L’espoir aura été de courte durée.

 J’ai dû avaler ma pilule avec l’annulation du marathon de Rimouski. Or, je conservais un certain positif car je détenais une carte cachée dans ma poche arrière.

 Je vous avais donné des nouvelles encourageantes il y a quelques semaines. Justement, j’ai pu rejoindre la personne qui se trouvait à l’origine de ce texte. J’ai parlé à un gars découragé, frustré.

 Tout d’abord, la ville qui avait accepté de présenter son événement a changé d’idée. Aucune nouvelle de la Fédération d’athlétisme du Québec qui doit donner son accord car probablement, elle n’a rien reçu de la Santé Publique. J’ai même tenté de rejoindre son président Marc Desjardins. Avec la Covid, ils sont tous confinés à la maison.

 Personne ne veut prendre des risques, les gens marchent sur un plancher glissant et personne ne veut se compromettre. La peur les guide.

 Donc, on commence à manquer de temps concernant la planification pour cet automne de sorte qu’il va falloir se rendre à l’évidence. Et là, on ne parle pas de logistique pour les participants avec les hôtels à mi-capacité et d'autres fermés, ils vont loger dans leur auto ?

 

Le bouton de panique est activé.

 

J’ai voulu connaître les propos de Nathalie Bisson, fondatrice du Pace du Bonheur, pour  le marathon de Rimouski. Il faut la connaître pour comprendre sa réaction. Même si je lui ai parlé tard en soirée, elle avait pris soin de mettre ses lunettes roses !

 « Je pense qu’il n’existe pas de mauvaises décisions, juste de mauvaises perceptions. Nous n’avons pas le choix, on doit tenter de grandir dans cette pandémie et ce n’est pas vrai qu’elle viendra tout chambouler sur son passage. »

 Elle l’admet, ça prend de la résilience en ce moment. « J’aurais normalement voulu un événement qui prône le contact humain et la célébration et nous ne pouvons y arriver actuellement. Mon rêve s’est littéralement effondré et je ne te cacherai pas que j’en ai pleuré un coup après que les autorités eurent pris la décision de tout annuler. »

 Pour elle, son marathon ne représentait pas une course mais plutôt un événement. « Ce n’est pas vrai que la Covid va me laisser un goût amer dans la bouche. Le seul aspect que nous pouvons contrôler est notre attitude. Il s’agit de se taper dans le dos, de faire un rot et de repartir. »

 

Voilà que la course à pied prend une autre dimension.

 

Ainsi, le 13 septembre prochain, la date prévue pour le marathon de Rimouski, elle utilisera le virtuel. Déjà, 217 personnes veulent la rejoindre dans sa folie car elle dit détenir un engagement envers elle-même. Et avec le temps, ça risque d’augmenter. « Les participants auront l’impression qu’il se passera quelque chose lors de cette journée. Je vais installer une grande arche chez-moi et il y aura explosion de confettis et cela même si chacun devra courir dans son patelin ! Va t’acheter un ruban chez Dollorama, même si c’est marqué « Danger » dessus et tu le franchiras lorsque tu termineras ton 42 km », s’est-elle exclamée, toujours aussi colorée.

 À ses yeux, il fallait honorer cette journée car les gens s’entraînaient déjà depuis plusieurs semaines et pour la plupart, on parlait d’un premier marathon. « En agissant ainsi, c’est ta manière de te tenir debout devant l’adversité et je pense que nous grandirons de cette façon », a conclu Nathalie Bisson.

 

Courir en solitaire.... pour combien de temps encore ?

 

Pour ajouter un petit surplus de frustration, je recevais un courriel cette semaine m’indiquant que les responsables du marathon de Prague, qui devait originalement être offert en mai dernier et remis au mois d’octobre, vient d’être annulé pour 2020, une première pour cette organisation vieille de 27 ans.

 J’ai alors baissé les bras.

 La Covid s’est installée solidement dans notre subconscient, le virtuel prend de plus en plus d’ampleur. Je me demande où tout cela va nous conduire ?