En raison de la pandémie, le baseball majeur va diminuer le nombre de rondes du prochain repêchage amateur à cinq. Les rumeurs circulaient qu'un repêchage de 10 rondes était considéré comme l’idéal, mais il semble que l’association des joueurs et le baseball n’ont pu s’entendre à ce sujet.  Le 10 et 11 juin prochain, ce sera donc le repêchage le plus court de toute l’histoire du baseball. Pourquoi agir ainsi? Pour économiser de l’argent! C’est vrai, les équipes vont sauver de l’argent, mais on utilise aussi la pandémie pour passer plus facilement ce qui s’était déjà amorcé depuis un certain temps, la diminution du nombre de joueurs par organisation. Vous avez sans doute entendu parler du plan pour réduire le nombre d’équipes affiliées (on parle de 42 équipes) puisque le baseball majeur aimerait compter pour un maximum de 120 équipes. Pas très compliqué, il y a 30 équipes dans le baseball majeur et chaque organisation aurait quatre équipes mineures affiliées.

Structure d’une équipe du baseball majeur actuellement :

·         Équipe des majeurs

·         Filiale AAA

·         Filiale AA

·         Filiale A « fort » (certaines organisations en ont deux)

·         Filiale A « moyen »

·         Filiale A « recrue » (Saison courte)

·         Filiale recrue (Match préparatoire seulement)

Au fil des dernières années, le repêchage du baseball majeur a beaucoup changé. Il y a déjà eu un repêchage à la fois en juin et en janvier et l’on pouvait repêcher autant de joueurs que l’on voulait. À titre d’exemple, Mike Piazza a été un choix de 62e ronde des Dodgers et aujourd’hui il a sa plaque à Cooperstown. On a diminué éventuellement le nombre de rondes pour statuer à 40 depuis 2012. La situation actuelle permet au baseball majeur de diminuer davantage. Les cinq rondes de 2020 seront évidemment une exception, mais pour les années suivantes, je suis convaincu que le baseball trouvera le moyen de tomber à 25 ou même 20 rondes. Maintenant, la question est de savoir pourquoi couper autant dans l’avenir des équipes. Nous le savons tous, un bon noyau de jeunes joueurs d’avenir est souvent la clé du succès pour une organisation, peu importe le sport.  L’aspect financier est certes la principale raison, mais ça va plus loin. Voici le portrait global de la situation à mon avis.

Les programmes universitaires ont énormément évolué depuis 25 ans. À l’époque, même si un joueur avait connu du succès à l’université et signait un contrat professionnel après sa troisième année universitaire, il devait passer au moins trois ans au travers le réseau de filiale de l’organisation avant de pouvoir espérer se joindre au grand club. Aujourd’hui, dans la même situation, il n’est plus rare de voir ce même joueur prendre à peine un an dans le réseau avant de toucher au baseball majeur. Les programmes universitaires préparent mieux les joueurs et la compétition se rapproche de plus en plus à du A « moyen » sinon même du A « fort » des réseaux de filiales. Quelque part, on se dit, pourquoi garder autant de joueurs dans les rangs mineurs (surtout le A « recrues ») alors que les collèges et universités font déjà un excellent travail en ce sens?

Par ailleurs, l’évolution rapide des ligues indépendantes professionnelles a fait réaliser bien des choses aux dirigeants du baseball majeur. Au départ, ils n’ont pas à payer les joueurs puisque ce sont aux propriétaires de ces équipes à absorber ces coûts et le calibre est excellent. Ça permet d’évaluer les joueurs correctement sur une saison ou plus et ensuite d’offrir à ce joueur un contrat dans une organisation du baseball majeur. Prenez les Capitales de Québec et les Aigles de Trois-Rivières qui font maintenant partie de la Frontier League. Une ligue de 14 équipes avec des joueurs, pour la plupart âgés de 21 à 28 ans. Le calibre sera encore meilleur que l’ancienne ligue Can-Am et plusieurs excellents joueurs vont s’y retrouver pour tenter de dénicher éventuellement un emploi dans le AA ou AAA d’une équipe du baseball majeur. De plus, ça permet aux dirigeants des équipes indépendantes de prendre des décisions pour leur marché et ainsi créer une personnalité bien à eux sans avoir une organisation du baseball majeur à leur dicter quoi faire et comment le faire.

Donc, ce qui paraît au départ comme de mauvaises nouvelles pour l’industrie du baseball peut finalement s’avérer bon. La qualité des différents programmes de développement au Canada et des États-Unis ne cesse de s’améliorer.  Le caractère des équipes affiliées aux organisations du baseball majeur représentera exactement leur philosophie et sauvera quelques dollars. Tandis que les ligues indépendantes compteront sur de meilleurs joueurs et donc un calibre qui permettra aux joueurs de se développer.

Autrement dit, si vous êtes un jeune joueur de baseball qui espère jouer dans le baseball majeur un jour et que vous voyez ces nouvelles qui parlent de diminuer le nombre d’équipes dans le baseball affilié ou encore de diminuer le nombre de rondes au repêchage, ne vous en faites pas.  La structure est en train de changer, et même si la route semble différente, les possibilités de s’y rendre seront encore bonnes. D’ailleurs, pour ces raisons, vous comprendrez que la présence des Capitales à Québec et des Aigles à Trois-Rivières est encore plus importante aujourd’hui afin de permettre à des joueurs d’ici de se faire voir et de prouver leur valeur.