Oui je sais, je suis en retard. Cela fait maintenant près d'un mois que nous avons eu la nouvelle que nous craignons tous: l'annulation de la saison 2020 de la Ligue canadienne de football (LCF).Au départ, je ne voulais pas écrire de billet là-dessus. Premièrement, commenter cette nouvelle nécessiterait de prendre en considération un nombre très important de variables afin d'avoir un portrait aussi clair et précis de la chose. Deuxièmement, tout a déjà été dit sur la question et ma contribution au débat n'apporterait pas grand-chose. Troisièmement, mon intérêt se porte surtout sur les activités davantage ''concrètes'' de la LCF, à savoir les matchs en eux-mêmes, les transactions, les rapports de force, etc. Ce pourquoi ce texte sera assurément court et sans élément réellement nouveau.Je tenais néanmoins à ajouter mon grain de sel, aussi valable soit-il, dans la situation qui touche tous les amateurs de football au Canada.

 

La décision de suspendre ou non la saison 2020 de la LCF se devait d'être prise en considérant plusieurs éléments, dont voici une liste exhaustive et simplifiée: le modèle d'affaires, la santé des joueurs et des partisans, le rapport cout/revenu, la faisabilité du projet de ville bulle de Winnipeg ainsi que l'assistance du gouvernement fédéral. C'est ce dernier élément qui devait déterminer la suite des choses. Le commissaire Randy Ambrosie avait mal paru devant le comité des Finances en demandant une assistance gouvernementale de 30 millions $ en cas de saison écourtée, montant auquel s'ajouterait une autre somme de 120 millions $ en cas d'annulation de la saison. Cette demande a été révisée pour finalement aboutir à une demande de prêt de 30 millions $ sans intérêt. Si accordé, le prêt en question devait payer non seulement les joueurs, mais aussi les travailleurs et infrastructures nécessaires en vue de l'établissement d'une bulle à Winnipeg, choisie ville hôtesse entre temps. Comme nous le savons, rien de tout cela n'aura lieu.

 

Maintenant que la question est réglée (dans le mauvais sens bien entendu), nous n'avons pas le choix d'attendre le développement de la pandémie de Covid-19. Rien ne garantit que la LCF sera en mesure de tenir une saison complète en 2021 comme si de rien n'était. Dans la situation actuelle, nous avons de la difficulté à concevoir que la ligue puisse reprendre ses activités s'il n'y a pas de vaccin. En conséquence, nous devons garder l'oeil ouvert sur au moins trois dossiers.

 

Le premier est une potentielle refonte du modèle d'affaire de la ligue. Le fait que les revenus de la LCF soient très dépendants de la billetterie a contribué à rendre plus difficile la tenue d'une saison 2020, alors que d'autres ligues professionnelles en Amérique du Nord n'ont pas nécessairement ce problème grâce à des contrats de télévision plus lucratifs. Un changement doit s'opérer pour que la situation que nous avons connue ne se reproduise pas. Cependant, ceci est plus facile à dire qu'à faire. Le faible nombre d'équipes, la monopolisation de la diffusion des matchs de la LCF et l'absence de réelle compétition pour les droits de télévision sont certains facteurs parmi d'autres qui empêchent la ligue d'avoir de plus grands revenus. Les gouverneurs devront trouver un moyen d'améliorer la situation tout en restant terre à terre.

 

Le second est le sort des joueurs. Nous avons pu entendre beaucoup de frustration venant de ceux-ci au cours des dernières semaines. Cependant, contrairement à ce que certains pouvaient prévoir, il n'y a pas eu d'érosion. Selon le site de transaction de la LCF, entre le 20 aout et le 3 septembre, 103 joueurs ont décidé de se soustraire à leur contrat et devenir agents libres. Malgré quelques noms connus comme le botteur Ritchie Leone , le receveur Ricky Collins, le quart-arrière MacBeth ou le secondeur

 

Enfin, le troisième dossier est le sort d'Ambrosie. Même avant la pandémie, son leadership a été contesté suite par exemple à sa gestion douteuse de la vente des Alouettes, de sa proposition inutile de réforme du système de série éliminatoire ou sa relation houleuse avec l'AJLCF. La crise actuelle n'a fait qu'amplifier les problèmes que nous connaissions déjà. Je reconnais que le travail de commissaire de la LCF doit être difficile, mais les gouverneurs devront se demander si Ambrosie est l'homme de la situation pour diriger la barre de la ligue, chose dont certains personnes (et moi) doutons.