OTTAWA - L'Université d'Ottawa, qui avait déclenché une enquête sur ses joueurs de hockey en lien avec des accusations d'agressions sexuelles, semble avoir agi dans le cadre d'une stratégie juridique, afin d'éviter les poursuites.

L'établissement scolaire refuse maintenant de dévoiler les rapports d'enquête sur l'incident qui avait mené à la suspension de l'équipe.

La police de Thunder Bay avait déposé en août des accusations d'agression sexuelle contre deux de ses joueurs sur une femme de 21 ans, en février 2014. L'équipe de hockey avait finalement été suspendue pour les saisons 2013-2014 et 2014-2015. Les 22 autres athlètes ont toutefois intenté une poursuite de 6 millions $ contre l'université pour avoir porté atteinte à leur réputation de façon injustifiée.

L'avocat représentant les joueurs estime qu'il est erroné et injuste de taire les raisons de leur suspension. Selon Laurence Greespon, il n'est pas normal que l'université garde secrètes les raisons pour lesquelles les jeunes hommes ont été punis.

En juin dernier, le recteur de l'université Allan Rock avait confirmé que l'enquêteur indépendant Steve Gaon avait remis son rapport. Il avait précisé que l'entraîneur de l'équipe Réal Paiement avait été licencié parce qu'il n'aurait pas tenu au courant l'université des événements de février à Thunder Bay.

M. Rock, dans une lettre qu'il avait fait parvenir au quotidien le Globe and Mail, avait ajouté que l'enquête avait fait état d'un comportement « déshonorant », qui serait généralisé dans l'équipe

Or, selon un avocat de l'université, ces rapports - parce qu'il y en avait véritablement deux - avaient aussi été commandés pour obtenir des conseils juridiques. La direction martèle donc que ces informations doivent rester confidentielles parce qu'elles sont de nature juridique.

La Presse Canadienne avait déposé, sans succès, une plainte au Bureau du commissaire à l'information de l'Ontario pour réclamer la publicité des rapports.

L'université avait même préparé pour les médias un rapport modifié, où l'on avait caviardé notamment les noms des joueurs, mais elle avait finalement conclu que cela pourrait compromettre « la possibilité, pour l'université de recevoir des conseils juridiques ».

Selon la présidente de la Fédération étudiante de l'université Anne-Marie Roy, l'université devrait rendre publics les rapports par souci de transparence.

« S'il y a des conclusions graves dans ce rapport, comment fait-on pour s'assurer que l'université met tout en place pour que cela ne se reproduise plus? », a-t-elle lancé.