La tendance n’est pas d’hier, mais les lanceurs en 2016 retirent plus que jamais les frappeurs sur des prises. Les équipes ont joué à peine 10 % de la saison donc les frappeurs ont le temps de s’ajuster et mettre a balle en jeu plus souvent. Le tableau ci-dessous vous indique cette tendance.

Moyenne du baseball majeur de retraits sur des prises par 9 manches lancées:

 

2007 : 6,67

2008 : 6,83

2009 : 6,98

2010 : 7,13

2011 : 7,13

 

 

2012 : 7,56

2013 : 7,57

2014 : 7,72

2015 : 7,76

2016 : 8,31

 

Plusieurs raisons expliquent cette tendance. La première vise plutôt les frappeurs. Depuis l’émergence de la philosophie « moneyball », c’est-à-dire de donner de l’importance à la moyenne de présence sur les buts, la majorité des frappeurs sont devenus beaucoup plus patients. Les frappeurs laissent passer beaucoup de lancer dans l’espoir que le lanceur en échappe une en plein centre de la zone des prises ou sinon obtenir le fameux but sur balle. Plusieurs analystes dont moi-même sommes de moins en moins convaincus de la philosophie « moneyball » en raison surtout de la moyenne au bâton des frappeurs sur différents comptes. Le tableau ici-bas vous indique le compte de la pire à la meilleure moyenne.

Compte de 0-2    MOY .166, OPS .438

Compte de 1-2     MOY .178, OPS .489

Compte de 2-2    MOY .193, OPS .584

Compte de 3-2    MOY .216, OPS .792

Compte de 0-1    MOY .221, OPS .592

Compte de 1-1     MOY .234, OPS .656

Compte de 2-1    MOY .252, OPS .781

Compte de 1-0    MOY .268, OPS .796

Compte de 3-1    MOY .274, OPS .1.029

Compte de 2-0    MOY .281, OPS .955

Compte de 3-0    MOY .282, OPS 1.209


Tirer de l’arrière très tôt dans le compte et surtout à deux prises n’est pas à l’avantage du frappeur. Même avec un compte de 1-1, la moyenne est .234.

Par contre, lorsque le premier lancer de la présence du frappeur (compte de 0-0) est mis en jeu, les frappeurs ont une moyenne de .336 et un OPS de .870 . Avec de tels résultats, combinés avec la puissance des lanceurs d’aujourd’hui, il y a lieu de se demander pourquoi ne pas être prêt à s’élancer dès le premier lancer. La logique derrière les chiffres du tableau indique que les lanceurs veulent prendre les devants en lançant une prise sur le premier tir. Pourquoi ne pas en profiter?

Comme mentionné, le nombre de lanceurs qui lancent au-delà de 95 m/h a augmenté de façon importante ce qui fait qu’aujourd’hui plus de 70 % des lanceurs d’une équipe sont considérés comme des lanceurs de puissance. La marge de manœuvre des frappeurs est ainsi largement diminuée. Il faudra donc que les frappeurs trouvent une nouvelle façon de donner la vie dure aux lanceurs et éviter le retrait sur des prises. Au moins, en mettant la balle en jeu, on force la défense à exécuter le jeu ce qui pourrait créer une erreur. A-t-on donc surévalué le but sur balles?

Le but ici est de trouver une solution afin de diminuer le nombre de retraits sur des prises et ainsi voir plus de balles mises en jeu. Il y a une équipe qui soutient cette philosophie et elle a atteint la série mondiale lors des deux dernières saisons en l’emportant l’année dernière. Les Royals sont la seule équipe à avoir soutiré moins de 1000 buts sur balles lors de deux dernières saisons et son attaque est celle qui voit le moins de tirs lors d’une saison. Est-ce simplement un hasard? Je n’y crois pas!