À 14 ans, à l’école, Mike Morin se faisait écœurer à cause d’un surplus de poids. Il a bien réfléchi. À partir de ce moment, il s’est mis à courir et n’a plus jamais arrêté !

 Voilà un drôle de pistolet. Une vie spéciale pour cet ex-enseignant de français maintenant à la retraite depuis cinq ans. Posez-lui la question à savoir s’il a eu des enfants ? Du tac au tac, il répliquera qu’il en avait 120 à chaque année et ce, durant 28 ans !

 Or, il s’arrête et ajoute : « Tu parles d’un trou dans ma vie. C’est un grand vide et j’ai dû en faire mon deuil. » Toutefois, on se rend compte qu’à 62 ans, la plaie est encore vive, davantage lorsqu’on aborde le sujet. Il glissera rapidement ces deux relations où ses compagnes étaient enceintes et ont décidé de ne pas rendre le projet à terme. Se relève-t-on d’une épreuve du genre ?

 

Mike Morin, un gars spécial, unique.

 

Mike, c’est une bibitte. Dès les premières phrases de notre entretien, il m’oriente avec le fait saillant de sa vie. Le moment où il se retrouvait éreinté mais sans jamais être essoufflé. En 2012, il subira trois interventions chirurgicales à cœur ouvert et celle qui les pratiquera est une marathonienne !

 Il tombe entre bonnes mains. Dès le 28 novembre de cette même année, le voilà avec une valve mécanique qui lui sauvera la vie mais qui surtout, lui permettra de continuer à courir car il en ressent le besoin. « J’avais fait une prière profonde, j’avais demandé d’obtenir une seconde chance et que si la providence me l’accordait, je me chargerais de poser des gestes concrets pour la balance de mon séjour sur terre. »

 Quelques semaines plus tard, naît le club Fartlek Action de Granby et jusqu’ici, il aura dirigé plus de 700 athlètes. Après au-delà de 40 ans de course à pied, il relate avec fierté qu’il a lancé les carrières d’Alister Gardner, Mélanie Choinière, Lyne Bessette pour ne nommer que ceux-là. Et dire qu’à 49 ans, suite à un examen pour une bronchite, on lui avait décelé un souffle au cœur mais pas assez sérieux pour l’opérer dans l’immédiat !

 

Après avoir traversé des ennuis cardiaques, Mike Morin a rapidement retrouvé ses souliers de course.

 

On sent nettement le dynamisme dans le discours de Mike. « Disons que je connais le tabac et je frappe pour une bonne moyenne au bâton ! »

 On parle d’un coureur talentueux avec un 17:00 sur un 5 km, 1h23 au demi-marathon et un 3h03 comme meilleur temps pour le marathon en 1984. Son pire 42 km est de 3h33 en 1979 ! Avec ses ennuis cardiaques, Mike a marché longtemps sur une corde raide. « On m’avait dit que si jamais je ressentais des pincements au cœur ou des vertiges, de tout suspendre, ce qui n’a jamais été le cas. »

 Il dit avoir appris son bagage de connaissances sur des essais et des erreurs. « Tu sais, je possède les mêmes qualifications que Jean-Yves Cloutier car nous avons suivi les mêmes cours ensemble. L’unique différence est que je n’ai jamais écrit un livre ! »

 

Pour Mike, la course à pied, c'est douze mois par année.

 

Conscient qu’il ne fait pas l’unanimité autour de lui car parfois une certaine jalousie s’installe, Mike refuse de guider la grosse élite comme il qualifie à sa façon, les athlètes de haut niveau, « Je préfère les gens loyaux, capables d’afficher de la reconnaissance.»

 Au fil des années, la course à pied s’est transformée en une sorte de méditation pour lui. Mike va y recueillir la gratitude auprès de l’univers, un besoin rendu essentiel actuellement.

 « Je possède de petits défauts mais de grandes qualités », clame-t-il d’une façon colorée, à son image, des traits qui en font tout un personnage, particulièrement dans son château-fort en Estrie. Impossible de rester de glace devant son discours qui arrive à vous charmer, ne serait-ce que par son grand amour envers la plus belle discipline sportive au monde.