Il y a des journées ou on aime rouler avec le vent, comme seul compagnon. Sur la Route Verte, j’ai, un jour, partagé un bout de chemin avec une famille de chevreuils; les 3 sont sortis du bois pour m’accompagner un bon quart d’heure. Ce n’est vraiment pas le même style que de se retrouver à pédaler à New-York sur le pont de Brooklyn à l’occasion de la randonnée populaire du ‘’Great Five Boro Bike Tour’’, l’ancêtre de notre Tour de l’Île.

 

       On avait beau être un bon groupe d’ici (sic), plus que cent québécois, logés à la même adresse, à New-York, l’immersion demeure énorme. Nous roulerons à partir de notre luxueux hôtel de 3 étoiles, gentiment situé sur le même coin de rue qu’un poste de police : les sirènes s’étant fait entendre tard dans la nuit le café, puis les croissants, réchaufferont un peu notre engin pour le départ.

        C’est quand même avec joie et l’énergie de tout aller voir, qu’on enfourche nos vélos pour longer la rivière Hudson, vers le lieu du départ, Battery Park. On passe par un quartier entier ou il n’y a, dans la rue, que les prostituées qui finissent leur quart de nuit, avec pas grand chose sur le dos et, qui nous sifflent après, nous les cyclistes, à cause de nos mollets à l’air.

       Les avenues sont larges et dégagées. Au départ on s’entasse, pour attendre le début, mais si peu; de toute façon, on regarde à la verticale, c’est tellement haut, ces édifices ! On roule bientôt sans vraiment y penser : il y a un monde à regarder, les différences sont notables, c’est l’Amérique, un véritable ‘’ Melting Pot ‘’. Juste à côté, il y a un type en uni-cycle, entièrement recouvert de cannettes de conserve.

       On traverse Central Park à la vitesse des Roller Blade, qui nous accompagnent avec leur musique; il y a même quelques joggeurs par rapport auxquels il faut forcer un peu le rythme, pour les distancer… On ne le redira jamais assez, c’est une vraie merveille que cet oasis de verdure, à 2 pas du Metropolitan Museum of Natural Sciences et de la 5ième avenue; une petite pensée pour John Lennon et son Stawberry Field for Ever… l’Ambiance est magique !

       On a tellement un accès inédit à Central Parc, qu’on voudrait y prendre plus de temps pour en profiter mais, cela roule en arrière aussi et nous pousse à continuer la visite sur 2 roues. Faire partie d’un groupe permet certaines exclusivités qui valent bien ces contorsions pour se conformer aux normes : j’invite les puristes à venir partager les émotions qu’on vit dans ces lieux chargés de valeurs communes.

       Même si le symbolisme des patriotes américains est sensible, les belles valeurs de l’Amérique de la Démocratie sont bien loin de nous circuler en tête quand on roule l’étage inférieur du Pont Verrazzano. C’est un lieu sombre, assourdissant, par rapport au bruit de la circulation à l’étage supérieur et, lorsque l’on redescend, la courbe est assez longue pour prendre des vitesses vertigineuses;  on perd un peu conscience qu’on ne conduit pas un véhicule dans le traffic.  Nos repères sonores sont absents et il faut garder à l’esprit qu’un cycliste par terre, cela vient vite dans la semi-obscurité surtout, quand tu ne l’entends pas tomber.

       On ne conduit pas des bolides et il juste de se rappeler de la résistance de nos fragiles charpentes car sur ces routes qu’on toute de ciment, avec un peu d’humidité, il y a facilement des éclopés.

     Mais aux arrêts, dans les parcs, il y a de belles photos à prendre de cette diversité. Même les new-yorkais n’ont pas souvent accès, ou de cette manière à ces lieux, comme point de vue.

       Pour ma part, j’ai aimé revoir l’Empire State, le toujours racé Chrysler Building, le Rockfeller’s Center et puis j’ai apprécié, la très longue pause à Straten Island, étendu au soleil comme quelques milliers d’autres.

      J’ai eu plus de plaisir à pédaler New-York que n’importe laquelle autre excursion guidée qu’il m’a été donné d’y faire. En rentrant à l’hôtel, à bord d’un des traversiers qui font la navette plusieurs fois par jour, on se sentait bien fier sur le pont, le visage au vent, en passant devant la Statue de la Liberté.

       C’est un peu déroutant de reprendre son vélo au débarcadère, pour un peu, on était devenu des touristes. Mais, il y a rien comme avoir un autobus et un yellow cab dans le cul pour reprendre sa place dans le traffic rétabli. On récupère notre hôtel sur le haut-voltage : pour certains, qui sont allés chercher des vélos de location et les porter à la fin de la journée, cela fait des journées longues. On apprécie davantage le confort qu’offriront nos autocars car la route du  retour se terminera dans la nuit, pour remonter une dernière fois nos vélos et essayer de dormir avant le lundi matin.

 

Merci de votre Lecture,

 

Votre guide, Luc Beaudry