SECTION SPÉCIALE

 

Il est dimanche soir 22 h quand je m’installe pour rédiger ces quelques lignes. En tant qu’amant du sport sous toutes ses formes, avec un fort penchant pour le basket, je suis encore sous le choc. Kobe Bryant et sa fille de 13 ans, Gianna, ont tous les deux péri dans un accident d’hélicoptère plus tôt aujourd’hui en Californie.

 

Cette journée est irréelle. Comme un mauvais rêve qui ne disparaitra malheureusement pas au réveil.

 

Rares sont les moments du genre, où on a le sentiment profond que la planète au complet se rallie autour d’une même nouvelle. Le nom Kobe aura probablement été le plus prononcé sur la terre aujourd’hui. Pour ceux qui croient que j’exagère, rappelez-vous de l’impact qu’il a eu en Amérique, en Europe, en Afrique et en Asie. Si vous avez déjà démontré un iota d’intérêt pour le sport ou le basket, vous connaissiez assurément le nom Kobe Bryant avant aujourd’hui.

 

Des décès tragiques de la sorte, d’un athlète aussi accompli, aussi polarisant, et aussi jeune, il n’y en a pas eu des tonnes. Et c’est tant mieux comme ça.

 

Alors par où commencer?

 

J’ai passé la journée à me demander pourquoi cette tragédie me hantait autant, et j’en suis venu à plusieurs conclusions. Premièrement, je suis né seulement 14 mois après lui et j’ai l’impression que Kobe a toujours fait partie de ma vie d’une façon quelconque. En toute honnêteté, il n’a jamais été mon joueur préféré. Je suis un disciple de Michael Jordan d’abord et avant tout. J’ai souvent eu l’impression que Kobe gardait trop le ballon pour lui-même et n’impliquait pas assez ses coéquipiers dans les moments importants. Mais à bien y penser, c’est un trait que lui et MJ avait généralement en commun. Quand le match était à l’enjeu, il n’était presque jamais question de laisser quelqu’un d’autre tirer.

 

Autre point commun entre les deux : ils auraient tous les deux vendu leur âme au diable si ça augmentait le moindrement leurs chances de remporter le match. Pour moi, Jordan et Bryant sont les deux compétiteurs les plus durs et durs de l’histoire de la NBA. La « mamba mentality » de Kobe n’était pas une création médiatique. C’était bien réel. Ça englobait, et englobera toujours, tout le nécessaire pour devenir un champion.

 

Bref, il avait beau ne pas être mon préféré sur le terrain, mon respect pour Kobe de façon globale était sans borne. Son cheminement avait été différent pour arriver au sommet. Il était éduqué et curieux. Son sourire était irrésistible et son charisme était contagieux. Il avait pris d’assaut le plus gros marché médiatique de l’Amérique dès l’âge de 17 ans et ne semblait aucunement craintif ni intimidé. Il était unique en son genre dès les premiers instants.

 

Parlons-en d’ailleurs de ses débuts dans nos vies. C’est un récit qui en vaut la peine. En juin 1996 eut lieu un des repêchages de la NBA les plus prolifiques de tous les temps. Des talents indéniables comme Allen Iverson, Marcus Camby, Stephon Marbury, Ray Allen et Antoine Walker allaient être choisis rapidement. Sans oublier un certain Canadien du nom de Steve Nash qui sera déniché au 15e rang. Mais avant lui, les Hornets de Charlotte allaient jeter leur dévolu sur un jeune homme de 17 ans seulement, issu des rangs secondaires de la Pennsylvanie. Peu de temps après, ils échangeaient Kobe Bryant aux Lakers en retour du centre Vlade Divac. Une erreur monumentale de leur part? Assurément. Mais ils n’avaient pas été le seul club à être passés tout droit.

 

Kobe était une grande énigme aux yeux de tous les dépisteurs de l’époque. Son père, Joe, avait joué dans la NBA de 1975 à 1983. Son unique fils était d’ailleurs né en 1978 à Philadelphie alors que papa portait l’uniforme des 76ers. Quand le jeune homme était âgé de 6 ans seulement, la famille déménagea en Italie pour suivre la carrière du paternel et c’est là que petit Kobe apprit les rudiments du sport. Il revenait aux États-Unis durant l’été, mais son retour permanent dans sa terre natale n’eut lieu que lorsqu’il était adolescent. La majorité des joueurs qui avaient décidé de sauter la NCAA et devenir professionnel à cet âge avaient échoué. Mais Kobe Bryant n’était pas comme la majorité des joueurs.

 

Son club d’enfance, c’était les Lakers. Et son arrivée à Hollywood en 1996 se compare facilement à une tornade. On le constata dès les premières semaines de sa saison recrue. L’équipe n’était pas mauvaise, mais se cherchait une nouvelle identité depuis la retraite de Magic Johnson en 1991. Ce dernier avait tenté un retour au jeu en 1995-1996, mais ce fut une expérience ratée et il était temps de tourner la page. Arrivèrent alors Kobe à la fin juin, puis Shaquille O’Neal comme joueur autonome quelques semaines plus tard. The rest, comme ils disent, is history. Ils ne travaillèrent pas toujours en harmonie totale, mais remportèrent trois titres en huit saisons ensemble. Pour aspirer au trône, il fallait désormais passer par Los Angeles.

 

Ce qui distinguera surtout Shaq et Kobe au final? Shaq aura joué 19 saisons dans la NBA, avec 4 titres à l’appui, mais l’aura fait avec 6 uniformes différents. Kobe? Vingt saisons, 5 titres, 1 seul chandail.

 

Si Shaq était décédé aujourd’hui, certains se seraient sans doute regroupés en deuil devant le Staples Center. Mais ça ne se serait jamais comparé à ce que l’on a constaté pour Kobe au cours des dernières heures.

 

Demandez aux fans des Lakers aujourd’hui qui est le plus grand joueur dans l’histoire de l’organisation et la réponse sera partagée entre deux hommes : Magic Johnson et Kobe. Le débat sera probablement éternel. Et le verdict final importe peu. Les deux auront été des superhéros chacun à leur façon. Leur influence sera à tout jamais indélébile.

 

Le plus beau témoignage qu’on peut faire à Kobe ce soir? Prendre un pas de recul et constater toutes les différentes sphères de gens qui sont atterrées par son décès. Son impact aura été planétaire, multigénérationnel et multisport. Des légendes lointaines comme Kareem Abdul-Jabbar lui ont rendu hommage. Barack Obama lui a lancé un message touchant. Des acteurs et personnalités de tous genres se sont manifestés. La mégavedette de soccer brésilien Neymar a marqué un but pour le PSG durant l'après-midi et n’a pas célébré. Il a plutôt choisi de former les chiffres 24 avec ses doigts, l’ancien numéro d’une de ses idoles. Tous ceux qui ont partagé le terrain avec lui l’ont vanté comme modèle d’une génération. Une panoplie de plus jeunes joueurs incrédules, comme Lebron, DeRozan, Lowry, Tyson Chandler, Devon Booker, Trae Young, ont été aperçus en larmes aujourd’hui. Et une génération en devenir, les 7 à 15 ans, qui ne l’ont probablement jamais vu jouer, le découvriront tous les jours avec une série de montages YouTube les plus hallucinants les uns que les autres.

 

Dans cette optique, prenez 10 minutes de vos vies pour regarder ceci et donnez-moi en des nouvelles :

 

Pour ma part, j’ai d’abord été envahi d’une bonne dose de testostérone à le voir défier les lois de la gravité. Ensuite, je me suis rappelé à quel point il était explosif, mais surtout exceptionnel dans les moments où la pression était à son plus fort. Et finalement, j’ai été submergé de tristesse à l’idée que l’artisan de tous ces moments magiques n’était plus des nôtres et n’aura fait que passer dans nos vies.

 

Les gens ne sont pas censés mourir si jeunes. Encore moins dans un accident d’hélicoptère. Encore moins accompagnés de leur enfant de 13 ans qui était apparemment doté d’un avenir infiniment prometteur.

 

Toutes nos sympathies et nos pensées vont aux proches de Kobe. À ses parents, à ses trois autres filles, à sa femme Vanessa. Je ne veux en rien m’imaginer ce que celle-ci doit ressentir ce soir.

 

Merci pour tout ce que tu nous auras laissé comme héritage sportif Kobe. Ce lègue vivra à tout jamais.

 

Ceux qui le désirent, n’hésitez pas à utiliser la boîte de commentaires ci-dessous pour partager votre souvenir préféré de Kobe, ou ce que vous retiendrez d’abord et avant tout de sa carrière.