« Un piano s’est enlevé de ses épaules » – Douglas Toro
MLB jeudi, 9 sept. 2021. 07:29 vendredi, 11 oct. 2024. 21:07Le 31 juillet, Abraham Toro, joueur réserviste des Astros, est échangé aux Mariners. Curieux hasard, Toro n’a qu’à changer de vestiaire, puisque les deux équipes s’affrontent au moment de la transaction.
De l’autre côté, Kendall Graveman, prend le chemin des Astros. Il était le meilleur releveur des Mariners au moment de la transaction. C’est dans des circonstances délicates que le Québécois rencontre ses nouveaux coéquipiers. Plutôt que de se laisser étouffer par des circonstances défavorables, Toro explose. Il devient illico un joueur de 2e but et il est employé au 5e rang du rôle offensif. Surtout, il a l’occasion de jouer chaque jour.
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« Quand Abraham s’est fait échanger, c’est un piano qui s’est enlevé de sur ses épaules. Ce qu’il fait depuis qu’il est avec les Mariners, c’est digne d’un joueur étoile au 2e but. D’ailleurs, il a tout ce qu’il faut pour devenir un joueur étoile dans les Majeures. Quand il est arrivé à Seattle, il s’est senti désiré. On lui a dit qu’il allait jouer chaque jour. Non seulement il joue chaque jour, mais il frappe cinquième. C’est tout un changement en si peu de temps », analyse Douglas, son frère.
Douglas Toro, lui-même un joueur de haut calibre, a joué au Crowder College, dans l’état du Missouri. Il a aussi porté l’uniforme des Capitales de Québec. Admettons qu’il n’est peut-être pas le plus objectif pour analyser les performances de son propre frère.
Peut-être. Sauf que les statistiques n’ont pas d’opinion et à ce chapitre, il est difficile de contredire le grand frère. Depuis qu’il s’est joint aux Mariners, Abraham Toro affiche une moyenne au bâton de ,315 (,211 avec les Astros en 2021). Sa moyenne de présence sur les buts frôle les ,400 (,287 avec les Astros en 2021).
Il a produit 25 points en 40 matchs avec Seattle, ce qui lui donnerait un rythme de 101 points produits sur une saison de 162 matchs.
Une opportunité
Pour Douglas, il n’a jamais fait de doute que la seule chose qu’attendait son frère pour s’établir dans la meilleure ligue au monde, c’est d’avoir l’occasion de jouer chaque jour.
« C’était la seule chose qui manquait à son développement. Il a brûlé les ligues mineures. Il a joué dans les majeures à 22 ans. Il a été joueur de l’année en 2019 dans le réseau des ligues mineures des Astros. Il est retourné dans le AAA cette année et il était trop fort. J’avais l’impression qu’il allait jouer dans une ligue de balle molle ici », image-t-il.
Douglas a déjà critiqué la façon dont son frère a été développé par Houston. Il n’a pas changé d’idée depuis que Toro a passé dans le camp ennemi.
« Depuis qu’Abraham est professionnel, tout ce qu’il entend c’est : Alex Bregman, Carlos Correa, Jose Altuve et Yuli Gurriel. Il s’en foutait lui. Il ne se comparait pas à eux. Ce qui a été dommage c’est que peu importe ce qu’il faisait ou ce que les joueurs partants faisaient, il n’allait pas jouer. En séries l’an dernier, il y a des gars qui frappaient pour ,200, mais Abraham n’allait pas les remplacer. Je suis content qu’il n’ait pas été coincé dans cette situation durant plusieurs années. »
D’ailleurs le grand frère a remarqué que la voix du plus jeune frère sonnait différente depuis qu’il est un membre des Mariners.
« À la fin avec les Astros, tu sentais qu’il ne trouvait pas ça facile. Il a alterné entre les Majeures et le AAA. Il ne savait plus trop quoi faire pour jouer davantage. Abraham est fort entre les deux oreilles et c’est pour ça qu’il est à ce niveau. Il n’a pas écouté ceux qui lui rappelaient que Bregman joue au 3e but et c’est pour ça qu’il a saisi sa chance et qu’il a fait le saut au 2e but rapidement. »
Un nouveau rôle
Douglas Toro aura l’occasion à compter des prochaines semaines de mettre l’expertise qu’il a acquise au profit des meilleurs jeunes joueurs de baseball au Québec.
En compagnie de Marc-Antoine Bérubé, ancien lanceur professionnel et Jesen Therrien, ancien lanceur du baseball majeur avec les Phillies, Douglas Toro dirigera l’Académie de baseball Canada qui compte sous deux groupes, U16 et U18, les joueurs les plus prometteurs du Québec.
Grand frère Toro occupera le poste de directeur du développement des joueurs. Il devra notamment diriger le développement et la performance technique et tactique des athlètes et de coordonner les activés de l’équipe d’entraîneurs.
Un de ses plus imposants défis demeure le climat et le manque d’installations pour les joueurs de haut niveau. « Le premier rôle est de leur trouver le plus d’opportunités possibles pour qu’ils demeurent au même niveau que les Américains et les joueurs latins. »
Douglas aimerait d’ailleurs voir une collaboration plus étroite avec la Ligue de baseball junior élite du Québec.
« Je suis obligé de te dire que c’est une ligue qui n’a pas beaucoup évolué dans sa façon de faire avec le temps. J’aimerais qu’il y ait une meilleure communication entre l’ABC et le baseball junior élite. Il y a une grosse différence entre les meilleurs joueurs de la ligue et les joueurs les plus faibles. Ce qui fait que les meilleurs joueurs au Québec vont se faire suggérer d’évoluer dans un autre circuit durant l’été pour compléter leur développement. Tu connais Louis-Philippe Pelletier? C’est un excellent joueur, mais ce n’est pas normal qu’il termine une saison avec une moyenne au bâton de plus ,500 avec des bâtons en bois. Je suis convaincu qu’on pourrait faire en sorte qu’absolument tous les meilleurs joueurs de cet âge puissent évoluer au Québec durant l’été. »
Douglas se prête à une petite prédiction. Il croit que les prochains joueurs québécois à atteindre le baseball majeur seront natif de la région de Québec. Pourquoi? Les installations intérieures du Stade Canac lors de l’hiver feront la différence.
« Dans un monde idéal, on prendrait les meilleurs joueurs de la région de Québec et nous les amènerions à Québec chaque week-end pour qu’ils puissent être placés en situation de match. C’est de cette façon que tu peux t’améliorer et voir ton évolution. C’est bien beau attraper des roulants dans un gymnase durant tout l’hiver, mais il y a des limites à ce que tu peux faire », conclut-il.