MONTRÉAL – Les six équipes de football universitaire du Réseau du sport étudiant du Québec ont officiellement lancé leur camp d’entraînement dimanche.

Pour Ronald Hilaire et les Redmen de l'Université McGill, il s’agit d’une nouvelle ère. Hilaire a officiellement pris les rênes de l’équipe depuis le mois de février. Il a mis en place un nouveau groupe d’entraîneurs, mais surtout une nouvelle culture.

Avec les ajouts de Benoit Groulx comme coordonnateur offensif et de Sébastien Lévesque comme coordonnateur des unités spéciales, Hilaire a réussi à attirer deux bons recruteurs. Ce sont aussi deux anciens joueurs du Rouge et Or à la réputation de gagnant.

Et il faut croire que cela rapporte déjà. À la fin juillet, les Redmen ont fièrement annoncé que le quart-arrière du Cégep du Vieux Montréal Frédéric Paquette-Perreault avait signé sa lettre d’intention pour se joindre à l’Université McGill en 2016.

Il s’agit d’une énorme prise pour le programme puisqu’il était considéré comme l’un des meilleurs - sinon le meilleur - quarts de la cuvée 2016 du recrutement national. Il était placé 19e espoir du top-100 de la classe de recrutement 2016 du site spécialisé Canada Football Chat, une référence au pays pour l’évaluation de jeunes talents.

À la fin, Paquette-Perreault hésitait entre McGill et l’Université de Montréal. Plusieurs facteurs ont joué en faveur de l’université anglophone, dont sa relation avec les entraîneurs. En ayant joué sur les équipes des moins de 18 ans québécoise et canadienne, le pivot avait déjà été dirigé par Hilaire et Groulx.

« J’ai suivi tout ce qui s’est passé cet hiver et tous les entraîneurs qui ont été engagés. Je suis déjà très proche de Ronald (Hilaire). Coach Ben Groulx, il m’a dirigé une année avec Équipe Québec. Je le connais très bien et on s’entend bien. [...] Ce sont des trucs qui ont fait que je penchais déjà un peu vers McGill », a expliqué le résident de Rosemont qui fait énormément confiance au groupe d’entraîneurs en place.

Ronald Hilaire était évidemment très content d’avoir réussi à convaincre celui qui devra gagner le poste de partant dans un an. Les arguments ont été nombreux, mais le volet académique demeure sa meilleure carte selon lui.

Paquette-Perreault commencera son parcours en administration en janvier 2016. Le jeune homme admet que son anglais n’est pas parfait, mais qu’il s’agit justement d’une opportunité de l’améliorer. Il veut également s’ouvrir des portes partout au Canada - et dans le monde - avec son diplôme de la prestigieuse université.

La décision du quart-arrière pourrait avoir une grande influence sur le recrutement des Redmen pour les saisons à venir. Un athlète de sa trempe en attaque peut faire pencher la balance lorsqu’un joueur hésite entre deux programmes.

« C’est la recrue de premier plan que ça nous prenait à McGill pour faire tout débloquer », lançait Hilaire dès le début d’un entretien la semaine dernière.

« Ça devient beaucoup plus attrayant de savoir qu’un joueur comme lui va être là pour les cinq prochaines saisons, que tu sois receveur, porteur de ballon ou joueur de ligne offensive. Ça nous permet d’attirer encore plus de joueurs de premier plan pour changer le programme de la façon qu’on le veut », a mentionné Hilaire, lui-même un ancien joueur des Spartiates du Vieux Montréal.

« En jouant pour les équipes du Québec et du Canada, j’ai créé des liens (avec des joueurs qui ne sont pas avec les Spartiates). Je ne sais pas si ça va les influencer. Si oui, tant mieux! C’est sûr que je veux la meilleure équipe possible, mais ça va rester leur décision », a indiqué l’imposant quart de six pieds deux pouces et 214 livres.

Celui qui en était à une première campagne comme partant au Vieux Montréal en 2014 a pris une décision avant sa saison collégiale pour se concentrer uniquement sur le football cet automne. Ses coéquipiers avec les Spartiates, les champions en titre de la division 1, ont été les premiers informés de son choix.

Par le passé, certains joueurs sont revenus sur leur décision. La lettre d’intention n’est pas comme un contrat que l’étudiant-athlète doit absolument honorer. Paquette-Perreault assure que sa décision est finale et que son prochain entraîneur n’a pas besoin d’avoir de souci.

« Quand je prends une décision, je reste avec à 100 %. Je fais hyper confiance aux entraîneurs et l’école est très bonne. Je ne pense pas qu’il y ait un facteur qui pourrait me faire changer d’idée », a suggéré celui qui a de bonnes notes au cégep.

« C’est quelqu’un de parole. Il n’a pas pris une décision hâtive. Ç’a été une décision réfléchie. Ç’a pris beaucoup de temps. Il est confortable avec son choix et il rentre en janvier. Je ne suis pas trop inquiet », a dit Hilaire.

Déjà un leader

Frédéric Paquette-Perreault a passé la saison 2013, sa première au niveau collégial, sur les lignes de côté. Quart réserviste de Hugo Henderson, le produit de l’école secondaire Jean-Eudes a appris de son homologue, mais n’a pas vu beaucoup d’action, ne décochant que 31 tentatives de passe.

Avec la fin de la carrière collégiale de Henderson, qui s'aligne maintenant avec les Carabins, Paquette-Perreault a pris les commandes de l’unité offensive en 2014. Il a complété 157 de ses 277 passes pour 1973 verges de gains avec 17 passes de touché contre 11 interceptions. Il n'a pas eu peur d'utiliser ses jambes et il est très mobile dans sa pochette.

Il a aussi permis aux Spartiates de remporter deux matchs éliminatoires en surtemps, dont la finale en triple prolongation face aux Cougars du Cégep de Lennoxville. Le Vieux Montréal remportait ainsi un premier Bol d’Or depuis 2009.

Selon son entraîneur collégial Cherif Nicolas, Paquette-Perreault donne l’exemple avec une excellente éthique de travail.

« Il n’avait pas été partant à sa première année et il a quand même été voté comme capitaine. Ça démontre que les gars le considèrent comme un leader. Il fait toujours les bons choix, tant dans l’entraînement que dans ses cours », a décrit Nicolas qui le considérait comme le meilleur quart provenant du niveau secondaire il y a trois ans.

En majorité, les joueurs des Spartiates poursuivent leur carrière de footballeur avec le Rouge et Or ou les Carabins. Les Redmen pourraient ravir plusieurs excellents athlètes avec la nouvelle culture de l’équipe. Outre Hilaire et Paquette-Perreault, Benoit Groulx a aussi joué son football collégial avec les Spartiates.

Néanmoins, les Redmen ont une saison à disputer en 2015 avant de compter le produit du Vieux Montréal parmi leurs rangs. Ils devront travailler très fort pour accéder aux éliminatoires après une campagne sans victoire en huit matchs. Le joueur de deuxième année Joël Houle ainsi que les recrues Nicolas English, Matthew Mannarino et Matthew Prucha se feront la lutte pour le poste de quart partant cette saison.

McGill devrait en théorie être plus compétitif qu’en 2014, mais l’équipe n’a pas encore les ressources pour rivaliser avec les meilleures formations du RSEQ.

L’an prochain, Paquette-Perreault devra démontrer aux entraîneurs qu’il peut être leur homme de confiance. Si le quart poursuit sa progression, il pourrait bien devenir la tête d’affiche du programme tant recherché par Hilaire. Avec d’autres bonnes années de recrutement et de développement, les Redmen pourraient redevenir la puissance qu’ils ont déjà été d’ici trois à quatre ans.

Le recrutement ne sera pas plus facile dans les années à venir. Mais si chaque université réussit à attirer des joueurs d'élite, ça ne fera qu’améliorer le spectacle.

« C’est sûr que ce serait le fun que les forces ne soient plus concentrées uniquement à Laval et Montréal seulement. Je ne sais pas si c’est dans un futur proche ou plus lointain. Seul le temps va nous le dire », a conclu Paquette-Perreault.