MONTRÉAL – Les amateurs de baseball qui sont âgés de plus de 30 ans se souviennent de Tim Burke, ce releveur droitier passablement fiable qui arborait le numéro 44 et qui s’était amouraché du hockey à Montréal. Mais la plus grande contribution de Burke n’aura pas été celle à l’histoire des Expos, mais bien l’adoption de cinq enfants.
 
Ce grand croyant né au Nebraska a d’ailleurs choisi de quitter prématurément le Baseball majeur pour mieux se dédier à élever ses enfants auprès de sa femme.

Tim Burke« Je crois que c’est Dieu qui a déposé cette cause dans notre cœur, celle d’adopter des enfants avec des besoins spéciaux. On a eu nos trois premiers quand je jouais à Montréal, ça veut donc dire énormément à mes yeux quand je reviens ici », a expliqué Burke au RDS.ca.
 
L’homme de 60 ans avait abordé ce sujet – et bien d’autres - lors d’une excellente entrevue du collègue Mitch Melnick sur les ondes de TSN Radio.  
 
Burke a choisi de quitter le terrain en 1992 après une carrière de huit saisons dont près de sept avec les Expos. À ses yeux, il n’aurait jamais connu ce passage gratifiant dans le Baseball majeur sans un homme, son ancien gérant Buck Rodgers qui a dirigé les Expos de 1985 à 1991.
 
Si Felipe Alou demeure l’un des personnages les plus adorés de l’histoire des Expos, il n’a pas été le seul gérant de l’organisation montréalaise à changer la vie de quelques joueurs. Burke l’a prouvé en n’hésitant pas à dire qu’il doit tout à Rodgers.
 
Burke avait été un choix de deuxième ronde des Pirates de Pittsburgh en 1980, mais il peinait à accéder aux Majeures. Un bel hasard aura voulu qu’il joue sous les ordres de Rodgers au niveau AAA en 1984. Lorsque Rodgers a fait le saut à la barre des Expos en 1985, il a accordé une véritable chance à Burke.
 
Il y a environ sept ans, il a eu l’occasion de remercier l’homme qui a changé sa vie.  
 
« J’avais soupé avec Tim Wallach, Mike Fitzgerald et Buck. Je tenais à le remercier et j'en ai eu les larmes aux yeux. Il a cru en moi alors que personne ne le faisait. Je l’ai profondément remercié pour son influence sur ma carrière. Tout ce que j’ai aujourd’hui, c’est grâce à lui, je lui dois tout », a humblement relaté Burke.
 
Rodgers a décidé de miser sur le droitier longiligne, mais il lui avait tout de même réservé une grande surprise en le transformant en releveur.   
 
« Je n’avais jamais été un releveur avant d’atteindre les Majeures. Ensuite, Buck m’a placé dans l’enclos et j’ai adoré ça ! Je n’ai plus voulu retourner comme partant parce que je savais que j’avais une chance d’être envoyé sur le monticule chaque jour que je venais au terrain », a-t-il expliqué.
 
C’est là où Burke peut s’accorder une grande part de mérite. Il a réussi cette transition de manière exemplaire. Rappelons qu’à cette époque, les releveurs étaient utilisés à outrance. D’ailleurs, Burke a obtenu 78 présences au monticule lors de sa saison recrue pour un total 120 manches et un tiers.
 
De plus, Burke est parvenu à s’établir comme une ressource fiable comme spécialiste des fins de match. Il a conclu sa carrière avec 102 sauvetages. Selon lui, tout se passait entre les deux oreilles en tant que releveur.  
 
« Je ne le savais pas, mais j’étais tout simplement bâti pour ce poste. Mentalement, c’était totalement différent, il faut être vraiment fort et n’avoir aucune crainte. Il faut aussi que ton bras puisse se remettre rapidement. En plus, j’étais toujours envoyé dans la dernière portion du match que ce soit comme pour mettre la table pour Jeff Reardon ou pour conclure la partie », a commenté Burke qui s’était lié d’amitié avec Ryan Walter du Canadien de Montréal.
 
Burke reconnaît cependant que la transition a été exigeante. Du même souffle, il s’empresse de souligner l’apport de deux coéquipiers.
 
« J’ai vu Steve Rodgers dimanche soir et je l’ai remercié parce qu’il a été un très bon mentor pour moi. Lui et Gary Lucas ont été très bons avec moi. Mais c’est tellement différent, j’ai dû apprendre à partir de zéro », a noté Burke qui a aussi encensé Reardon.

L'impression de remonter sur le monticule

De passage à Montréal dans le cadre des commémorations du 50e anniversaire de la création des Expos, Burke a été envahi par une sensation bien particulière en foulant le terrain du Stade olympique.
 
Tandis que Larry Walker racontait qu’il avait eu l’impression d’être une « rock star » avec les lumières et le son des haut-parleurs, Burke s’est plutôt concentré sur la vue quand il s’est arrêté derrière le deuxième coussin.
 
« J’avais l’impression de revoir la même chose que lorsque je lançais, la même perspective. Ça m’a rappelé tout le plaisir que j’ai eu ici », a déclaré Burke.
 
Celui qui habite désormais à Nashville ne s’est pas éloigné de la cause des Expos.  
 
« J’ai suivi le gros buzz qui se déroule présentement pour le retour des Expos. Je suis cette vague depuis quelques années et c’est d’ailleurs pourquoi j’étais bien excité de revenir en ville. Ce serait vraiment plaisant de voir comment ça se déroulerait. Je serais tellement content de revoir les Expos », a avoué Burke qui a profité de l’occasion pour s’entretenir avec Stephen Bronfman.  
 
« J’ai parlé avec Stephen, je lui ai dit que j’appréciais beaucoup ce qu’il faisait mais aussi ce que son père avait fait pour nous quand il était le propriétaire des Expos », a conclu Burke qui se soucie, sans aucun doute, des autres.