs.

Il a réussi à attirer le quart-arrière Michael O’Connor qui lui a permis samedi d’ajouter une bague de championnat à sa collection.

O’Connor était censé devenir le prochain quart-arrière partant de la prestigieuse université Penn State dans la NCAA. L’entraîneur-chef qui l’avait convaincu de joindre le programme a obtenu un emploi dans la NFL et l’avenir du natif de la région d’Ottawa devenait nébuleux.

UBC l'emporte de façon dramatique!

Il a donc accepté l’offre de « Coach Nill ». Et en arrivant avec l’équipe, il a eu ces paroles pour Deschamps : « Je vais te gagner une Coupe Vanier ».

Deschamps n’y croyait évidemment pas, lui qui n’avait connu que des saisons de misères avec UBC où le simple fait de participer aux éliminatoires était convenable. « Il est un homme de parole », a-t-il finalement lâché en parlant de celui qui aura quatre autres années d’admissibilité pour mener l’attaque des Thunderbirds.

La formation du magnifique campus situé sur le bord de l’océan Pacifique mérite tout ce qui lui arrive présentement. UBC a bûché durement, notamment pour aller chercher des victoires difficiles sur la route. Les T-Birds ont vaincu l’ancien programme de Nill à la Coupe Hardy pour ainsi infliger une première défaite aux Dinos en 2015.

« Je ne sais pas si sur papier nous devions battre les équipes que nous avons défaites. Il y avait quelque chose qui faisait que l'on continuait à se battre et à gagner. Je suis dans le même bateau que Blake à tenter de réaliser tout ce qui s’est passé. Je suis heureux pour lui qu’il soit venu à UBC et que ça l’ait payé », a raconté Deschamps, qui a inscrit un touché de 44 verges face aux Carabins à son dernier match universitaire.

Ce n’est probablement que le début d’une longue histoire de succès à UBC puisque Deschamps sera le seul partant en attaque à ne pas être de retour l’an prochain. Du côté la défense, c’est à peu près le même scénario.