C’était avant la série Cops sur FOX, et The Apprentice de Donald Trump. Il n’y avait pas encore de Big Brother, d’American Idol ou La Voix. Il y a 25 ans aujourd’hui, le 17 juin 1994, le monde était témoin de la fuite d’OJ Simpson à bord d’un Ford Bronco blanc. Avec du recul, il s’agit peut-être du premier cas de télé-réalité aux heures de grande écoute. Les images du véhicule, conduit par un ami de Simpson, Al Cowlings, ont depuis fait plusieurs fois le tour du monde. Vous vous souvenez de cette soirée de 1994? Où étiez-vous? Avec qui étiez-vous? Personne ne savait de quelle manière le tout allait prendre fin.

Voici le lien vers mon topo audio.

Alors que de nombreux détails de l’affaire Simpson demeuraient inconnus à l’époque, l’ancienne gloire du football américain y allait d’un coup d’éclat que personne n’allait oublier. Alors que le quotidien de millions de personne allait bon train, les chaînes de télévisions de par le monde suspendaient leurs programmations pour retransmettre les images de la camionnette blanche sillonnant l’autoroute 405, dans le Sud de la Californie.

Au volant du véhicule, Al Cowlings, un ami de longue date de Simpson. Il avait prévenu des policiers que Simpson, qui avait selon lui des idées suicidaires, était sur la banquette arrière. Il avait en sa possession une arme à feu. À ce moment, deux douzaines de voitures de police suivaient la camionnette. Simpson, qui avait omis de se présenter en Cour plus tôt dans la journée pour le dépôt de l’accusation pour les meurtres de son ex-femme Nicole Brown Simpson et de Ronald Goldman, allait éventuellement se rendre chez lui pour y être appréhendé.

Mais au-delà de l’arrestation, des millions de personnes étaient rivés à leurs téléviseurs. On ne voulait rien manquer. Tout le monde y allait de sa propre hypothèse. Est-ce que OJ allait mettre fin à ses jours? Les forces policières allaient-elles forcer Cowlings à stopper le véhicule sur l’autoroute? Et de quelle manière les policiers allaient agir s’il refusait d’obtempérer aux ordres? Certains pensaient même que les policiers allaient abattre Simpson. D’autres croyaient que Simpson choisirait de se rendre sur l’accotement de la voie rapide; l’une des plus achalandée de la Californie. Mais en raison de cette situation, les sorties avaient été bloquées. Seulement le Bronco et les autos patrouilles circulaient sur la I-405 en cette fin d’après-midi sur la côte Ouest (début de soirée dans l’Est).

Ce suspense en direct avait un élément surréel. Comment un monument comme OJ Simpson pouvait se retrouver dans une telle situation? Je vous rappelle, on ne connaissait pas tout du dossier. Mais il y avait aussi un élément de télé-réalité. La télévision prouvait, une fois de plus, le pouvoir du direct. Le live avait accentué les réactions, les émotions. Des gens s’étaient installés au salon, dans la cuisine, au garage, dans les bars, les terrasses ou au détaillant du coin pour suivre les péripéties de cette télé-réalité; un terme encore inconnu à l’époque.

Il est à noter aussi que l’ambiance qui se dégageait de cette scène, prenait de plus en plus des allures de cirque au fur et à mesure que le temps passait. Les gens s’arrêtaient sur les viaducs et en bordure de l’autoroute pour envoyer la main en direction du Bronco blanc, qui transportait après tout un individu accusé d’un double homicide. Certaines personnes avaient même préparé des affiches en guise d’appui au membre du Temple de la Renommée du Football. D’autres applaudissaient et chantaient. Plusieurs personnes avaient déclaré quelques jours après l’événement avoir prié pour le salut de Simpson.

Des milliers de personnes le long de l'autoroute 405Source: theundefeated.com/photo d'archives
Légende: Des milliers de personnes le long de l'autoroute 405

OJ Simpson sera éventuellement reconnu non coupable des accusations criminelles, le 3 octobre 1995, dans un procès médiatisé à l’extrême.

Avec les années, les images de la fuite de Simpson avec les voitures de police à ses trousses, sont devenues tout aussi mémorables dans l’imaginaire des gens que celles de l’assassinat de John Kennedy en 1963, du but de Paul Henderson en 1972, ou encore de la catastrophe de la navette Challenger en 1986.